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Amende douanière de 720 millions requise dans l'affaire Mai-Marlier


PAPEETE, 23 août 2018 - Le procureur de la République a requis des peines de 10 et 9 ans pour le duo Yannick Mai et Moerani Marlier, jeudi à l’issue de deux journées marathon d’instruction à l’audience du procès de ce qui apparaît aujourd’hui comme l’un des trois plus importants trafics d’ice démantelés en Polynésie française. La décision doit être rendue vendredi après-midi.

La matinée de vendredi est consacrée aux plaidoiries de la défense. Les prévenus impliqués dans le réseau de trafic d’ice Mai-Marlier ont été entendus jeudi encore, à l’exception notoire de celui qui apparaît comme la pièce maîtresse de cette affaire : Yannick Mai. Ce dernier est maintenu en détention aux Etats-Unis depuis son arrestation à l’aéroport international de Los Angeles, le 11 juin dernier, en possession de 3,7 kilogrammes de méthamphétamine.

Les onze prévenus qu’a pu entendre la justice française comparaissent cette semaine pour les délits d'importation illicite, détention, transport, cession illicite d'ice, d'association de malfaiteurs, de complicité de ces délits ou de blanchiment d'argent. Tous sont soupçonnés d’avoir pris part entre février et septembre 2017, à divers titres, à l’un des plus importants réseaux de trafic d’ice mis à jour entre Los Angeles et Tahiti. Au total, l’instruction s’est intéressée à l’importation et l’écoulement à Tahiti de 6 kg entre février et juin 2017, de même qu’à l’importation de 1,2 kg d’ice saisi à Tahiti-Faa’a le 4 septembre.

> Lire aussi : Le procès de l'argent facile du réseau de trafic d'ice Mai-Marlier

Lors de ses réquisitions, le procureur Hausner s’est d’abord indigné de l’emballement des affaires de trafic d’ice que la justice constate depuis quelques mois à Tahiti, et de la recrudescence de l’activité criminelle que le phénomène engendre en conséquence dans la société polynésienne.

En cumul sur l'année 2017 la justice estime, tous comptes faits, que 47 kilogrammes d'ice ont été importés et en grande partie écoulés en Polynésie française où le dernier recensement général de la population a compté 276 000 habitants, il y a moins d'un an.

"Cette évolution n’est pas, me semble-t-il très favorable pour l’avenir de cette région", a-t-il estimé. "La société polynésienne est polluée, contaminée par le trafic d’ice" : "Je mise 1, je peux gagner 100 : ce phénomène ne peut pas s'arrêter du jour au lendemain. C'est impossible !" a-t-il constaté en évoquant la rentabilité sans pareille du trafic de méthamphétamines, en Polynésie française, où il n’y a pas "suffisamment de séparation entre le monde des voyous et le reste" : "on pourra regretter l’absence, ou l’insuffisance, de prévention. Chacun son rôle. Ce n’est certes pas le mien d’en demander plus. Surtout dans un territoire autonome".

Et dans ce contexte, le représentant du ministère public s’est présenté comme le vecteur de la répression en regrettant, à l’adresse des prévenus, de ne "pouvoir requérir la perpétuité : la loi me l’interdit !

Mais les peines requises sont dans ce contexte apparues avec un certain caractère d’exemplarité.

Prison ferme requise pour tous les prévenus

Contre Yannick Mai, il est requis une peine de 10 ans d’emprisonnement. Celui qui est considéré comme la tête de ce réseau devrait vraisemblablement être jugé aux Etats-Unis, en raison de sa double nationalité franco-américaine. Il est maintenu en détention là-bas. Mais il demeure sous le coup d'un mandat d'arrêt émis par la justice française.

Pour Moerani Marlier, il est demandé au tribunal la condamnation à une peine de "8 à 9 ans" d’emprisonnement, assortie d’un mandat de dépôt. Il est en outre demandé la saisie de la plupart de ses biens fonciers à Moorea, outre la confiscation des biens matériels déjà saisis.

Contre Franckie Tumahai, Heimanu Hiro et Steven Raynal, le procureur requiert 6 ans d’emprisonnement, le maintien en détention pour Raynal et un mandat de dépôt pour les deux autres.

A l’encontre Patrick Rey, il est requis 4 ans de détention avec mandat de dépôt. A l’encontre du fils de Yannick Mai, Temarii, il est requis 4 ans d’emprisonnement avec titre de détention, de même qu’à l’encontre de l’homme de confiance de Moerani Marlier, Ouira Hamblin.

A l’encontre de l’apiculteur Geoffroy Titeirihia, qui avait servi de mule pour le dernier convoyage, en septembre, il est requis une peine de 3 ans de prison avec mandat de dépôt. Diana Vernaudon, l’épouse de Ouira Hamblin, pourrait se voir condamner à 3 ans d’emprisonnement "dont une partie avec sursis". Peine assortie d’un mandat de dépôt. Idem en ce qui concerne l’épouse de Patrick Rey, Hina née Adams.

Enfin, il est requis une peine de 2 ans d’emprisonnement "dont une partie avec sursis", avec mandat de dépôt à l'encontre de la compagne de Steven Raynal, Ravahere Gamblin.

Au titre de l’amende douanière, Yannick Mai, Moerani Marlier, Steven Raynal, Geoffroy Titeirihia et Patrick Rey sont condamné solidairement au paiement de 720 millions de francs.

La décision du tribunal est attendue pour vendredi après-midi.

Rédigé par JPV le Jeudi 23 Août 2018 à 19:16 | Lu 6130 fois