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L’UPLD mobilise près de 2.500 personnes à six semaines des Territoriales


La marche contre le nucléaire et pour la réinscription, organisée par le rassemblement des partis souverainistes UPLD, a mobilisé près de 2.500 manifestants, samedi 9 mars à Papeete, selon les estimations officielles.
La marche contre le nucléaire et pour la réinscription, organisée par le rassemblement des partis souverainistes UPLD, a mobilisé près de 2.500 manifestants, samedi 9 mars à Papeete, selon les estimations officielles.
PAPEETE, samedi 9 mars 2013 – A 44 jours du premier tour des élections territoriales, le rassemblement des partis souverainistes Union pour la démocratie (UPLD) a mobilisé prés de 2.500 personnes, de sources officielles, lors de sa marche ce week end à Papeete.

Deux cortèges ont afflué en direction du centre ville, place Tarahoi vers 10 heures, en provenance du stade Boris Léontieff d’Arue et de la mairie de Faa’a.

Une manifestation que l’UPLD présente comme traditionnelle, pour rappeler le fait nucléaire et trente ans d’expérimentation atomique en Polynésie française. L'occasion aussi d'évoquer la loi Morin, jugée inapte à indemniser correctement les victimes du nucléaire.

Conjoncture oblige, cette année il était difficile de ne pas évoquer aussi la procédure engagée par le Pays, devant les Nations unies, pour la réinscription de la Polynésie française sur la liste des territoires non autonomes.
D’autant que le thème a été présenté comme central, par Oscar Temaru lui-même le 2 février dernier, lors de l’annonce de l’entrée en campagne de l’UPLD, pour le scrutin quinquennal des 21 avril et 5 mai prochains.

Sur les 600 membres de l’équipage du Peace Boat, une petite délégation officielle s’est jointe au rendez-vous de Tarahoi. Le paquebot est quelques jours en escale à Papeete. Ce navire, organisation non gouvernementale japonaise, effectue un tour du monde pour véhiculer son message en faveur de la protection de l’environnement, de la paix, de la défense des droits de l’homme et du développement durable. Samedi après-midi, l'équipage du Peace Boat était d'ailleurs invité par le Pays pour un grand ma’a tahiti, offert au musée des îles à Punaauia.

"Des millions de Français nous soutiennent"

"To be, or not to be", le message est marqué en lettres noires sur un grand panneau bleu clair, porté en avant-garde du cortège d’un petit millier de personnes venant de la mairie de Faa’a, et qui s’achemine lentement, un peu plus tôt dans la matinée, vers le centre de Papeete, Oscar Temaru en tête.
Qu’est-ce que cela signifie-t-il ? interroge-t-on That is the question, c’est de Shakespeare, je crois, ironise le président candidat à sa propre succession.

La question que tout cela inspire, au regard de ce qui peut apparaître à six semaines d’une élection polynésienne majeure, comme une indication tangible de popularité, est : Êtes-vous satisfait de la mobilisation que l’on observe aujourd’hui ?

Oscar Temaru : Je ne sais pas combien nous avons rassemblé de personnes. Je pense que c’est une réussite. Nous n’avons pas organisé de réunion de quartier pour mobiliser. Il y a eu deux appels à la télévision, et cela a suffi. Les représentants des archipels sont là, comme ceux des communes. C’est une manifestation de qualité. Il y a une bonne mobilisation.
(...) Je pense déjà que des millions de Français nous soutiennent, je le sais. Quant aux élections, nous avons décidé d’y aller, alors il faut y aller. Cette manifestation aujourd’hui nous permet de rappeler que cela fait 35 ans que nous sommes descendu dans la rue. Et pendant 30 ans il y a eu des manifestations tous les ans, durant la première semaine du mois de mars, jusqu’en 1995. Et on sait ce qui est arrivé en 1995, puis avec toutes les histoires, les péripéties qui se sont produites jusqu’à aujourd’hui, alors il était important de ne pas l’oublier.


Cela signifie-t-il que vous allez continuer votre campagne en vous axant uniquement sur le thème de la réinscription ?

Oscar Temaru : Non, non. Bien sûr qu’il faut aborder tous les thèmes. Nous devons surtout parler de politique, parce que pour moi c’est le Politique qui doit dicter l’économie. Nous avons toujours raisonné dans le sens contraire, toujours pensé argent… On sait ce que ça a donné : nous avons mis en place une économie factice, artificielle, depuis des années et ce n’est pas facile, aujourd’hui, de revenir à la réalité. Mais la réalité, elle est là. Que ce soit pour nous, comme pour d’autres pays : c’est comme ça.

Nous sommes tout de même aujourd’hui très loin de la marée humaine de la manifestation de 2004. Comment expliquez-vous cette désaffection ?

Oscar Temaru : Oh, en 2004 nous avions organisé des réunions de mobilisation un peu partout, dans les communes. Et c’est suite à tout cela, et à une volonté populaire de changer de gouvernement. It was time to change…

Vous pensez que la population est un peu fatiguée de tout cela aujourd’hui ?

Oscar Temaru : Non, je crois que la population suit très bien ce qu’il se passe, avec les moyens de communication que nous avons aujourd’hui.

Vous avez remis un drapeau du Tavini Huiraatira à l’un des membres de l’équipage du Peace Boat, en lui disant que ce serait notre prochain drapeau.

Oscar Temaru : Ben oui. J’ai été surpris de ce présent qui m’a été offert. Et puis on m’a proposé un drapeau. Je lui ai remis ce drapeau et expliqué les différentes couleurs : le bleu de l’océan et du ciel ; la couleur blanche qui représente la paix que nous souhaitons pour notre pays ; et puis les cinq archipels, voilà.

Vous êtes drapé aux couleurs de l’ONU, aujourd’hui. Est-ce pour signifier votre sentiment qu’une réinscription faciliterait les démarches de la Polynésie dans le dossier du nucléaire ?

Oscar Temaru : Il ne s’agit pas simplement du nucléaire, mais surtout de politique : depuis 1946, parce que la France a cessé de fournir les informations à notre sujet aux Nations unies, et au comité spécial, nous ne sommes plus inscrits sur la liste des territoires non autonomes. Nous le rappelons dans notre résolution. Nous nous battons pour ce droit. La France est un pays signataire de la Charte des Nations unies.

Ce projet de résolution, vous l’avez distribué aux manifestants, pour qu’il soit lu notamment par les jeunes. Vous l'avez rappelé dans votre discours.

Oscar Temaru : Il faut que les jeunes s’accaparent leur histoire et connaissent les luttes que nous avons menées, pas seulement nous, mais tout au long de l’histoire de notre pays.

Le sénateur Tuheiava a confirmé que l’examen du projet de résolution L56 aurait lieu entre le 21 et le 27 mars prochains, à New York. Pensez-vous être en mesure de recueillir les soutiens nécessaires pour son adoption ?

Oscar Temaru : Je n’ai pas cette information, mais en principe d’ici mercredi prochain on en saura plus. Mais oui, je peux dire que 99% des pays que nous avons rencontré nous soutiennent.


LE DISCOURS D'OSCAR TEMARU, samedi 9 mars, Place Tarahoi à Papeete (20 min.)

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Samedi 9 Mars 2013 à 13:22 | Lu 3511 fois