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“C’est de la dictature”


Tahiti, le 6 janvier 2024 - Le préavis de grève de la Fraap a été déposé ce lundi matin et prendra effet le mardi 14 janvier si aucun protocole d’accord n’est signé d’ici là. Le syndicat a trois points de revendication dont “l’engagement ferme” pris par le président du Pays relatif à la revalorisation des catégories D allant de 10 à 20 points au lieu des “5 points proposés par le gouvernement”. Le syndicat est “prêt à lever la grève” si le Pays “règle la situation des plus faibles”.
 
Les responsables de la Fédération de rassemblement des agents des administrations de Polynésie (Fraap) ont invité les médias, ce lundi, pour leur exposer les trois points de revendication du préavis de grève déposé le jour-même. Il y a notamment “l’application de l’engagement ferme” du président du Pays lors des négociations du 11 décembre dernier et “confirmé par la voie de presse” le même jour, à savoir la revalorisation des catégorie D “à partir du 1er échelon de chaque grade de 20 points”. Il s’agit aussi d’établir “un calendrier” pour revaloriser les catégories C, B et A. Et revaloriser également le point d’indice salarial entre minimum 1 300 francs et maximum 1 500 francs lors des négociations prévues en mars ou avril prochains avec toutes les organisations syndicales.

“On n’est pas considéré, alors qu’on est élu”

Pour le secrétaire général délégué de la Fraap Gérard Barff, “cette façon de travailler, c’est le système du gouvernement Brotherson et de Vannina Crolas. Le dialogue devant, et par derrière, ils te balancent un truc et le mettent en place. C’est désolant, c’est pour cela qu’on arrive après à des conflits comme cela.” II regrette une situation où “on n’est pas considéré, alors qu’on est élu”.
 
Jean-Paul Urima, le président de la Fraap, rappelle que celle-ci est le premier syndicat de la fonction publique et à ce titre, “c’est normal que nous prenions les rênes”. Il souligne que les agents de catégorie D “représentent la partie la plus importante de la fonction publique, ils représentent près de 1 900 agents, presque le tiers de l’effectif de l’ensemble de la fonction publique. C’est un combat qui est légitime.”
 
Le syndicaliste rappelle qu’il n’a jamais été question de ces 5 points lors des négociations. “Ce qui m’insupporte avec ce gouvernement, c’est qu’on a des négociations, on signe des protocoles de fin de conflit et quand on passe à l’application, il n’y a plus personne et on fait tout et n’importe quoi.”

“Que notre oui reste un oui”

“Pour moi, c’est de la dictature”, dénonce Gérard Barff. “C’est ce qu’il veut nous imposer, 5 points et point barre, sinon faites votre grève ! C’est lui qui cherche le conflit, c’est simple ce qu’on demande. Premier point, la parole engagée”, a-t-il assuré.
 
Le secrétaire général délégué de la Fraap, Jimmy Tehetia, regrette quant à lui le comportement du gouvernement : “C’est malheureux car, chez nous, la parole, les mots sont importants. Lorsqu’on dit des choses, on les dit en tant qu’adulte et responsable. Ensuite, on doit les mettre en pratique. Mais le gouvernement a une vision française et avance que cela n’est pas écrit dans le protocole. Il a raison mais on a pris des décisions, même si cela n’est pas dans le protocole, sinon on ne l’aurait pas signé (…). La parole a du pouvoir et on souhaite que notre oui reste un oui.”
 
Jean-Paul Urima rappelle que gouvernement et syndicalistes ont passé “deux nuits entières à négocier jusqu’au petit matin. Se retrouver face à des incohérences, pour moi, soit c’est de l’incompétence, soit c’est purement du foutage de gueule.”

“Qu’il règle la situation des plus faibles”

Les responsables de la Fraap misent sur “la bonne volonté” du président Brotherson qui “sait ce qu’il a à faire (...). Qu’il règle la situation des plus faibles de la fonction publique. À partir du moment où il y a une solution viable et fiable pour cette catégorie, nous sommes prêts à lever la grève”, a déclaré le secrétaire général.  
 
Gérard Barff, représentant des pompiers d’aérodrome, rappelle au président du Pays et également ministre du Tourisme que “s’il ne fait rien, il y aura des annulations et c’est sûr que les pensions de famille et les hôtels vont être impactés (…). Ce n’est pas compliqué ce qu’on demande, c’est ce qui a été acté.”
 
La Fraap est claire : “Une grève ne s’évalue pas au nombre de grévistes”, notamment dans la fonction publique. Selon Jean-Paul Urima, “l’impact est plus en interne (…) car de nombreux dysfonctionnements vont apparaître”.
 
Le syndicat précise qu’à partir du 14 janvier, date de l’entrée en vigueur de la grève, seuls le service minimum et les évasans seront assurés si aucun protocole d’accord n’est signé d’ici là.

Rédigé par Vaite Urarii Pambrun le Lundi 6 Janvier 2025 à 19:11 | Lu 3000 fois