Le ministre de la Santé, Cédric Mercadal, et la directrice du CHPF, Hni Teriipaia, sont revenus ce mercredi sur le rapport de la CTC consacré à l'hôpital.
Tahiti, le 23 juillet 2025 - Convoquée en urgence après la publication du rapport définitif de la Chambre territoriale des comptes sur le Centre hospitalier de la Polynésie française (CHPF), la conférence de presse du ministre de la Santé Cédric Mercadal et de la directrice du CHPF Hani Teriipaia, ce mercredi, a rapidement pris des airs de “on vous l’avait bien dit”. Un rapport qui valide nombre d’orientations déjà engagées, au point que le ministre revendique “le bon diagnostic”. Derrière l’autosatisfaction, les dossiers lourds sont pourtant bien réels. Interview croisée.
Le rapport définitif de la Chambre territoriale des comptes sur le CHPF conforte la stratégie du gouvernement. Quelles conclusions en tirez-vous ?
Cédric Mercadal : “Ça va complètement dans notre sens. Le bilan qu'on a fait en 2023, c'était le bon. Le rapport vient dire tout haut ce que l'on est déjà en train de mettre en œuvre. On avait 60 services dispersés qu’il fallait structurer par pôles, les unités gériatriques sont en prévision (…) On a enclenché une vraie transformation.”
Concrètement, quels changements ont été initiés dans l’hôpital ?
Hani Teriipaia : “Lundi, on a lancé les travaux de déménagement et de redimensionnement des services. Certains ont six lits, d’autres 16, ce n’est pas cohérent avec les besoins. Par exemple, la cardiologie, confrontée au diabète et aux maladies cardiovasculaires, doit être renforcée. À l’inverse, la gynéco-obstétrique, impactée par la baisse de natalité, peut être réduite. L’idée, c’est d’adapter les espaces, regrouper la chirurgie, rapprocher l’oncologie de l’hématologie et réaffecter les lits là où ils sont utiles. Ce travail de bon sens a débuté après plusieurs mois de préparation, pour libérer aussi des espaces pour la post-urgence ou la gériatrie. Les configurations d’il y a 20 ans ne répondent plus aux réalités d’aujourd’hui.”
Et l’unité gériatrique ?
H.T. : “Elle est en cours de création. On a d’abord priorisé l’unité d’hospitalisation post-urgence, car elle absorbe la pression immédiate (lire ci-dessous). La gériatrie viendra avec les soins palliatifs. Il y a encore beaucoup à faire.”
La CTC recommande également la création des pôles.
H.T. : “Le projet d’établissement à l’horizon 2030 prévoit la création de pôles pour médicaliser la gouvernance. Quatre sont déjà actés : le pôle médecine, pilote, qui regroupe toutes les spécialités médicales ; le pôle santé mentale ; le pôle urgences ; et le pôle anesthésie-réanimation. Chaque pôle est co-piloté avec un chef de pôle, un contrat, des objectifs de maîtrise des dépenses et de suivi de l’activité. Un cinquième pôle est en préparation : l’oncopôle (oncologie, imagerie, médecine nucléaire). Le nombre total de pôles n’est pas figé.”
Les blocs opératoires sont-ils désormais mieux organisés ?
H.T. : “Oui, la situation s’est nettement améliorée. On a fait appel à un cabinet spécialisé pour auditer et réorganiser les blocs. Ils nous accompagnent tout au long de l’année. Tous les blocs ne sont pas encore ouverts, car il manque encore quelques infirmiers de bloc opératoire, mais les recrutements sont en cours. On a revu toute notre stratégie de communication pour attirer des profils qualifiés.”
La CTC parle de fiabilisation des cycles de dépenses.
C.M. : “On a mis en place la comptabilité analytique. C’est un travail qu’on a mené depuis deux ans. Aujourd’hui, on sait où va l'argent. Avant, on avait deux ans de retard sur l’activité. Pour évaluer des budgets, on était complètement décorrélés de la réalité. Désormais, on peut l’évaluer quasiment en temps réel, ce qui permet d'ajuster le budget de manière pertinente. La deuxième étape sera le suivi des recettes.”
Et dans ce nouveau modèle, quel rôle jouera le conseil de surveillance par rapport à l’ancien conseil d’administration dominé par les ministres ?
C.M. : “Le conseil d’administration va être remplacé par un conseil de surveillance et la direction générale de l’hôpital sera désormais pleinement opérationnelle avec un directoire. On garde un rôle de tutelle, mais on change d’approche. On a prévu que ni le ministre de la Santé, ni celui des Finances, ni celui de la Protection sociale ne présideront ce nouveau conseil. Ce sera une personne indépendante, pleinement légitime. Ce changement est inscrit dans le projet de passage en Établissement public de santé (EPS), que nous ferons adopter dans les prochains mois. Il sera voté en session budgétaire, voire extraordinaire, à l’assemblée.”
Le rapport définitif de la Chambre territoriale des comptes sur le CHPF conforte la stratégie du gouvernement. Quelles conclusions en tirez-vous ?
Cédric Mercadal : “Ça va complètement dans notre sens. Le bilan qu'on a fait en 2023, c'était le bon. Le rapport vient dire tout haut ce que l'on est déjà en train de mettre en œuvre. On avait 60 services dispersés qu’il fallait structurer par pôles, les unités gériatriques sont en prévision (…) On a enclenché une vraie transformation.”
Concrètement, quels changements ont été initiés dans l’hôpital ?
Hani Teriipaia : “Lundi, on a lancé les travaux de déménagement et de redimensionnement des services. Certains ont six lits, d’autres 16, ce n’est pas cohérent avec les besoins. Par exemple, la cardiologie, confrontée au diabète et aux maladies cardiovasculaires, doit être renforcée. À l’inverse, la gynéco-obstétrique, impactée par la baisse de natalité, peut être réduite. L’idée, c’est d’adapter les espaces, regrouper la chirurgie, rapprocher l’oncologie de l’hématologie et réaffecter les lits là où ils sont utiles. Ce travail de bon sens a débuté après plusieurs mois de préparation, pour libérer aussi des espaces pour la post-urgence ou la gériatrie. Les configurations d’il y a 20 ans ne répondent plus aux réalités d’aujourd’hui.”
Et l’unité gériatrique ?
H.T. : “Elle est en cours de création. On a d’abord priorisé l’unité d’hospitalisation post-urgence, car elle absorbe la pression immédiate (lire ci-dessous). La gériatrie viendra avec les soins palliatifs. Il y a encore beaucoup à faire.”
La CTC recommande également la création des pôles.
H.T. : “Le projet d’établissement à l’horizon 2030 prévoit la création de pôles pour médicaliser la gouvernance. Quatre sont déjà actés : le pôle médecine, pilote, qui regroupe toutes les spécialités médicales ; le pôle santé mentale ; le pôle urgences ; et le pôle anesthésie-réanimation. Chaque pôle est co-piloté avec un chef de pôle, un contrat, des objectifs de maîtrise des dépenses et de suivi de l’activité. Un cinquième pôle est en préparation : l’oncopôle (oncologie, imagerie, médecine nucléaire). Le nombre total de pôles n’est pas figé.”
Les blocs opératoires sont-ils désormais mieux organisés ?
H.T. : “Oui, la situation s’est nettement améliorée. On a fait appel à un cabinet spécialisé pour auditer et réorganiser les blocs. Ils nous accompagnent tout au long de l’année. Tous les blocs ne sont pas encore ouverts, car il manque encore quelques infirmiers de bloc opératoire, mais les recrutements sont en cours. On a revu toute notre stratégie de communication pour attirer des profils qualifiés.”
La CTC parle de fiabilisation des cycles de dépenses.
C.M. : “On a mis en place la comptabilité analytique. C’est un travail qu’on a mené depuis deux ans. Aujourd’hui, on sait où va l'argent. Avant, on avait deux ans de retard sur l’activité. Pour évaluer des budgets, on était complètement décorrélés de la réalité. Désormais, on peut l’évaluer quasiment en temps réel, ce qui permet d'ajuster le budget de manière pertinente. La deuxième étape sera le suivi des recettes.”
Et dans ce nouveau modèle, quel rôle jouera le conseil de surveillance par rapport à l’ancien conseil d’administration dominé par les ministres ?
C.M. : “Le conseil d’administration va être remplacé par un conseil de surveillance et la direction générale de l’hôpital sera désormais pleinement opérationnelle avec un directoire. On garde un rôle de tutelle, mais on change d’approche. On a prévu que ni le ministre de la Santé, ni celui des Finances, ni celui de la Protection sociale ne présideront ce nouveau conseil. Ce sera une personne indépendante, pleinement légitime. Ce changement est inscrit dans le projet de passage en Établissement public de santé (EPS), que nous ferons adopter dans les prochains mois. Il sera voté en session budgétaire, voire extraordinaire, à l’assemblée.”
Le SAS post-urgence : fluidifier les admissions
Depuis deux mois, le CHPF a ouvert une unité de post-urgence, aussi appelée SAS médical. Sa fonction ? Absorber la surcharge des urgences en orientant les patients stabilisés vers un service de médecine générale, au lieu de les disperser dans des unités spécialisées inadaptées. “Aujourd’hui, dès que tous les boxes sont pleins aux urgences, les patients sont placés où il y a de la place, même si ce n’est pas lié à leur pathologie”, explique le ministre de la Santé. “Avec ce SAS, on a une unité intermédiaire entre l’UHCD (hospitalisation courte de 24 à 48 heures) et les services spécialisés.” Composée de 12 à 16 lits, cette unité permet un séjour moyen de deux à cinq jours. “Cela améliore la gestion des lits et la qualité des soins”, confirme la directrice. “On a mis en place une cellule de ‘Bed Managers’ pour mieux répartir les patients.” Résultat : moins d’embolie des services, meilleure adéquation patient/lit et un parcours plus fluide. Ce service est intégré au pôle médecine et s’inscrit pleinement dans les recommandations de la CTC.
Depuis deux mois, le CHPF a ouvert une unité de post-urgence, aussi appelée SAS médical. Sa fonction ? Absorber la surcharge des urgences en orientant les patients stabilisés vers un service de médecine générale, au lieu de les disperser dans des unités spécialisées inadaptées. “Aujourd’hui, dès que tous les boxes sont pleins aux urgences, les patients sont placés où il y a de la place, même si ce n’est pas lié à leur pathologie”, explique le ministre de la Santé. “Avec ce SAS, on a une unité intermédiaire entre l’UHCD (hospitalisation courte de 24 à 48 heures) et les services spécialisés.” Composée de 12 à 16 lits, cette unité permet un séjour moyen de deux à cinq jours. “Cela améliore la gestion des lits et la qualité des soins”, confirme la directrice. “On a mis en place une cellule de ‘Bed Managers’ pour mieux répartir les patients.” Résultat : moins d’embolie des services, meilleure adéquation patient/lit et un parcours plus fluide. Ce service est intégré au pôle médecine et s’inscrit pleinement dans les recommandations de la CTC.




































