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Ces professionnels qui reprennent cher


Tahiti, le 15 janvier 2021 - Les autorités de l'État et du Pays ont annoncé, jeudi, le prolongement des mesures sanitaires jusqu'au 15 février. Conséquence directe de cette prolongation, certains types d'établissements comme les boîtes de nuit, les salles de sport doivent rester fermés pour au moins encore un mois, les privant encore de leurs activités et leurs ressources. Pour les restaurants, les restrictions en capacité d'accueil et le couvre-feu restent également de principaux obstacles. 

Les acteurs de l'économie du fenua étaient sûrement tous suspendus, jeudi, aux annonces de Dominique Sorain, haut-commissaire, et d'Édouard Fritch, président du Pays. Si l'option de la levée complète des restrictions sanitaires était évidemment inenvisageable, certains professionnels espéraient tout de même un allègement de certaines mesures. Sauf que les autorités du Pays et de l'État en ont décidé autrement, en reconduisant toutes les mesures sanitaires, au moins jusqu'au 15 février. Et les conséquences sont particulièrement lourdes pour les patrons de boîtes de nuit et de salles de sport, qui devront encore garder leurs portes closes pour les prochaines semaines.

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"On a travaillé quasiment avec tous les ministères et avec le haut-commissariat sur le protocole sanitaire pour espérer rouvrir. On nous a fait perdre notre temps avec ça parce qu'aujourd'hui on est obligé de rester fermé", déplore Christian Wang Sang, vice-président du syndicat des salles de sport de Polynésie française. "Les salles communales ont le droit aujourd'hui d'ouvrir. Nous on continue d'agoniser avec toutes nos charges à payer. On est face à une concurrence déloyale. On nous parle d'aides qui sont versées mais ce ne sont pas ces aides qui vont pouvoir nous maintenir hors de l'eau. Moi, par exemple, ça va faire sept mois que ma salle est fermée. Quel chef d'entreprise maintiendrait sa société fermée pendant sept mois ?"

"On a l'impression que ces mesures vont être reconduites ad vitam aeternam"

La déception est également partagée par Stéphane Gay, président du syndicat des bars et dancings de Polynésie. "Ça va faire pratiquement onze mois que les boîtes de nuit sont fermées. Il y a évidemment les aides de l'État et du Pays mais elles tardent à être versées. Notre seule alternative, c'est de rouvrir et de travailler. Sinon, autant mieux mettre la clé sous la porte et on arrête de se torturer l'esprit", insiste l'intéressé.
 
"On a l'impression qu'il n'y a pas de stratégie, c'est un copier-coller de la métropole, alors qu'on pourrait adapter les mesures au territoire", indique pour sa part Dany Dana, président de l'association Papeete Centre-ville. "Entrepreneurs, commerçants, exposants, on veut avoir le droit de continuer à travailler, il faut absolument que les autorités en tiennent compte. Ils n'ont pas forcément le retour du terrain. On a l'impression que ces mesures vont être reconduites ad vitam aeternam. On ne voit pas le bout du tunnel."
 
Du côté des restaurateurs, s'ils peuvent continuer leurs activités, les restrictions d'accueil au sein de leurs établissements et le couvre-feu restent les principaux obstacles de la profession. "On est forcément déçu parce qu'on attendait au moins un assouplissement, même léger, des horaires de couvre-feu. On espérait gagner une heure supplémentaire pour travailler plus le soir mais ce n'est pas le cas. La situation va forcément se dégrader davantage pour tous ces professionnels de la restauration", atteste Maxime Antoine-Michard, président du syndicat des restaurateurs.

Les charges fixes, le gros problème à résoudre

De leur côté, les autorités de l'État et du Pays ont insisté sur le fait de maintenir une activité économique au fenua et sur la nécessité d'accompagner ces entreprises en difficulté. Selon Édouard Fritch, près de 6,5 milliards de Fcfp ont déjà été versés pour le soutien aux entreprises. "Sauf que ces aides sont tournées vers les employés et pas forcément orientées vers les entreprises. Aujourd'hui, le principal problème des restaurants et de toutes les entreprises en général, c'est le paiement des charges, comme la patente, notamment pour les petits restaurants", précise Maxime Antoine-Michard. "Il n'y a pas de réponse particulière qui a été donnée par les autorités en dehors du Prêt garanti par l'État (PGE), qu'il faudra rembourser ensuite et au vu de l'activité que l'on a, ça va être compliqué de rembourser. On attend donc un accompagnement supplémentaire par rapport à ces charges. On va notamment saisir officiellement le Pays sur l'exonération des patentes."
 
Une analyse qui est également partagée par Frédéric Dock, président du Medef Polynésie. "Les grandes entreprises ont des charges fixes très importantes et rien ne permet pour le moment de compenser ces dépenses", déclare le patron des patrons du fenua. "C'est exactement sur ce sujet qu'ils se concentrent en métropole, à savoir comment la puissance publique peut venir en soutien aux entreprises les plus touchées. Ce qu'ils étudient actuellement en métropole, c'est une prise en charge par l'État des charges fixes à hauteur de 70%. Aujourd'hui, il y a des aides en trésorerie qui existent et qui peuvent aller jusqu'à 20% du chiffre d'affaires, mais il va falloir aller plus loin. Nous ne sommes plus dans un dispositif court et provisoire, on est dans une situation qui s'inscrit dans la durée et l'État aura forcément les moyens d'intervenir."

Rédigé par Désiré Teivao le Jeudi 14 Janvier 2021 à 19:19 | Lu 4431 fois