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Concurrence dans l'aérien : "Il n'y a de la place que pour un"


Tahiti, le 18 janvier 2022 – Invité mardi sur Radio 1, le directeur général d'Air Tahiti, Manate Vivish, est revenu sur la nouvelle concurrence à laquelle sera confrontée sa compagnie aérienne. Selon lui, il n'y a “pas de place” pour d'autres opérateurs et il s'est également dit “heurté” que le Pays puisse envisager de remettre en cause le contrat de délégation de service public sur certaines dessertes au bénéfice de ces nouvelles compagnies.
 
Invité chez nos confrères de Radio 1 mardi, le directeur général d'Air Tahiti, Manate Vivish, s'est exprimé sur la concurrence avec laquelle la compagnie va bientôt devoir composer. Il a d'abord abordé la récente arrivée des navettes maritimes aux Raromatai qui avait eu un “impact relativement important” sur la fréquentation des vols d'Air Tahiti, même s'il est difficile de le chiffrer précisément en cette période de baisse générale de la fréquentation.
 
Mais le directeur est surtout revenu sur la concurrence à venir, représentée par les projets des compagnies Air Moana (Natireva), Motu link et Air Bora Bora. Et de son point de vue d'expert du transport aérien et non en tant que dirigeant d'Air Tahiti “il n'y a de la place pour qu'un”, après avoir “tourné le problème dans tous les sens”. Précisant qu'il s'agit selon lui d'une particularité du réseau polynésien, qui est “éclaté, avec des micropopulations et une dominante de trafics sur des îles rapprochées”. Manate Vivish a insisté sur la complexité des contraintes à prendre en compte pour pouvoir opérer au fenua.
 
“Je demande à voir où se produira ce miracle du gain"
 
Interrogé sur la viabilité des projets des concurrents, Manate Vivish a répondu que “c'est le temps qui le dira”, car il faut tout d'abord que les promoteurs de ces projets aient réuni les capitaux nécessaires. D'autre part, il a tenu à rappeler que “les perspectives de rendement, de placement dans le secteur aérien sont très limitées”, prenant pour exemple le résultat net d'Air Tahiti qui atteint 1,2% du chiffre d'affaires sur 10 ans. Un peu plus tôt, il n'avait pas manqué de préciser que le déficit de la compagnie depuis le début de la crise s'élevait à environ 3 milliards de Fcfp.
 
S'il concède qu'après l'arrivée de la concurrence, le trafic augmentera certainement, il ne s'attend pas à ce qu'il le fasse de manière spectaculaire par la simple baisse des tarifs et que cela soit suffisant pour que les nouvelles compagnies tirent leur épingle du jeu : “Je demande à voir où se produira ce miracle du gain résultant d'une technologie que nous connaissons déjà nous aussi.” Visiblement perplexe sur les marges de manœuvre que pourraient avoir les futures compagnies, il “attend de voir” comment elles structureront leurs charges, notamment celles relatives au personnel car, rappelle-t-il, “il y a des contraintes réglementaires relativement importantes, qui font qu'on ne peut pas se départir d'un certain standard.”  
 
“Nous n'envisageons pas de discuter avec ces compagnies”
 
Enfin, il a été question de la délégation de service public (DSP), et d'hypothétiques terrains d'entente entre Air Tahiti et les futures compagnies. Un sujet récemment évoqué par Jean-Christophe Bouissou, qui suggérait en conférence de presse le 12 janvier : “Si Natireva a la capacité de faire ce transport au niveau des îles en situation d'enclavement pour un coût inférieur, peut-être qu'Air Tahiti a tout intérêt à travailler avec Natireva”. Et Georges Puchon, directeur de l'aviation civile, avait rajouté : “Le gouvernement aura la possibilité de modifier le contrat de DSP. On a des articles qui permettent de réviser le périmètre des îles desservies par DSP. Pour l'instant, on n'en est pas là. Mais des fenêtres juridiques ont été prévues.”
 
Ce à quoi, Manate Vivish a vivement réagi : “Nous n'envisageons pas de discuter avec ces compagnies (…) Ça me heurte de penser qu'on a négocié, on s'est mis d'accord avec le Pays, on a signé un contrat avec le Pays pour une desserte définie comme elle l'a été… et puis quelqu'un arrive, dit 'je peux faire mieux' et du coup, le Pays nous dit vous sortez et on prend le suivant.”

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Rédigé par Julie Barnac le Mardi 18 Janvier 2022 à 16:54 | Lu 7360 fois