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Six ans ferme pour un braquage raté


En avril 2020, en milieu d'après-midi, deux hommes cagoulés sont arrivés en scooter pour braquer ce magasin.
En avril 2020, en milieu d'après-midi, deux hommes cagoulés sont arrivés en scooter pour braquer ce magasin.
Tahiti, le 2 novembre 2021 - Un homme de 29 ans a été condamné, ce mardi, à six ans de prison ferme pour le braquage, avec un pistolet à air comprimé, d'un magasin de Puurai, en avril 2020. Un braquage finalement pour rien car la caisse enregistreuse était verrouillée. Son complice s'est lui suicidé pendant sa détention. Un troisième prévenu, le propriétaire de l'arme, a lui été condamné à trois ans de prison, dont deux ans avec sursis. 

“Je savais que c'était un voleur. Mais je ne pensais pas qu'il irait braquer un magasin”, a déclaré, mardi, un homme de 21 ans, renvoyé devant le tribunal correctionnel pour complicité de vol aggravé. En avril 2020, à l'heure du confinement, l'intéressé avait fourni à l'un de ses amis et voisins un pistolet à air comprimé, contre de la drogue. L'acquéreur, âgé de 29 ans et déjà bien connu de la justice avec huit condamnations à son casier judiciaire, est ensuite allé braquer, en milieu d'après-midi, avec un autre complice, un magasin de Puurai. 

Les deux hommes sont arrivés en scooter, les visages cagoulés. L'un d’eux a mis en joue l'une des gérantes de la supérette. Le deuxième s'est jeté sur la caisse enregistreuse avant de la déloger du comptoir. Malheureusement pour les braqueurs la caisse était verrouillée et ils repartiront les mains vides. Ils réussissent cependant à prendre la fuite. L'un d’eux sera ensuite interpellé par les services de gendarmerie dans les jours qui ont suivi avant les arrestations des deux autres individus un mois après les faits. 

“J’étais bourré et j'ai accepté de faire ça”

Sur les trois hommes concernés par ce braquage, deux étaient présents, mardi, devant le tribunal correctionnel. Le troisième prévenu, qui avait délogé la caisse enregistreuse, s'est lui suicidé pendant sa détention à Nuutania. 

Les débats se sont d'abord concentrés autour du propriétaire de l'arme, connu pour s'adonner à quelques tirs sur des poules et des coqs dans le cimetière de Faa'a. Confronté aux faits et interrogé par le tribunal sur son implication, le prévenu a répété à plusieurs reprises à la barre ne plus se souvenir clairement de cette journée et de ses différentes auditions auprès de la gendarmerie et du juge d'instruction. “J’ai déjà tout dit. Je vais assumer les conséquences de ce que j'ai fait. Je veux juste mettre tout ça derrière moi maintenant et m'occuper de ma famille. Comme je l'ai dit, je savais que c'était un voleur mais je ne pensais pas qu'il irait jusqu'à braquer un magasin”, a insisté le propriétaire du pistolet. 

Le tribunal s'est après penché sur le cas du leader identifié du groupe, placé en détention depuis mai 2020 et qui avait mis en joue l'une des gérantes. Avant le procès et tout au long de l'enquête, il avait nié son implication dans le braquage. Et face au tribunal, mardi, l'homme de 29 ans, particulièrement loquace, a changé de posture en expliquant avoir pris part au braquage bien malgré lui. “Ce jour-là j'étais bourré et j'ai accepté de faire ça”, a tenté de se justifier le prévenu. “Au départ c'étaient les deux autres qui devaient aller braquer le magasin. Moi ils m'ont pris parce qu'ils savaient de quoi j'étais capable.” “Pourquoi avoir accepté alors de participer à ce braquage ?”, lui demanda le président du tribunal. “Parce qu'ils m'avaient rabaissé”, a répondu l'homme sans donner plus d'explications. 

“Individu malfaisant et manipulateur”

Le procureur pour sa part a qualifié le leader du groupe “d’individu malfaisant et manipulateur” et qui “n’a aucune considération pour ses victimes”. Le représentant du ministère public a requis à son encontre la peine de huit ans de prison. Pour celui qui avait cédé son pistolet, trois ans de prison, dont 18 mois avec sursis et un mandat de dépôt ont été requis. 

L’avocate du leader du groupe, surprise aussi du changement de posture de son client a déclaré : “Avec tout le respect que j'ai pour les victimes, il n'y pas eu de blessures mortelles. Il y a aussi aujourd'hui au cours du procès une reconnaissance des faits à prendre en compte et on souhaite également tout lui mettre sur le dos.” Quant au principal prévenu, il fit amende honorable avant le délibéré du tribunal : “Je demande votre indulgence et je suis prêt à changer de vie”.

Finalement l'homme a été condamné à six ans de prison ferme. Le propriétaire de l'arme a lui écopé d'une peine de trois ans de prison, dont deux ans avec sursis.  Les deux prévenus devront également verser à chacune des victimes la somme de 400 000 Fcfp au titre du préjudice moral. 

Rédigé par Désiré Teivao le Mardi 2 Novembre 2021 à 18:46 | Lu 3269 fois