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Un cas de tuberculose au lycée Gauguin


Le lycée Paul Gauguin est confronté à la tuberculose, mais les autorités appellent au calme.
Le lycée Paul Gauguin est confronté à la tuberculose, mais les autorités appellent au calme.
PAPEETE, le 24 septembre 2018 - Au moins un cas de tuberculose a été diagnostiqué chez un patient au lycée Gauguin. Les élèves et adultes qui l'ont côtoyé devront être dépistés. Une réunion entre la direction de la santé et les parents d'élèves a eu lieu ce soir pour discuter de l'enquête de dépistage qui va être mise en place.

Les parents d'élève et le personnel du lycée Gauguin sont très inquiets depuis ce lundi matin. Un certain nombre de parents a reçu un message les informant d'une réunion ce lundi soir suite à un cas de tuberculose... La rumeur a vite commencé à se répandre et les parents inquiets se sont succédé au standard de l'établissement scolaire toute la journée. Pour répondre à leurs questions et les rassurer, une réunion était organisée lundi soir au sein du lycée.

Nous nous sommes rendus à cette réunion, où le bureau de veille sanitaire et la direction de l'Enseignement ont confirmé qu'une "personne" parmi les élèves ou les professeurs (son l'identité est préservée au nom du secret médical) a été diagnostiquée avec la tuberculose le 14 septembre. Toutes les personnes qui ont été à son contact vont devoir être dépistées... La direction du lycée parle de 200 élèves et adultes qui vont devoir passer des tests médicaux en octobre et en janvier, en plus de faire une radio des poumons. Si aucun nouveau cas n'est détecté, le lycée sera déclaré libre de la tuberculose en janvier. Si des cas secondaires apparaissent, de nouvelles enquêtes de dépistage seront lancées.

Les médecins présents ont eu l'occasion de répondre aux nombreuses questions des parents inquiets. Déjà la bonne nouvelle est que la maladie, bien que sérieuse, est curable avec un traitement antibiotique de trois ou six mois selon la gravité. Nous avons aussi appris que la tuberculose est une maladie très contagieuse, même si seulement 10% des personnes contaminées finiront par exprimer des symptômes et devenir contagieux eux-même. Le seul mode de transmission est la toux des malades. Le microbe ne se transmet ni dans l'eau, ni dans la nourriture, ni par les animaux. Le vaccin BCG ne sert qu'à protéger les nourrissons des cas les plus graves de tuberculose, et ne protège donc pas de cette forme de la maladie.

Enfin, le cas du lycée Gauguin est vraissemblablement un cas autochtone, donc l'enquête cherche aussi à déterminer comment ce patient a lui-même été contaminé... Si ça se trouve, un autre élève ou personnel du lycée était déjà malade, ce qui relancerait encore une série de dépistages.

Les spécialistes présents ont surtout rassuré les parents : à ce stade, il n'y a aucune raison de penser que la maladie s'est propagée. Mais quoi qu'il arrive, l'enquête continuera jusqu'à ce que toutes les personnes exposées aient été dépistées et que tous les malades soient soignés.

En attendant, le bureau de veille sanitaire a rappelé que la tuberculose continue de contaminer 50 à 60 personnes chaque année en Polynésie. Il faut donc connaitre les symptômes de la tuberculose, qui doivent vous alerter et vous inciter à immédiatement consulter un médecin :
- Fièvre légère qui dure plus d'une semaine
- Toux avec ou sans crachats de sang, qui ne disparaît pas
- Sueurs la nuit
- Perte de poids, fatigue générale qui dure

Le bureau de veille sanitaire nous a expliqué que ce genre d'enquête étant automatique, il y en a une cinquantaine chaque année en Polynésie. Il s'agit généralement de la famille et des collègues des patients. Mais il y en a aussi régulièrement en milieu scolaire. La machine est donc bien huilée, et ce cas n'est différent qu'à cause du nombre important de dépistages à gérer.

A noter enfin que le premier patient est hospitalisé, mais va bien. Après trois semaines sous traitement antibiotique, il sera "stérilisé" et ne sera plus du tout contagieux.

LA TUBERCULOSE : UNE MALADIE GRAVE, MAIS QUI SE SOIGNE

(photo d'archive) Pour le dépistage de la tuberculose, une infirmière injecte au patient un produit appelé "tuberculine". Les résultats sont visibles en trois jours.
(photo d'archive) Pour le dépistage de la tuberculose, une infirmière injecte au patient un produit appelé "tuberculine". Les résultats sont visibles en trois jours.
En 2017, lors d'un grand dépistage de la tuberculose à Mahina, nous avions rencontré Marine Giard, responsable du bureau de veille sanitaire à la direction de la santé. Elle nous expliquait alors que la tuberculose est "une maladie qui est liée à une bactérie et qui peut prendre plusieurs formes. Mais le plus souvent, elle est pulmonaire, et quand elle est pulmonaire, elle peut être contagieuse. Elle se transmet par les sécrétions respiratoires. Quand on tousse, on projette la bactérie dans l'air, et on peut contaminer les personnes qui sont dans la même pièce ou qui sont à une courte distance. Le risque de contamination est augmenté quand on est proche, quand on reste longtemps de façon rapprochée, quand les rencontres sont répétées et quand on se retrouve dans une pièce qui est fermée et peu ventilée."

Un lycée est donc un environnement très favorable à la propagation de cette maladie, ce qui explique l'inquiétude des parents d'élèves. Les symptômes à guetter sont, selon Marine Giard : "pour la tuberculose pulmonaire, la plus fréquente, les symptômes sont une fatigue générale, un amaigrissement, une toux qui traine, une fièvre pas trop élevée qui traine aussi et puis des sueurs la nuit."

Le dépistage auquel devront se soumettre les élèves devrait être le même que l'année dernière : "Ça se passe en trois étapes. On va injecter à la surface de la peau en intradermique. En fait, on va interroger le corps pour voir s'il a déjà rencontré la bactérie. Et au bout de trois jours, si le corps a déjà rencontré la bactérie, il va réagir et il va faire une grosse induration. Et s'il n'a jamais rencontré la bactérie, ça va être tout petit ou on ne va rien voir" expliquait la responsable. Dans le cas présent, une deuxième injection intradermique aura lieu trois mois plus tard pour confirmer le premier diagnostique, et une radio des poumons sera aussi réalisée.

Pour rappel, la tuberculose est toujours endémique en Polynésie, avec 50 à 60 nouveaux cas par an. Elle se transmet par la toux et peut être mortelle sans traitement. Heureusement, elle peut être soignée avec des antibiotiques, mais le traitement est très long, il dure en général six mois. Si les médicaments ne sont pas pris jusqu'au bout, la bactérie peut survivre et devenir résistante aux antibiotiques. Malheureusement, un communiqué publié par la Direction de la santé en début d'année nous apprenait que "depuis 2015, des cas de tuberculose multirésistante aux antibiotiques apparaissent au fenua". Heureusement, ce n'est pas le cas pour le patient du lycée Gauguin.

Rédigé par Jacques Franc de Ferrière le Lundi 24 Septembre 2018 à 18:30 | Lu 6875 fois