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Expo maro'ura : Musée du quai Branly et musée de Tahiti "en parfaite adéquation"


Miriama Bono, directrice du musée de Tahiti et des îles. (©Tahiti Zoom)
Miriama Bono, directrice du musée de Tahiti et des îles. (©Tahiti Zoom)
Tahiti, le 20 septembre 2021 - À l'approche de l'exposition consacrée au maro'ura au musée du quai Branly, et dans le cadre de notre série d'articles sur le sujet, Miriama Bono, directrice du musée de Tahiti et des îles, a accordé une interview à Tahiti Infos. Elle revient sur le partenariat "en complète adéquation" entre les deux institutions et précise les différentes étapes du montage de cette expo intitulée Maro'ura, un trésor polynésien.  Que s'est-il passé depuis la redécouverte du maro'ura de Guillaume Alévêque pour le musée de Tahiti ?

“Quand il a publié son article, il nous a bien sûr intéressés par sa recherche et son questionnement. Il est ensuite venu à Tahiti en déplacement personnel, l'occasion de discuter avec lui de ses découvertes. Il avait apporté des photos plus précises, c'était intéressant pour nous de voir qu'il y avait des plumes, des attaches un peu différentes que celles qu'on pouvait connaître. Ensuite, je me suis rendue à Paris avec le ministre de la Culture. Lors de ce voyage on a rencontré le musée du quai Branly pour parler notamment des travaux de rénovation en cours et des travaux de Guillaume Alévêque. C'est comme ça qu'a été abordée la possibilité d'une demande de prêt. Une fois que le retour du maro'ura a été acté, le musée a alors émis l'idée de consacrer une expo spécifique à l'objet avant qu'il ne revienne à Tahiti. C'est comme ça que tout est venu, en 2019. Suite à cela une signature officielle a été faite, et c'est de là qu'est parti vraiment le projet de faire revenir la pièce pour l'ouverture du musée de Tahiti et des îles.”

Comment s'est passée la collaboration entre les deux musées ?

“Tout d'abord, il faut souligner, c'est très important, c'est un co-commissariat. C'est-à-dire, Stéphanie Caffarel au musée du quai Branly avec nous tous ici (particulièrement Marine Vallée et Vairea Tessier) et enfin Guillaume Alévêque. Un commissariat à trois têtes, c'est un exercice particulier, pas facilité par la distance, mais au final qui se fait quand on est sur la même longueur d'onde. C'est un travail d'équipe, il y a eu beaucoup d'échanges. Je les ai ressentis avec un profond respect pour nous le musée et les Polynésiens en général. Ce sont de nouvelles démarches dans la collaboration entre musées, on n'est pas juste dans “Est-ce que cet objet vous va ?”, on est plutôt dans une approche : “Est-ce que ce concept vous convient ? Est-ce que les mots employés conviennent ?” On a ressenti beaucoup de respect, de considération pas seulement pour les équipes mais aussi pour la culture.”

​​"Respect pour la culture"

Justement cette collaboration est allée jusqu'à la traduction en tahitien des documentations de l'exposition à Paris ?   

“Oui, ce respect pour la culture, ça s'est traduit, jusqu'à inclure le tahitien dans l'exposition. Ce sera la première fois que le quai Branly proposera autant de langues vernaculaires. On retrouvera les textes traduits en tahitien, et aussi un audio guide. C'est venu naturellement et très tôt. En étudiant les textes de Teuira Henry qui cite le maro'ura, on avait renvoyé les textes en tahitien et on s'est dit qu'il serait intéressant de les inclure dans l'exposition. On a donc créé les textes, puis est venue l'idée de les mettre en audioguide, c'est la preuve d'un partenariat en complète adéquation.”
 
Comment s'est construite l'expo ?

“Beaucoup d'allers-retours. Le musée du quai Branly nous a d'abord fait une proposition de pièces de leur collection et d'autres pièces qu'ils ont demandées notamment au museum de Lille. Suite à ce premier “corpus” ou échantillon, on est venus bâtir un scénario pour avoir plusieurs vitrines.”

​"Une vision polynésienne, basée sur l'émotion"

Quel a été votre rôle dans l'expo ?

“De mon côté, je ne suis pas conservatrice, ni spécialiste du patrimoine, je suis du côté organisationnel, et institutionnel de l'expo. Marine Vallée a plus spécifiquement travaillé sur le choix des objets et les textes présentés. Vairea Tessier est archéologue, elle s'intéresse beaucoup et depuis longtemps aux traditions orales et recherches autour des textes et spécifiquement du maro'ura. On l'a sollicitée plus sur ces questions. Notre rôle a été de donner un point de vue de l'intérieur, une vision polynésienne, plus personnelle, basée un peu plus sur l'émotion.”
 
Aussi exceptionnelle soit-elle, j'imagine que la pièce ne sera pas seule dans l'expo qu'y aura-t-il autour d'elle ? D'autres pièces sont-elles attendues ?

“Du musée, il y a aura des costumes de danse, deux tifaifai rouge et blanc, qui montreront eux aussi, le prolongement aujourd'hui de l'importance de la couleur rouge, mais aussi une transposition sur le fait que le coton a remplacé le tapa, on est dans une autre époque. Il y aura aussi d'autres pièces des moulages, appelés facsimilés. Il y aura aussi les collections du musée de Lille et le reste provient du quai Branly.”


Rédigé par propos recueillis par Julie Barnac le Lundi 20 Septembre 2021 à 19:07 | Lu 1653 fois