Tahiti Infos

La Fraap s’apprête à retourner au front


" Lorsqu’on a organisé nos réunions d’informations, il y avait beaucoup de monde. Notre mouvement a été mieux compris par les agents et on a également eu de très nombreuses adhésions "
" Lorsqu’on a organisé nos réunions d’informations, il y avait beaucoup de monde. Notre mouvement a été mieux compris par les agents et on a également eu de très nombreuses adhésions "
Tahiti, le 23 juin 2025 - La reprise de la grève générale de la Fédération de rassemblement des agents de l’administration publique (Fraap) est prévue en début de semaine prochaine et ce pour une durée “illimitée”. Les principales revendications sont les mêmes qu’en décembre dernier, notamment la revalorisation des salaires des catégories D à hauteur de 20 points, comme promis par le gouvernement Brotherson. Des revendications qui, selon la Fraap, vont aider les agents à faire face à la vie chère et augmenter leur pouvoir d’achat.  
 
C’est un secret de polichinelle, la Fédération de rassemblement des agents de l’administration publique (Fraap) remet le couvert avec la reprise de la grève générale, dès le début de la semaine prochaine, selon nos informations.
 
Effectivement, le syndicat avait annoncé le 13 janvier dernier que la grève était suspendue “jusqu’à nouvel ordre”. Rappelons que le 11 décembre dernier, le secrétaire général de la Fraap, Jean-Paul Urima, signait, sourire aux lèvres, un protocole de fin de conflit, après cinq jours de grève. Et quelques semaines seulement après cette signature, un deuxième préavis avait été déposé début janvier. Le syndicat avait estimé que le Pays avait failli à ses promesses quant à la revalorisation du salaire des agents de la catégorie D, à hauteur de 20 points.
 
Rappelons également que les membres du conseil supérieur de la Fonction publique avaient, en janvier dernier, décidé que tous les agents de la catégorie D devaient bénéficier d’une augmentation allant de 5 300 francs pour les plus hauts salaires à 12 720 francs pour les plus bas salaires. Et enfin, en avril dernier, le point d’indice a été revalorisé passant ainsi de 1 060 à 1 080 francs. Des mesures jugées alors “insuffisantes” par la Fraap, d’où la suspension du mouvement.   

“Un mouvement d’ampleur”

Depuis janvier dernier, les responsables de la fédération des agents de l’administration du Pays tournent dans tous les services du Pays pour informer au mieux les agents concernant leur mouvement. “Et d’ailleurs, lorsqu’on a organisé nos réunions d’informations, il y avait beaucoup de monde. Notre mouvement a été mieux compris par les agents et on a également eu de très nombreuses adhésions”, confie un membre de la Fraap. Un autre assure qu’ils s’attendent cette fois-ci à “un mouvement d’ampleur”.
 
Toujours selon nos informations, les motifs de la reprise de la grève ont été expliqués aux agents du Pays. Ils restent d’ailleurs inchangés, à savoir notamment le “respect de la parole donnée” soit la revalorisation allant de 10 à 20 points pour toutes les catégories D.
 
La Fraap demande également la revalorisation du point d’indice allant de 1 300 francs “minimum” à 1 500 francs estimant que ce dernier a été gelé pendant plusieurs années. La fédération souhaite d’ailleurs que ce point d’indice puisse augmenter “automatiquement” lorsqu’une inflation est observée par l’Institut de la statistique. Ces demandes sont là pour notamment “augmenter le pouvoir d’achat des agents, pour qu’ils puissent faire face à l’inflation car leur niveau de vie s’est au fil des années dégradé”, assurent les représentants syndicaux.
 
La Fraap pointe encore du doigt les choix budgétaires du gouvernement et dénonce une fois de plus l’augmentation des dépenses rémunération des cabinets ministériels qui dépassent aujourd’hui le milliard de francs pour seulement une soixantaine de personnes. Ou encore les subventions octroyées à Air Tahiti Nui, au CHPF ou encore à Air Moana.

“On est prêts”

Interrogés, plusieurs agents du Pays assurent être “prêts (…). On est tous au courant de ce mouvement”. Selon nos informations, à l’approche du Heiva, la ministre du travail Vannina Crolas ainsi que le ministre de la Culture Ronny Teriipaia se sont rendus à Te Fare Tauhiti Nui – La Maison de la culture vendredi dernier pour rencontrer les agents afin de les “convaincre de ne pas participer à ce mouvement de grève. Mais ils ne vont pas lâcher”, affirment des responsables du syndicat.
 
Lors de cette rencontre, la ministre de la Fonction publique a abordé, avec les agents, l’augmentation des indemnités de sujétion supplémentaire (ISS) des agents. “Mais ce discours ne fonctionne plus aujourd’hui. Les agents n’ont plus confiance. Et de toute façon, on ne peut pas augmenter comme cela, il faut budgétiser tout cela”, affirme-t-on au niveau du syndicat.
 
D’autres, de leur côté, soulignent que si de nombreux agents participent à la grève, la direction de la Maison de la culture compte faire appel à des prestataires pour assurer notamment les soirées du Heiva. Sauf que le matériel utilisé est “spécifique et que seuls les agents savent le faire fonctionner”.
 
Un premier préavis de grève a d’ailleurs été déposé ce lundi à la Maison de la culture avec une quinzaine de revendications au niveau de “l’effectif et l’organisation du travail”, la “reconnaissance financière et compensation” avec notamment les indemnités de sujétion spéciale ou les primes de transport ou encore “l’évolution de carrière et reconnaissance professionnelle” comme la création de concours internes.
  
La ministre du Travail doit également, selon nos sources, se rendre du côté de l’aviation civile cette semaine. “On dirait qu’elle fait sa campagne”, s’amusent les dirigeants du syndicat.
 
Une conférence de presse organisée par la Fraap est attendue ce jeudi.

Rédigé par Vaite Urarii Pambrun le Mardi 24 Juin 2025 à 04:35 | Lu 4200 fois