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Adolescent électrocuté : EDT repasse à la barre


Tahiti, le 7 octobre 2021 - Relaxés en première instance, la société électricité de Tahiti (EDT) et six de ses employés ont été renvoyés, ce jeudi, devant la cour d'appel pour répondre de nouveau des faits d'homicide involontaire. En décembre 2017, à Punaauia, un adolescent de 14 ans était mort électrocuté après avoir touché un disjoncteur dégradé. L'avocate générale a requis de trois à huit mois de prison avec sursis à l'encontre des six employés et 40 millions de Fcfp d'amende contre EDT. Le délibéré sera rendu le 4 novembre. 

Après avoir été relaxés en première instance, la société Électricité de Tahiti (EDT) et six de ses employés, trois agents releveurs et trois cadres, étaient de retour, ce jeudi, au palais de justice de Papeete, mais cette fois-ci devant la cour d'appel. II leur était reproché d'avoir causé involontairement la mort d'un adolescent de 14 ans, survenue en décembre 2017 à Punaauia. La victime avait touché un disjoncteur dégradé et était morte électrocutée. Des négligences d'entretien étaient notamment reprochées à la société. Néanmoins, en première instance, les juges avaient estimé qu'il n'existait pas de lien de causalité entre le décès du jeune garçon et d'éventuels manquements du fournisseur d'électricité et la relaxe a donc été prononcée. Et dès le lendemain du délibéré, le parquet avait fait appel de cette décision. 

Processus efficace contre "l'accumulation de négligences"

Pour le procès en appel, cinq des six employés étaient présents à l'audience, de même que le directeur juridique d'EDT. Les débats ont notamment porté sur l'état de dégradation du coffret électrique et comment cet état a pu échapper à la vigilance des agents releveurs. En effet, selon les témoignages des riverains et des agents communaux, ce coffret électrique était connu de tous pour être dans un état "catastrophique". Le propriétaire du compteur a de son côté indiqué lors de l'enquête que la porte du coffret était manquante depuis plusieurs mois, mais que l'intérieur, avec le compteur et le disjoncteur, était en parfait état. 

Des agents releveurs s'était également rendus, un mois avant l'incident, sur ce même coffret et n'avait signalé aucune anomalie. "Aucun releveur n'aurait pu laisser un coffret électrique dans un tel état de dégradation. Dès qu'il y a des anormalités, elles sont immédiatement signalées et réparées", a expliqué l'un des employés. 

L'avocate générale a pour sa part pointé du doigt "les manquements de la société dans ses processus" et un certain laxisme chez les releveurs et d'insister : "Si ce coffret avait été aux normes, il n'y aurait pas eu de mort. Il y a là une accumulation de négligences et des manquements dans les processus." La représentante du ministère public a ainsi requis des peines allant de trois à huit mois de prison avec sursis à l'encontre des employés. Et une amende de 40 millions de Fcfp a également été requise contre EDT. 

L'avocat de la société, Me Robin Quinquis, a pour sa part plaidé une nouvelle fois pour la relaxe de ses clients car "aucune faute n'est imputable à EDT". Pour le conseil, le coffret et le compteur ont été détériorés après le passage des agents releveurs en novembre 2017. "Chaque compteur est contrôlé quatre fois par an par les agents releveurs. Et en 2017, il y a eu 835 anomalies signalées par les releveurs. Donc ces relevés d'anomalies se font. EDT va au-delà de ce qu'elle devrait faire. Et je ne vois pas comment on pourrait assurer un meilleur contrôle", a expliqué l'avocat. La cour d'appel rendra sa décision le 4 novembre. 

Rédigé par Désiré Teivao le Jeudi 7 Octobre 2021 à 18:49 | Lu 3330 fois