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La vie quotidienne à Nuutania : un peu d'humanité en enfer


Le centre pénitentiaire de Nuutania a été construit en 1970. La capacité totale est de 165 places. Au moment de la mission, 432 personnes y étaient hébergées. 201 en maison d'arrêt pour 54 places, soit une surpopulation de 372,2% "toujours la pire de France". En centre de détention pour les personnes condamnées 231 détenus entassés dans 111 places soit une surpopulation de 208,1%.            Extrait du rapport "A l’extérieur des ouvertures, des fils sont tirés qui permettent d’étendre le linge, ce qui donne en permanence aux façades un aspect très coloré".
Le centre pénitentiaire de Nuutania a été construit en 1970. La capacité totale est de 165 places. Au moment de la mission, 432 personnes y étaient hébergées. 201 en maison d'arrêt pour 54 places, soit une surpopulation de 372,2% "toujours la pire de France". En centre de détention pour les personnes condamnées 231 détenus entassés dans 111 places soit une surpopulation de 208,1%. Extrait du rapport "A l’extérieur des ouvertures, des fils sont tirés qui permettent d’étendre le linge, ce qui donne en permanence aux façades un aspect très coloré".
FAA'A, le 23 avril 2015. En décembre 2012, une mission du Contrôle général des lieux de privation de liberté effectuait une visite inopinée du centre de détention de Nuutania à Faa'a. En une semaine, les six contrôleurs ont pu prendre le pouls de la prison tahitienne. Leur rapport vient d'être rendu public.
Dans ce rapport très détaillé sur le fonctionnement et les conditions de vie du centre de détention de Tahiti (188 pages au total), la surpopulation et la vétusté sont évidemment pointées du doigt, confirmant bien entendu d'autres rapports déjà effectués sur Nuutania. "Par son taux d’occupation (335% au bâtiment A et en moyenne de 297 % pour l’ensemble du grand quartier), le centre pénitentiaire de Nuutania présente une sur-occupation intolérable. Dans certaines cellules, l’espace disponible de 2,59 m² par personne a déjà été assimilé dans d’autres établissements à un traitement inhumain et dégradant par la Cour européenne des droits de l’homme". Des conditions indignes pour lesquelles l'Etat a déjà été condamné à indemniser 160 détenus.
La capacité totale du Centre pénitentiaire de Nuutania est de 165 places. Au moment de la mission, 432 personnes y étaient hébergées. 201 en maison d'arrêt pour 54 places, soit une surpopulation de 372,2% "toujours la pire de France". En centre de détention pour les personnes condamnées 231 détenus entassés dans 111 places soit une surpopulation de 208,1%. Extrait du rapport "A l’extérieur des ouvertures, des fils sont tirés qui permettent d’étendre le linge, ce qui donne en permanence aux façades un aspect très coloré".

En plus de la surpopulation, la vétusté des installations est également difficile à accepter : " le centre pénitentiaire vieillit d’autant plus mal qu’il n’est pas conçu pour accueillir une population carcérale aussi nombreuse. L’insalubrité des cabines de douches qui sont, pour la plupart, envahies par les moisissures, ainsi que la mauvaise qualité de l’eau due à l’oxydation des canalisations participent également à l’indignité des conditions de vie". Dans une lettre signée par Christiane Taubira en date du 10 avril 2015, la ministre de la justice répond à certaines situations mentionnées dans ce rapport. Il est notamment question des douches qui ont été carrelées depuis cette visite, des équipements sanitaires ont été remplacés, les canalisations d'eau refaites (sauf dans les cellules). Enfin, pour les remarques prégnantes sur la surpopulation, Christiane Taubira renvoie à la construction en cours de la prison de Papeari qui offrira 410 places dans le courant de l'année 2017.

Toutefois les six contrôleurs constatent cependant que "le climat au sein de l’établissement de Nuutania est relativement apaisé. La gestion de la détention parait axée sur la prévention des incidents, sur la facilité d’accès au culte et sur une alimentation adaptée – en quantité et en variété – aux habitudes locales. Le personnel de surveillance arrive à concilier bienveillance et fermeté dans ses relations avec les personnes détenues". Il y a peu d'agressivité entre les surveillants et les détenus. La pratique renforcée du culte semble souder une ambiance de respect entre ceux qui vivent et ceux qui travaillent à Nuutania. "Les contrôleurs ont pu entendre trois fois par jour, les chants entonnés en alternance dans les différentes ailes et étages de détention, sous forme de mélopée ou d’incantation religieuse en langue tahitienne et française" En outre, certaines dérogations sont admises et pratiquées à Nuutania avec l'assentiment de la direction et la hiérarchie. "La tolérance d’apporter journaux et, surtout, nourriture préparée «à la maison» à leur proche détenu est très appréciée des familles. Cette mesure, exceptionnelle en établissement pénitentiaire, est considérée comme un des éléments qui pallient les conditions de détention difficiles. Pendant la période des fêtes, à compter du mercredi 5 décembre 2012, le poids hebdomadaire de la nourriture autorisée passe à 5kg. Il est précisé qu’il est possible d’apporter une paire de chaussures tous les quatre mois ou un gâteau d’anniversaire après avoir adressé un courrier au premier surveillant des parloirs".

En cellule un équipement sommaire

"Toutes les cellules ne sont équipées que d’un seul robinet d’eau froide (tiède en réalité). Deux paires de lits superposés assurent l’hébergement de quatre personnes. Des détenus se sont plaints auprès des contrôleurs de l’ancienneté et de la faible épaisseur de certains matelas en mousse inadaptés à leur corpulence. Ils ont montré des supports de matelas cassés et l’absence fréquente de barre de retenue sur les lits du haut, ainsi que d’échelle. L’ameublement est sommaire et vétuste : une ou deux étagères avec des placards, une ou deux tables, trois à quatre chaises en matière plastique. La plupart des cellules comportent des constructions diverses en carton utilisées comme rangements, des ficelles tendues pour suspendre des paréos de couleur et des vêtements. Le sol est souvent couvert de nattes".
Les douches en cellule telles qu'elles étaient en décembre 2012. Dans sa réponse datée du 10 avril 2015, la ministre de la justice indique que des travaux effectués en 2013 et 2014 ont permis de carreler toutes les douches.
Les douches en cellule telles qu'elles étaient en décembre 2012. Dans sa réponse datée du 10 avril 2015, la ministre de la justice indique que des travaux effectués en 2013 et 2014 ont permis de carreler toutes les douches.


Rédigé par Mireille Loubet le Jeudi 23 Avril 2015 à 17:32 | Lu 3173 fois