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​Six renforts de métropole contre le Covid


Tahiti, le 26 août 2020 – Le gouvernement central a mobilisé six "réservistes sanitaires" pour une mission de soutien à la lutte contre l'épidémie de Covid-19 en Polynésie française. Quatre infirmiers, un médecin épidémiologiste et un épidémiologiste sont attendus pour quatre à huit semaines au fenua.
 
À l'occasion d'un nouveau point presse organisé mercredi après-midi à la Présidence, le ministre de la Santé, Jacques Raynal, a annoncé que le haut-commissariat et le Pays avaient sollicité le soutien de la cellule "France santé publique" pour des besoins humains et matériels, dans le cadre de la lutte contre l'épidémie de Covid-19. Côté matériel, la demande doit permettre de sécuriser et de renforcer la capacité de traitement des tests de l'Institut Malardé, actuellement limitée à 200 tests par jours. Côté ressources humaines, les autorités locales ont demandé quatre infirmiers de santé publique, un médecin épidémiologiste et un épidémiologiste. "Depuis le mois de février, c'est 24h/24 et 7j/7. Les gens commencent à s'épuiser physiquement donc on a exprimé ce besoin d'avoir des personnes de l'extérieur qui auront un œil différent sur la situation", a expliqué le ministre Jacques Raynal, rappelant le "support" particulièrement utile de l'épidémiologiste de l'OMS "confiné" en Polynésie au début de l'épidémie en avril dernier.
 
Une demande qui a d'ores et déjà été acceptée par Paris, au moins pour les besoins humains. En effet, un arrêté pris mardi par le ministre national de la Santé, Olivier Véran, précise "qu'à compter du 27 août 2020, pour une durée de 4 à 8 semaines, 6 réservistes sanitaires sont mobilisés afin de réaliser une mission de soutien à la lutte contre l'épidémie de Covid-19 en Polynésie française". L'arrêté indique qu'il reviendra au Pays d'affecter les réservistes "à l'autorité désignée pour réaliser la mission".
 
  • La Polynésie au stade 3
 
Si le message du ministre n'a pas été d'une particulière clarté sur ce point, les autorités sanitaires confirment que la Polynésie française est passée au "stade 3" de l'épidémie. Le stade 2 correspondant à une stratégie d'endiguement de l'épidémie destinée à freiner la propagation du virus et le stade 3 à une circulation du virus sur le territoire. "Aujourd'hui, la circulation du virus est active", a d'ailleurs détaillé le ministre de la Santé, "parce qu'en dehors des clusters, il y a un certain nombre de cas de personnes positives que nous ne pouvons pas rattacher à un cluster".
 
Ce stade 3 correspond également au niveau des mesures sanitaires annoncées lundi par le haut-commissaire et le président du Pays : l'interdiction des rassemblements de plus de 10 personnes dans la sphère publique et l'obligation du port du masque dans les lieux publics, dans certaines zones identifiées et définies en concertation avec les autorités sanitaires du Pays, les communes et le haut-commissariat. Comme l'avait déjà annoncé le ministre la semaine dernière, ce stade 3 pourrait également permettre, en cas de besoin, d'ordonner des "confinements localisés" dans certaines zones ou dans certains quartiers où des clusters seraient identifiés. Le ministre a appelé toutes les communes à activer leur "comité de santé", afin de coordonner ces mesures éventuelles.
 
En revanche, le ministre a une nouvelle fois exclu un nouveau "confinement général" de la population, indiquant que l'organisation sanitaire actuelle de la Polynésie française lui permettait toujours de faire face à l'augmentation de la propagation de l'épidémie.
 
  • Changement de stratégie à l'étude
 
L'évolution de la propagation du virus a amené les autorités du Pays à revoir leur stratégie, a annoncé le ministre. En effet, si les choses n'ont pas encore été arrêtées, Jacques Raynal a indiqué que "la question se pose de savoir si on continue les auto-tests". Maintenant le virus entré et circulant sur le territoire de la Polynésie française –principalement à Tahiti, Moorea et Raiatea– le ministre a indiqué qu'une réflexion était entamée sur le fait de savoir si les 13 488 auto-tests réalisés depuis la réouverture des frontières le 15 juillet dernier et très largement négatifs "ne pouvaient pas être utilisés autrement". Notamment pour augmenter la capacité de tests pour des dépistages localisés plus massifs. Sur ce sujet, "l'œil nouveau" des épidémiologistes attendus de métropole doit permettre d'apporter des "conseils stratégiques".
 
  • 60 lits et 200 respirateurs
 
Si la circulation du virus, l'augmentation du nombre de cas et du nombre d'hospitalisations sont des "signes qui doivent nous alerter", Jacques Raynal a également affirmé que "cette augmentation de cas est pour l'instant tout à fait bien supportée par nos structures de santé". La Polynésie française compte actuellement 20 lits "armés" prêts à accueillir des patients en réanimation et 40 lits "prêts à être armés" en cas de besoin. "Les problèmes venant de l'accumulation des cas, ce qui n'est pas encore notre situation, le CHPF s'arme actuellement de certains dispositifs pour pouvoir augmenter ses capacités notamment en oxygène", a expliqué le ministre de la Santé. En plus de ces appareils lourds, des respirateurs ont été envoyés dans les structures de santé périphériques et dans les îles pour une capacité totale de 200 unités de respirateurs ou lits prêts à recevoir des patients atteints de symptômes Covid lourds sur l'ensemble du territoire.
 
Le dernier bilan publié mercredi fait état de neuf hospitalisations dont trois en service de réanimation. Des hospitalisations pour lesquelles le séjour a été "bref" a indiqué Jacques Raynal : entre 3 et 10 jours. "Jusqu'à présent, nous avons réussi à traiter les personnes à risque, il n'y a pas de raison que nous n'y arrivions pas maintenant", a tenté de rassurer le ministre de la Santé.
 
  • Gestes barrières, encore et toujours
 
Une énième fois, le ministre a rappelé que "les gestes barrières constituent la seule et unique garantie de protection (…) en particulier pour les personnes à risque et les personnes âgées". Il a notamment insisté sur la limitation des déplacements au strict nécessaire. Le port du masque est hautement recommandé et obligatoire dans de nombreuses zones. Il l'est d'ailleurs désormais "dans les écoles à compter de l'âge de 11 ans, donc aussi en maternelle par les professeurs des écoles. Il faut que ce soit précisé, parce que ça n'avait probablement pas été compris par tout le monde", a indiqué le ministre. Sur les écoles d'ailleurs, toujours pas question de fermeture généralisée. La gestion au cas par cas avec fermeture de classe ou d'établissement en cas de cas Covid est maintenue.
 

Rédigé par Antoine Samoyeau le Mercredi 26 Août 2020 à 19:36 | Lu 4873 fois