Quand elle n’est pas au large, Tetuaura Ti-Paon amarre son bateau à Faratea (Crédit : Anne-Charlotte Lehartel).
Tahiti, le 29 juillet 2025 – Elle a fait de la pêche au gros son métier dès l’âge de 16 ans. Issue d’une grande famille de pêcheurs de Tautira, Tetuaura Ti-Paon excelle dans ce domaine avec autant de courage et de passion que d’humilité. À 36 ans, son parcours a été salué par le ministre des Outre-mer, qui lui a remis la médaille d’honneur de l’engagement ultramarin. Rencontre avec une pionnière.
Son poti mārara rose et jaune détonne à la marina de Faratea. Ce troisième bateau, Tetuaura Ti-Paon lui a donné son nom, comme une extension d’elle-même. Il faut dire qu’elle y passe beaucoup de temps en solitaire, quelques jours d’affilée, parfois une semaine entière, du lever au coucher du soleil. “Généralement, je commence vers 4 ou 5 heures et je reviens entre 17 et 18 heures, au plus tard. Ma zone de pêche, c’est entre Hitia’a-Tiarei et Tautira-Teahupo’o”, explique-t-elle.
Sa spécialité ? La pêche à la bouée (pōito), plus rarement à la traine ou au harpon, en sachant qu’elle adapte sa technique selon les saisons et les espèces ciblées. “Si je sors et que je reviens sans rien pendant deux ou trois jours, je change de pêche et je me tourne vers les ‘ōrare ou les ature, par exemple.” Objectif : éviter “de rentrer bredouille”. Avec 20 thons blancs capturés entre dimanche et lundi, cette semaine a bien commencé. Si elle s’occupe de la découpe et des livraisons, elle peut aussi compter sur sa grande sœur, qui tient un point de vente à la station Mobil de Taravao. “Avant, c’était ma maman”, confie la jeune femme de 36 ans.
Son poti mārara rose et jaune détonne à la marina de Faratea. Ce troisième bateau, Tetuaura Ti-Paon lui a donné son nom, comme une extension d’elle-même. Il faut dire qu’elle y passe beaucoup de temps en solitaire, quelques jours d’affilée, parfois une semaine entière, du lever au coucher du soleil. “Généralement, je commence vers 4 ou 5 heures et je reviens entre 17 et 18 heures, au plus tard. Ma zone de pêche, c’est entre Hitia’a-Tiarei et Tautira-Teahupo’o”, explique-t-elle.
Sa spécialité ? La pêche à la bouée (pōito), plus rarement à la traine ou au harpon, en sachant qu’elle adapte sa technique selon les saisons et les espèces ciblées. “Si je sors et que je reviens sans rien pendant deux ou trois jours, je change de pêche et je me tourne vers les ‘ōrare ou les ature, par exemple.” Objectif : éviter “de rentrer bredouille”. Avec 20 thons blancs capturés entre dimanche et lundi, cette semaine a bien commencé. Si elle s’occupe de la découpe et des livraisons, elle peut aussi compter sur sa grande sœur, qui tient un point de vente à la station Mobil de Taravao. “Avant, c’était ma maman”, confie la jeune femme de 36 ans.
“On a grandi dans la pêche”
Tetuaura Ti-Paon réside à Afaahiti, mais elle a grandi à Tautira, où la pratique de la pêche est très ancrée. “Avec mes deux frères et mes trois sœurs, on a grandi dans la pêche. J’ai appris avec mon papa, Félix Ti-Paon, que j’ai accompagné à partir de 14 ans. Il m’a fabriqué mon premier bateau en bois. À l’époque, je faisais déjà de la pêche lagonaire et de la pêche au gros. J’ai vraiment commencé à exercer ce métier à l’âge de 16 ans”, se souvient-elle.
Son plus beau souvenir de pêche, elle le partage justement avec son père : “Tous les deux, on a attrapé un énorme espadon de 670 kg. Il avait mordu à 6 heures du matin. La bouée avait sondé pendant deux heures autour du DCP de Pueu. Il nous avait fallu quatre heures de combat pour le remonter. On l’avait ramené à la marina de Tautira : il y avait du monde qui était venu le voir !”
La pêche, ce sont aussi des souvenirs plus douloureux, comme la perte d’un de ses frères. Elle a elle-même expérimenté les risques du métier. “En revenant d’une campagne de trois jours à Mehetia avec mon grand frère et mon papa, on a commencé à couler à cause d’une voie d’eau. Il restait 18 nautiques avant d’arriver à Tautira. On a paniqué ! On a mis tous nos vêtements et nos affaires dans nos imperméables pour boucher le trou. La pompe de cale tournait à fond et on écopait en même temps. On a réussi à rentrer sans perdre notre pêche”, raconte la jeune femme.
Femme ou homme, la pêche est un métier difficile et exigeant : “C’est dur pour tout le monde. Il faut être solide et passionné. Il faut avoir un bon mental et ne pas avoir peur de se lever tôt pour affronter les éléments.”
C’est donc avec beaucoup d’émotion que Tetuaura Ti-Paon a reçu la médaille d’honneur de l’engagement ultramarin (échelon bronze) des mains du ministre des Outre-mer, Manuel Valls, le 22 juillet. “Ça me touche énormément, parce que c’est grâce à mon papa, qui m’a tout appris. C’est une grande fierté pour ma famille et ça me motive encore plus à continuer”, confie-t-elle. Une semaine plus tôt, elle avait également été mise à l’honneur par le maire de Taiarapu-Est, Anthony Jamet, lors de la cérémonie du 14-juillet à la Presqu’île.
Entre mer et montagne
Si elle a transmis son savoir-faire à sa petite sœur, “qui va bientôt se lancer avec son propre bateau”, elle partage aussi sa passion avec son mari, Dell Lamartinière, champion de pêche sous-marine. “J’aime bien l’accompagner dans ses championnats de pêche. Je suis la capitaine !”
Tetuaura Ti-Paon passe beaucoup de temps en mer, mais c’est aussi une enfant de la montagne. “J’aime faire du sport, en particulier partir en randonnée. Quand je peux, je vais au sommet de Tahuareva, à Tautira. Ça me permet de lâcher prise et de me ressourcer. C’est ma façon de faire le plein d’énergie après plusieurs jours de pêche.”
Et quand on lui demande si elle a des projets dans ce secteur d’activité, sa réponse est sans détour : “J’ai tout ce qu’il me faut”. En interview comme dans la vie, Tetuaura Ti-Paon va à l’essentiel.






































