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Edouard Fritch : la défiscalisation nationale "n'est pas un luxe"


Edouard Fritch : la défiscalisation nationale "n'est pas un luxe"
PAPEETE, le 30 juillet 2018. "La défiscalisation n'est pas un luxe", a insisté le président du Pays avant le départ de l'argentier de l'Etat, Gérald Darmanin. Edouard Fritch a rappelé l'importance de ce dispositif pour développer le tourisme et la pêche.

Avant le discours de Gérald Darmanin, ministre de l'Action et des Comptes publics, le président du Pays, Edouard Fritch a fait un discours ce lundi soir sur l'importance de la défiscalisation nationale pour l'économie polynésienne. "Nous espérons vous avoir éclairé sur nos désirs sincères de développement et notre volonté de modernisation de notre pays. Depuis le début de notre mandat, nous avons pris en main le redressement économique et social de notre collectivité. Nous avons montré qu'une gouvernance basé sur l’intérêt général et le rassemblement non partisan des élus de proximité, les maires et les conseillers municipaux, peut ramener la Polynésie sur le chemin de la croissance et de l'apaisement politique et social. Nous avons montré que notre gouvernance est en rupture avec celle du passé", a débuté Edouard Fritch. Endossant l'habit du bon élève, il a mis en avant avoir "appliqué une convictions simple : le rassemblement et le dialogue valent mieux que l’affrontement et le rapport de force systématique. C'est aussi l'attitude que j'ai adoptée avec l'Etat. Je vous rassure il n'y a pas d’hypocrisie dans cette relation. Il y a simplement le désir de construire le pays dans la paix et la prospérité."

Revenant sur le passé, le président du Pays a indiqué : "Nous reconnaissons avoir été de mauvais élèves durant une longue période, période d’instabilité politique due à nos propres turpitudes." "Toutefois malgré les grandes difficultés économiques et sociales les Polynésiens n'ont jamais créé de troubles sociaux ou pressé l'Etat de régler nos difficultés politiques", a mis en avant Edouard Fritch. "Au contraire les Polynésiens ont assumé la responsabilité de leurs propres choix, presque en silence. Nous avons assumé notre autonomie politique sans nous plaindre auprès de l'Etat. Nous avons voulu cette autonomie au sein de la République et nous la voulons plus que jamais. Nous ferons tout pour la préserver. C'est la seule forme institutionnelle garante de notre identité tout en cheminant dans notre intégration au sein du Pacifique, de l'Europe et de la mondialisation."


Le toilettage du statut

Le président du Pays a également rappelé qu'il comptait toujours sur un toilettage du statut. "Nous souhaitons faire évoluer notre statut en apportant des modifications qui soient un toilettage, devenu indispensable car la société polynésienne a évolué elle-même et que nous constaté des freins et des incohérences, des difficultés d'interprétation pour un exercice optimal de notre autonomie. Nous ne négocions pas de nouvelles compétences. Nous tenons à mettre noir sur blanc soit des faits reconnus par l'Etat comme le fait nucléaire soit des adaptations juridiques et techniques respectueuses de la légalité constitutionnelle."

"Notre richesse est bleue"

"Nous sommes un pays océanique et de ce fait est notre richesse est bleue", a souligné le président du Pays. "Mais l'océan est encore un monde inconnu bien que plein de promesses d'avenir pour la Polynésie. Seule la Polynésie française ne peut explorer, exploiter et valoriser les ressources océaniques uniquement par ses propres moyens Elle a besoin de partenariat public ou privé pour engager la conquête du monde marin et sous-marin", a insisté Edouard Fritch. "La ressource en poisson existe et est sous-exploitée. (...) Les Polynésiens ont la volonté d’aller pêcher ce poisson avec des méthodes durables. Nous soutenons ce secteur avec la défiscalisation locale cependant notre petit budget ne permet pas d'assurer la défiscalisation de tous les projets. Nous avons un grand besoin de la défiscalisation nationale."

Samedi lors de son déplacement à Bora Bora, le ministre a pu échanger avec les professionnels de l’hôtellerie et du tourisme nautique. "Vous avez pu constater les multiples contraintes pesant sur les hôteliers durant la phase de construction ou d'exploitation", a rappelé Edouard Fritch. "La destination polynésienne restera chère en raison de son éloignement et de son éclatement interne néanmoins ces coûts structurels peuvent être compensés par l'aide de la défiscalisation. Vous avez compris que notre insistance vis-à-vis de la défiscalisation n'est pas un luxe. La défiscalisation est un vrai outil, le seul outil pour le développement et le soutien de investissement privé de l'Etat en Polynésie."

Très attendu sur le dossier de la défiscalisation, le ministre Gérald Darmanin n'a pas tranché avant de quitter le fenua ce lundi soir mais il a précisé qu'il "regarder(a) avec sérieux" cette question et qu'une réponse sera apportée "d'ici la fin de l'année".

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Rédigé par Mélanie Thomas le Lundi 30 Juillet 2018 à 21:22 | Lu 1666 fois