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1/Te tītī māmā : quoi de plus naturel que l’allaitement naturel ?

À la naissance de son enfant, sa mère le met au sein, et tisse ainsi le lien sans fin qui les retient, eux qui ne faisaient qu’un. Avec son saint sein, elle calme la faim et les cris enfantins. Son lait de sein ne nécessite rien : il va et il vient dès que survient la faim. Il ne coûte rien et ne contient aucun perturbateur endocrinien.
Parfois, la mère doit s’absenter et sauter une tétée. Alors, le tire-lait est là pour prendre le relais. Le lait ainsi tiré permet de nourrir le bébé sans discontinuer ; le bon lait peut être congelé pour mieux se conserver, puis dégelé comme du lait bien frais. Il peut même être partagé dans une banque de lait pour aider les bébés prématurés à bien se développer.
En 2050, tous les bébés sont allaités, à volonté et avec fierté.
Quoi de plus logique ? C’est économique, c’est écologique, c’est physiologique, c’est tout simplement magique.

2/Te tītī nātura : quoi de plus maternel que l’allaitement naturel ?

La terre est notre mère, nous sommes ses enfants. Elle nous nourrit et nous protège. L’agriculteur est son canal pour nous donner le sein. Les fruits et légumes locaux sont son lait. L’agro-transformateur est son tire-lait.
La mer est notre mère, nous sommes ses enfants. Elle nous transporte et nous nourrit. Le pêcheur est son canal pour nous donner le sein. Les produits de la pêche sont son lait. Le préparateur est son tire-lait.
L’air est notre mère, nous sommes ses enfants. Il nous donne le souffle de la vie. Les arbres et les océans sont son sein. L’oxygène est son lait. Nos poumons sont son tire-lait.

3/Te ta΄ata ma΄au : quoi de plus aveugle que celui qui ne veut voir ?

La terre est notre mère, la mer est notre mère, l’air est notre mère… la Nature est notre mère et nous sommes ses enfants. Mais le monde moderne nous a rendus ignares et ingrats.
Ignares car il nous a convaincus que nos enfants sont des veaux qui doivent se nourrir du lait de la vache plutôt que du lait de leur mère ; il nous a détournés des méfaits des produits transformés sur notre santé ; il nous a convaincus que notre petite île pouvait se permettre d’adopter le mode de vie des grandes villes.
Ingrats car au lieu de chérir nos richesses naturelles, il nous a appris à les mépriser : il nous a convaincus que quand on est civilisé, on boit du lait maternisé ; quand on est civilisé, on mange du thon importé et du bœuf d’Uruguay ; quand on est civilisé, on vit enfermé dans un lieu air-conditionné.
La terre, la mère, l’air… la Nature est notre mère, mais nous la rejetons, la méprisons, la maltraitons, la polluons. Elle nous donne la vie mais nous lui donnons nos ordures.

4/Te mā΄a no ananahi : nourrir l’esprit pour nourrir l’avenir

En 2050, on n’a pas inventé de nouveaux aliments, on a juste retrouvé la raison, et on se comporte comme de bons enfants reconnaissants envers leur maman.
En 2050, on a inversé la tendance : 75 % de nos aliments sont produits localement et non industriellement sur les autres continents.
Adieu riz, pâtes, pommes de terre, blé : banane verte, ΄uru et produits vivriers ont pris le relais.
En 2050, la modernité, c’est la sobriété ; l’innovation, c’est le retour aux traditions.
En 2050, nous consommons nos aliments comme des médicaments pour que les médicaments ne deviennent pas nos aliments.
Tāmā΄a maita΄i !
 
Autrice : Vaimiti