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“Il n’est pas question qu’on nous piège”


Tahiti, le 27 décembre 2024 – Finalement, la rencontre entre le Pays et la Fraap n’a pas eu lieu jeudi soir. Les syndicalistes se sont sentis “floués”, car les négociations devaient être “confidentielles” et la présidence a communiqué sur cette rencontre. Le syndicat a considéré cela comme “un piège”, d’autant plus qu’il a accepté la demande de la présidence d’exclure le secrétaire général délégué de la Fraap, Gérard Barff, des discussions. La Fraap demande au gouvernement de “rectifier et d’apporter la bonne version des choses car (…) on a eu des échanges et ils savent ce qui s’est passé”. La Fraap annonce une trêve des confiseurs pendant les fêtes mais si le Pays ne respecte pas la “parole donnée”, un préavis de grève sera déposé en janvier.
 
 
Vendredi matin, les responsables de la Fédération de rassemblement des agents de l'administration de Polynésie (Fraap) ont expliqué à leurs délégués qu’ils étaient présents, jeudi soir, dans le parking de la présidence pour rencontrer le Pays. Une rencontre qui faisait suite à la menace formulée lundi par la Fraap de repartir en grève, deux semaines seulement après la signature d’un protocole d’accord, estimant alors que le gouvernement ne “respectait pas ses engagements”.
 
Mais finalement, la rencontre, jeudi soir, n’aura pas eu lieu. En cause, la présence de journalistes alors même que cette rencontre devait rester “confidentielle (…) entre quatre personnes”. Se sentant “floués” et n’ayant aucune réponse de la ministre de la Fonction publique Vannina Crolas quant à la présence des médias, les représentants de la Fraap ont décidé de prévenir la ministre qu’ils quittaient les lieux. Gérard Barff, le secrétaire général délégué de la Fraap, assure que “leur porte est ouverte (…) mais il ne faut pas jouer aux voyous, on sait aussi jouer aux voyous”. “Bien sûr qu’on va y aller” ajoute ce dernier, même s’il est exclu des discussions : “Si cela doit faire avancer et éviter d’aller à la grève”. Mais ils préviennent qu’il n’y aura pas de “concession car on a déjà acté”. Ils restent sur “la parole donnée” du président du Pays Moetai Brotherson et de la ministre de la Fonction publique et de leurs déclarations aux médias.

“Il n’est pas question qu’on nous piège”

C’est en fin de matinée, jeudi, qu’un des secrétaires généraux délégués de la Fraap, Georges Ateo, reçoit un coup de fil de la ministre de la Fonction publique, Vannina Crolas, les invitant lui et le secrétaire général de la Fraap, Jean-Paul Urima, à une réunion avec le président du Pays, Moetai Brotherson.
 
Malgré l’exclusion, par le Pays, de Gérard Barff à la table des négociations, l’accord est pris de se rencontrer. Ils voulaient travailler “sereinement”, indique Georges Ateo, en précisant que la discussion devait tourner autour “des 20 points et pas autre chose”. Selon lui, la ministre a reconnu que “c’était une étude entre 10 et 20 points. Il y a eu une incompréhension ou un malentendu dans les échanges aussi bien, comme elle dit, de leur côté que chez nous (…). Je lui ai dit qu’on a très bien saisi les choses et que vous avez annoncé cela aux médias.”
 
Sauf qu’arrivé devant la présidence, Georges Ateo est surpris d’y voir les médias, puisque cette rencontre devait être “confidentielle”. “J’envoie un SMS à la ministre pour lui demander s’il y a un événement spécial au palais du gouvernement, mais elle ne me répond pas.” En attendant l’arrivée du secrétaire général, Georges Ateo découvre que la présidence a communiqué cette information à nos confrères de Polynésie La 1ère. “Ce n’était pas prévu comme cela (…) c’était juste quatre personnes qui devaient se voir donc c’est quelque chose de confidentiel (…). Je ne peux pas accepter cela”. Georges Ateo renchérit : “Il n’est pas question qu’on nous piège.”
 
Pour lui, la présidence “a scénarisé” cette rencontre, ce qu’il considère d’ailleurs comme étant “très négatif et contreproductif”. Il va même plus loin : selon lui, la présidence cherche “à faire croire que la Fraap est divisée, et qu’il n’y a que deux personnes qui négocient (…). On ne peut pas accepter cela.”
 
D’autant plus que vers 20 heures, la présidence, au travers de son service de communication, nous fait remarquer que la “Fraap n’est pas venue”, mais que le président “reste à leur disposition”.
   
Le secrétaire général délégué de la Fraap demande alors au gouvernement de “rectifier et d’apporter la bonne version des choses car (…) on a eu des échanges et ils savent ce qui s’est passé (…). J’aimerais bien que le gouvernement apporte la vraie version en toute transparence.”

“On a l’habitude de passer par la porte et pas par la fenêtre”

Après cette déconvenue, la présidence a proposé à la Fraap “de passer par des portes dérobées. Chose qu’on a refusée (…). On n’a pas appris à travailler comme cela. Il y a une porte, les autres, ce sont des fenêtres”, assure Georges Ateo.
 
“Finalement, on a décidé de rentrer, il n’est pas question qu’on poursuive, il n’est pas question de faire du mal à la Fraap et en même temps, je disais à la ministre : vous avez beaucoup de choses à revoir de votre côté et ce genre de fonctionnement ne passera jamais avec la Fraap”, ajoute Georges Ateo.
 
“Pourquoi renégocier quelque chose qui a déjà été négocié et une parole donnée d’un président et qui a été diffusée (…). Ce sont des comportements de voyous”, insiste Gérard Barff.
 
L’occasion également pour les membres de la Fraap de dénoncer la façon de travailler de leurs camardes de la CSTP-FO qui, selon Georges Ateo, “travaillent avec la DGRH, le ministère, ils étudient des dossiers ensemble et ensuite ils nous présentent ces dossiers en conseil supérieur. C’est ce que nous avons toujours dénoncé, c’est tout le monde qui devrait travailler ensemble. Ce n’est pas une centrale syndicale qui va d’abord faire sa cuisine avec la DGRH ou le ministère et ensuite venir nous imposer ce qu’ils ont vu ensemble. Ce n’est pas comme ça qu’on travaille.” Pour le secrétaire délégué de la Fraap, c’est tout simplement “un abus de pouvoir, c’est malsain comme situation”.

Rédigé par Vaite Urarii Pambrun le Vendredi 27 Décembre 2024 à 18:49 | Lu 4606 fois