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Ça se bouscule dans le ciel polynésien


Tahiti, le 12 janvier 2022 – Dans une conférence de presse aux thèmes très variés, le vice-président Jean-Christophe Bouissou a tenu mercredi un point complet sur le secteur des transports aériens interinsulaires.
 
C'est peu dire que le secteur du transport aérien domestique est en pleine ébullition au fenua. Depuis l'année dernière, l'instauration d'une péréquation des tarifs de l'aérien interinsulaire et la réorganisation des 46 dessertes en 12 lignes en “libre concurrence” (Moorea, Raiatea, Huahine, Bora Bora, Maupiti, Nuku Hiva, Hiva Oa, Rangiroa, Tikehau, Fakarava, Tubuai, Rurutu) et 34 lignes sur appels d'offres “à désenclaver” s'est accompagnée de la création de nouvelles compagnies aériennes, d'annonces de recrutement ou encore d'une mission d'information sur les tarifs d'Air Tahiti… C'est dans ce contexte que le vice-président en charge du secteur des transports aériens interinsulaires, Jean-Christophe Bouissou, a organisé mercredi avec le directeur de l'aviation civile, George Puchon, une présentation détaillée de la situation des anciennes et nouvelles compagnies, de leur actualité et de leurs ambitions respectives…
 
  • Air Tahiti “devra s'adapter”
 
La compagnie historique Air Tahiti dispose de sept ATR 72 et deux ATR 42, dessert les 12 îles en libre concurrence et a remporté l'appel d'offres pour les 32 îles (hors Ua Pou et Ua Huka) en délégation de service public pour les cinq prochaines années. Surtout, elle compte 1 300 emplois et n'officie pas que dans le transport aérien. Air Tahiti gère également la maintenance, offre des services à l'international, ou gère encore les bagages des compagnies aériennes internationales…
 
“Air Tahiti, contrairement aux nouvelles compagnies, a le poids de son histoire”, a reconnu Jean-Christophe Bouissou, concédant très volontiers une nouvelle fois que la compagnie “devra s'adapter” à la nouvelle concurrence qui débarque. “Il faut absolument qu'Air Tahiti commence à réfléchir à adapter cet outil à cette concurrence, pour avoir cette capacité de répondre à cette concurrence avec des efforts à réaliser sur les prix. Ces efforts ne peuvent venir que si la société a la maîtrise de ses charges et de ses coûts”, a commenté le vice-président.
 
Annonçant de son côté les “tarifs prévisionnels” de la future compagnie Natireva (Air Moana), le directeur de l'aviation civile y est allé du même commentaire : “C'est sûr que les tarifs vont baisser et Air Tahiti aura à réagir à cette concurrence”.
 
  • Tahiti Air Charter imminente aux Marquises
 
Avec deux Cessna 208 Caravan et 21 employés, Tahiti Air Charter du groupe Degage dessert déjà les îles Sous-le-Vent et a obtenu l'an dernier la délégation de service public pour les deux îles enclavées des Marquises. La compagnie dispose de toutes ses autorisations d'exploitation, sauf pour le Manex (Manuel d'exploitation) pour les aéroports des Marquises.
 
Jean-Christophe Bouissou a expliqué mercredi que Tahiti Air Charter disposait de toutes ses autorisations lorsqu'elle a été retenue par le Pays pour la délégation de service public aux Marquises. Sauf que le nouveau Cessna acheté par la compagnie a fait l'objet d'une modification “par l'adjonction d'un kit permettant à l'avion d'atterrir et de décoller sur des distances très courtes, du type Ua Huka ou Ua Pou”. Et la Direction générale de l'aviation civile (DGAC) –côté État– a estimé à ce moment-là qu'il fallait considérer cet avion, non plus comme un appareil neuf, mais comme un appareil d'occasion. La DGAC a donc demandé à revoir les manuels d'exploitation (Manex) dudit avion. D'où le retard de Tahiti Air Charter aux Marquises ces derniers mois, où opèrent actuellement les hélicoptères de Tahiti Nui Helicopters en attendant le futur Cessna.
 
Le vice-président s'est néanmoins montré d'un optimisme prudent (la DGAC ne relevant pas du Pays), en annonçant qu'il était “fort probable” que les autorisations du Manex soient obtenues dès ce mois de janvier 2022.
 
  • Air Moana (Natireva) voit très grand
 
C'est peu dire que la compagnie de l'ancien P-dg d'Air Tahiti, Christian Vernaudon, fait parler d'elle ces derniers jours. Recrutement grand format, rumeurs de levées de fonds colossales, départ du directeur de la DGEN Karl Tefaatau pour encadrer la compagnie… Air Moana annonce pour juin 2022 la bagatelle de deux ATR 72 et trois ATR 42, la totalité des îles en libre concurrence et neuf dessertes actuellement sous délégation de service public avec Air Tahiti (Mataiva, Kaukura, Arutua, Manihi, Ahe, Anaa, Makemo, Raivavae et Rimatara). Elle prévoit 281 emplois en équivalent temps plein et dispose déjà de sa licence de transporteur aérien côté Pays, d'une demande de certification de transporteur aérien en cours de préparation côté État.
 
Légère interrogation néanmoins sur les ambitions de la compagnie, Natireva annonce d'ores et déjà des tarifs sur des îles détenues en délégation de service public pour les cinq prochaines années par Air Tahiti… La compagnie devra-t-elle attendre 2026 ? Rien n'est moins sûr lorsque l'on écoute le vice-président et surtout le directeur de l'aviation civile. “Si Natireva a la capacité de faire ce transport au niveau des îles en situation d'enclavement pour un coût inférieur, peut-être qu'Air Tahiti a tout intérêt à travailler avec Natireva”, a suggéré Jean-Christophe Bouissou. De son côté, George Puchon est allé encore plus loin. “Nous avons souhaité que Natireva discute avec Air Tahiti pour trouver un terrain d'entente”, a expliqué le directeur de l'aviation civile. “Mais dans le cas d'échec, si nous sommes re-sollicité par Natireva, le gouvernement aura la possibilité de modifier le contrat de DSP. On a des articles qui permettent de réviser le périmètre des îles desservies par DSP. Pour l'instant, on n'en est pas là. Mais des fenêtres juridiques ont été prévues.”
 
  • Air Motu Link, pas à pas
 
Présentée mercredi comme une “jeune startup” par le directeur de l'aviation civile, Air Motu Link avait fait parler d'elle très tôt lors de l'annonce l'an dernier par le conseil des ministres de l'octroi de sa licence de transporteur aérien. La compagnie annonce deux ATR 72, ambitionne de desservir six îles en libre concurrence (Bora Bora, Raiatea, Huahine, Rangiroa, Tikehau et Fakarava) et prévoit surtout “162 emplois en équivalent temps plein”… Un “dossier en cours”, a commenté le directeur de l'aviation civile, qui a indiqué qu'à sa connaissance la compagnie n'avait pas encore de certification de transporteur aérien et que des “levées de fonds” étaient également “en cours”.
 
  • Air Bora Bora, petite dernière
 
“Grande surprise”, annoncée par George Puchon, la compagnie Air Bora Bora n'a déposé son dossier de licence de transporteur aérien que le 4 janvier dernier. Le dossier est donc en cours d'instruction, mais la compagnie annonce déjà deux ATR 72 par affrètement en novembre prochain et “ultérieurement” quatre ATR 72. Air Bora Bora, comme son nom l'indique, ambitionne de desservir Bora Bora, Raiatea et Huahine, mais aussi Rangiroa, Tikehau et Fakarava. La compagnie annonce également rien de moins que 131 emplois en équivalent temps plein…
 

Rédigé par Antoine Samoyeau le Mercredi 12 Janvier 2022 à 20:27 | Lu 6339 fois