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Covid-19 : Le "plus dur" de l'épidémie est passé


Tahiti, le 25 novembre 2020 - Les autorités sanitaires ont fait un point mercredi sur la situation épidémiologique du fenua. Les indicateurs comme le taux d'incidence ou de positivité sont "à la baisse ou à la stabilisation", a expliqué le docteur Pierre-Henri Mallet, épidémiologiste à la Direction de la santé. 

"On a plutôt des bonnes nouvelles", a indiqué mercredi le docteur Pierre-Henri Mallet, épidémiologiste à la Direction de la santé, pour commencer son exposé. En effet trois semaines après avoir brossé un tableau noir de la situation épidémiologique en Polynésie française, les autorités sanitaires ont présenté un bilan plus positif. D'un taux d'incidence de 989 pour 100 000 habitants au début du mois de novembre, le fenua est passé ces derniers jours à un taux de 422. Le taux de positivité ou encore le nombre de nouveaux cas confirmés par semaine sont également en baisse. 

"On a des indicateurs que nous avons mis en place pour suivre cette épidémie, ces indicateurs sont à la baisse où à la stabilisation. Je pense que l'on a passé le plus dur. Si on continue à maintenir les gestes et les bonnes habitudes que l'on a acquis, on peut espérer une poursuite de cette décroissance dans les prochaines semaines", a expliqué l'épidémiologiste. "Le contexte mondial également va nous dicter un peu la marche à suivre. Il y a notamment le vaccin qui se profile d'ici quelques mois. Pour autant, vous dire si on aura d'autres vagues en Polynésie, je ne peux pas vous le dire. Mais ce qui est sûr, c'est qu'il faudra encore de nombreux mois avant d'éliminer totalement le virus."

Les îles à surveiller

Les autorités sanitaires compte par ailleurs lancer prochainement une étude sur la séroprévalence. "Elle va nous servir à mesurer le nombre de personnes qui ont été réellement contaminées. Cela nous permettra de mieux savoir comment l'épidémie s'est propagée et d'évaluer le nombre de personnes potentiellement protégées et donc du coup qui vont freiner une nouvelle propagation. On a probablement jusqu'à 4, 5 fois plus de cas réels que de cas confirmés. Ces données vont nous aider à nous projeter et à mieux anticiper", atteste le docteur Pierre-Henri Mallet.

À anticiper pourquoi pas, de très probables futures épidémies dans les îles et les archipels qui restent aujourd'hui la principale inquiétude des autorités sanitaires, à l'approche des vacances scolaires et du retour des élèves internes dans leurs archipels d'origines. "Les vacances scolaires, c'est un moyen de diffusion de l'épidémie et cela s'est vérifié pour d'autres épidémies aussi. Il y a en effet un afflux plus important, pas seulement des élèves, mais des vacanciers également. Statistiquement, cela augmente les risques de diffusion dans les îles et il y a de grandes chances que des îles soient touchées à l'occasion des vacances scolaires. Mais encore une fois, il suffit d'être vigilant et je pense que l'on peut freiner la propagation dès lors que l'on repère les premiers cas", a insisté le spécialiste.



Docteur Pierre-Henri Mallet, épidémiologiste à la Direction de la santé : "On a une proportion de gens de plus en plus contaminés, logiquement cela empêche le virus de se propager"

Comment expliquez-vous ce retrait de l'épidémie ? 
Il y a plusieurs facteurs. Il y a tout d'abord les mesures barrières que l'on a bien appris à faire je pense. On se protège systématiquement et le virus ne peut plus se transmettre comme il se transmettait. Le bon sens de ne pas se retrouver à 50 dans une pièce, de mettre le masque lorsqu'on est à proximité d'autres personnes, etc... sans pour autant avoir de mesures coercitives, rien que ces mesures, ça a une grande influence. La deuxième chose c'est l'histoire naturelle des épidémies. C'est une infection, les gens malades à priori ne seront plus réinfectés au moins dans les semaines ou les mois qui suivent, donc obligatoirement cela crée une barrière à la transmission. Et comme on a une proportion de plus en plus élevée de gens contaminés, logiquement cela empêche le virus de se propager trop rapidement. 

Mais vous êtes quand même inquiet d'un possible rebond de l'épidémie dans les îles ? 
Oui la situation que l'on observe avec des indicateurs à la baisse concerne Tahiti et Moorea. Dans tous les autres archipels il y a eu peu de circulation du virus, donc les populations sont encore sensibles et il y a des risques de petites épidémies dans les îles. Probablement que cela arrivera, il faut absolument que ces épidémies soient le plus contenues possible, donc limiter le nombre d'entrées de cas mais nous n'espérons pas les bloquer complètement. Limitons au maximum les transmissions et puis on va gérer ça dans le temps le plus efficacement possible avec l'aide des communes et des populations. 

Ce rebond de l'épidémie dans les îles pourrait se faire à l'occasion du retour des élèves internes dans leurs îles d'origines ? 
Oui les vacances scolaires c'est un moyen de diffusion de l'épidémie et cela s'est vérifié pour d'autres épidémies aussi. Il y a en effet un afflux plus important, pas seulement des élèves, mais des vacanciers également. Statistiquement cela augmente les risques de diffusion dans les îles et il y a de grandes chances que des îles soient touchées à l'occasion des vacances scolaires. Mais encore une fois il suffit d'être vigilant et je pense que l'on peut freiner la propagation dès lors que l'on repère les premiers cas. 

Rédigé par Désiré Teivao le Mercredi 25 Novembre 2020 à 17:04 | Lu 4667 fois