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Orama d’où viens-tu ?



J’ai 4 ans en 1917, je m’appelle Pélagie. Je quitte mon Allemagne natale ce pays froid. Mes parents avant moi, avaient quitté leur Pologne où il faisait faim. Dans mon balluchon une bouilloire émaillée, quelques petites cuillères argentées noircies par les années. Je traverse à pied ce rude pays, puis la Belgique, mes petits pieds suivent mes parents qui espèrent une vie meilleure. 
 
J’ai 4 ans en 1927, je m’appelle Ayou. Mon père est déjà loin, depuis longtemps il a pris un bateau qui l’a emporté vers une île chaude et humide du Pacifique. Aujourd’hui c’est notre tour de quitter la Chine. Ma maman a peur, nous sommes poursuivis, mais un prêtre nous sauve et nous permet à notre tour de prendre ce gros bateau. Promesse d’une vie meilleure. 
 
J’ai 4 ans en 1929, je m’appelle Faatiarau. Je vois le jour à Taha’a, j’y suis heureuse. Mes parents travaillent la terre, je grandis le cœur léger et la joie aux bouts des doigts. Parfois, le balai niau se dresse devant mes bêtises, je travaille tôt pour aider mes parents. Le poisson est frais, les fruits sont savoureux, je vis modestement et moi aussi, un peu plus tard, je rêverai d’un ailleurs.
 
J’ai 4 ans en 1930, je m’appelle Yehuda. Je vis avec mes 2 frères et sœurs dans cette ville des ponts suspendus. Il y fait trop chaud et parfois trop froid, heureusement les bons plats de ma maman nous réchauffent, sa douceur nous rassure. Mon père tient une boutique, sa sévérité l’amènera à nous faire goûter cette règle carrée ! Au carré nous serons et très tôt nous travaillerons, puis un jour nous partirons. Ce jour, je serai loin de Constantine, et je construirai ma vie ailleurs. 
 
J’ai 4 ans en 1934, je m’appelle Janech. Je n’ai plus ma maman, elle est morte à ma naissance. Mon papa est minier, il a une nouvelle femme et j’ai déjà un frère et une soeur. À 10 ans je troquerai des cigarettes contre quelques oeufs que je laisserai malheureusement tomber, j’ai faim et le vent du nord de la France rougit mes joues. J’ai peur et je ferai tout pour avoir une vie meilleure. 
 
J’ai 4 ans en 1936, je m’appelle Layale. Nous partageons la salle d’eau et les toilettes avec nos voisins de palier. Paris est la ville des amoureux, pourtant un jour nos vies basculent. À mes 11 ans je suis effrayée, mon père m’emmène à vélo pour me cacher dans une ferme normande. Mon grand frère ne reviendra pas de la guerre. Je suis triste et je rêve d’une vie meilleure. 
 
Tu as 4 ans, Tahiti est ton fenua pour notre plus grand plaisir. Île belle et colorée qui sent bon le tiare. Tu ris, tu joues, tu cherches de tes grands yeux noirs ce que tu pourrais toucher et goûter. Hīmene et ‘Ori Tahiti te font virevolter et tu savoures cette liberté que nos aïeux ont tant espéré.
Cette vie meilleure, cette vie d’ailleurs, elle est pour toi jolie Orama. 

Autrice : Waw