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Pont d'or du Pays pour la petite hôtellerie


Nicole Bouteau, ministre du Tourisme, et Teva Rohfritsch, vice-président du Pays, ont présenté lundi diverses mesures fiscales adoptées la semaine passée par l'Assemblée de la Polynésie française, et qui sont destinées notamment à soutenir la première richesse du territoire.
Nicole Bouteau, ministre du Tourisme, et Teva Rohfritsch, vice-président du Pays, ont présenté lundi diverses mesures fiscales adoptées la semaine passée par l'Assemblée de la Polynésie française, et qui sont destinées notamment à soutenir la première richesse du territoire.
Tahiti, le 2 décembre 2019 - Pour stimuler l'activité touristique et développer l'offre d'hébergement hors de Tahiti, Moorea et Bora Bora,  le gouvernement a décidé de porter le taux de défiscalisation à 60% pour les projets de construction d'hôtels. Et les seuils d'accessibilité ont également été diminués afin de permettre aux projets de plus petite envergure de voir le jour.  

"Nous avons besoin de développer l'offre en matière d'hébergement touristique et de sortir du triptyque Tahiti-Moorea-Bora Bora", a insisté lundi la ministre du Tourisme, Nicole Bouteau. Cette dernière a présenté aux côtés de Teva Rohfritsch, vice-président du Pays, diverses mesures fiscales adoptées la semaine passée par l'assemblée. 

Voir le détail de la loi du Pays du 2 décembre 2019 portant diverses mesures fiscales et douanières.

DEVELOPPER LA GAMME DES 2 ET 3 ETOILES

Pour stimuler l'activité touristique dans les îles autres que Tahiti, Moorea et Bora Bora et pour inciter les investisseurs, le taux de défiscalisation est désormais porté à 60 % pour les projets de construction d'hôtel, contre 40 % par le passé. Dans un cas pratique, si un porteur de projet décide d'investir dans d'autres îles que Tahiti, Moorea et Bora Bora, il bénéficiera ainsi d'un taux de crédit d'impôt de 60 % et d'un financement de son projet à 45%. 

Au-delà des grands projets hôteliers de luxe et des pensions de famille qui ont bénéficié de ces mesures au cours des dernières années, l'objectif du Pays est désormais de développer une offre intermédiaire, d'hôtels de 2 à 3 étoiles. "Le profil de nos voyageurs a évolué", explique Nicole Bouteau (voir l'interview ci-dessous). 

Pour permettre à ces projets de plus petite envergure de voir le jour, les seuils d'accessibilité à la défiscalisation ont également été diminués. Dans le secteur de la construction d’hôtels, les seuils précédemment en vigueur de 500 millions Fcfp sur Tahiti et 250 millions sur les autres îles sont désormais portés à respectivement 250 et 100 millions Fcfp.

Dans les secteurs de l’agrandissement et de la rénovation d’hôtels, les seuils précédemment en vigueur de 200 millions Fcpf sur Tahiti et 100 millions Fcfp sur les autres îles sont désormais portés à respectivement 100 et 50 millions de francs.

"Ces hôtels ont été pendant des années des laissés-pour-compte. On communiquait beaucoup sur les grands hôtels et la petite hôtellerie familiale et on a oublié cette hôtellerie intermédiaire comme l'hôtel Hibiscus à Moorea, le Royal Tahitien à Pirae ou le Mahana à Huahine", atteste Mélinda Bodin, présidente de l'association du tourisme authentique de Polynésie française. "Il y a surtout un manque de qualité dans cette gamme-là en Polynésie française par rapport au reste du monde", réplique Thierry Brovelli, co-président du Conseil des Professionnels de l’hôtellerie (CPH). 

Les porteurs de projets peuvent d'ores et déjà constituer leurs dossiers pour prétendre à ces diverses mesures fiscales. 

INTERVIEW

Nicole Bouteau, ministre du Tourisme
"Sortir du triptyque Tahiti-Moorea-Bora Bora"


Quels sont les objectifs de ces nouveaux dispositifs fiscaux ? 
Depuis quelques années notre tourisme a retrouvé la voie de la croissance, notamment depuis 2018 avec le renforcement de la desserte aérienne. La fréquentation est là et nous avons besoin de développer l'offre en matière d'hébergement touristique et de sortir du triptyque Tahiti-Moorea-Bora Bora. L'idée est de faire en sorte que la croissance profite à tous les archipels. (...) Et l'objectif est de développer également la gamme des catégories d'hôtellerie de 2 à 3 étoiles, où il y a une réelle demande. Pour les pensions de famille, depuis 2019 la défiscalisation est ouverte à ce secteur, et nous avons réajusté les seuils pour permettre aux porteurs de projets qui ont des montants d'investissement de l'ordre de 50 millions de bénéficier du dispositif de défiscalisation. 

Pourquoi développer la gamme des 2 et 3 étoiles ? 
Nous n'avons pas aujourd'hui assez d'hôtels dans cette gamme-là. Le profil de nos voyageurs a évolué. Nous avons aujourd'hui plus de familles, et une clientèle plus jeune qui va faire du mix d'hébergement. Par exemple sur Tahiti elle va faire du meublé, à Huahine de la pension de famille, à Bora Bora un bungalow sur l'eau et elle recherchera aussi sur une autre île un hôtel 2/3 étoiles. Par l'intermédiaire de ces incitations fiscales on vient réajuster notre offre touristique pour s'adapter à ce nouveau profil de touristes. 

Thierry Brovelli, co-président du Conseil des Professionnels de l’hôtellerie
"Cela risque de créer un écart entre les hôtels neufs et le parc existant"


Quelle analyse faites-vous des nouveaux dispositifs du Pays pour développer l'offre d'hébergement touristique ? 
Ce sont surtout des dispositifs qui vont profiter aux petits porteurs de projet qui voudront lancer leur activité. Par contre pour les hôteliers déjà en place ces nouveaux dispositifs risquent de créer un écart entre les hôtels tout neufs en défisc et le parc existant qui va avoir dû mal à se renouveler. Par exemple pour la rénovation. Pour bénéficier d'une défiscalisation il faut augmenter de 10% la capacité d'accueil. Mais il y a beaucoup d'hôtels aujourd'hui qui n'ont pas les moyens ou les terrains nécessaires pour le faire, ou bien qui n'ont pas la capacité de vendre les chambres en plus.

Est-ce-que vous constatez également qu'il y a un manque d'offres dans la gamme intermédiaire des 2/3 étoiles ? 
Il y a surtout un manque de qualité dans cette gamme-là en Polynésie française par rapport au reste du monde. 

Mélinda Bodin, présidente de l'association du tourisme authentique de Polynésie française
"On a oublié cette hôtellerie intermédiaire"


Est-ce-que ces nouvelles dispositions fiscales répondent aux attentes de la petite hôtellerie familiale ? 
Le gouvernement a répondu à nos attentes. Le seuil pour prétendre à la défiscalisation a été abaissé à 50 millions Fcpf et c'est ce que nous avions demandé. On a été entendu et c'est positif. 

Le gouvernement souhaite encourager les investissements pour la gamme des 2 à 3 étoiles. C'était bien dans ce secteur qu'il fallait insister selon vous ? 
Ces hôtels ont été pendant des années des laissés-pour-compte. On communiquait beaucoup sur les grands hôtels et la petite hôtellerie familiale et on a oublié cette hôtellerie intermédiaire comme l'hôtel Hibiscus à Moorea, le Royal Tahitien à Pirae ou le Mahana à Huahine. Je suis satisfaite également qu'ils puissent bénéficier de toutes ces mesures parce qu'ils pourront rénover leurs établissements. 

Rédigé par Désiré Teivao le Lundi 2 Décembre 2019 à 18:00 | Lu 4012 fois