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​De l'ice pour régler des problèmes de couple


Tahiti, le 13 août 2020 - Un homme et une femme ainsi que leur cousine ont été présentés en comparution immédiate jeudi pour s’être fait livrer de l’ice à sept reprises en provenance d’Europe et ce, en payant avec de la cryptomonnaie. Les trois individus, qui se sont présentés comme de simples consommateurs, ont tous les trois écopé de trois mois de prison avec sursis.
 
Alors que les affaires liées à l’ice avaient diminué en raison notamment de la période de confinement, une affaire d’importation par voie postale a été jugée jeudi en comparution immédiate. Un couple a en effet été présenté devant le tribunal correctionnel pour s’être fait livrer de l’ice à sept reprises et ce, pour une quantité totale de 14 grammes entre janvier et juillet 2020. Leur cousine, âgée de 47 ans, était également poursuivie à leurs côtés pour avoir participé à une importation de quatre grammes d'ice, la septième et dernière importation qui avait échoué.  
 
L’affaire avait débuté lorsque les douaniers avaient intercepté une enveloppe en provenance d’Europe qui contenait 3,8 grammes d’ice. Si la drogue avait été envoyée au nom de la cousine du couple, c’est ce dernier qui était venu la récupérer au bureau de poste de Taravao. Interpellés en flagrant délit, l’homme et la femme ainsi que leur cousine avaient été placés en garde à vue au sein des locaux de la Brigade de recherches (BR) de Faa’a. Entendu par les enquêteurs, le couple avait avoué s’être déjà fait livrer à six reprises depuis janvier 2020. Déférés devant le procureur de la République hier matin, ils ont donc été présentés en comparution immédiate en début d’après-midi.
 

Travail thérapeutique

À la barre, le couple a justifié cette consommation personnelle en expliquant au tribunal que l’ice leur avait permis de se « rapprocher » et de régler des problèmes de couple et de nature sexuelle. Ils ont affirmé qu’ils avaient eu l’idée de se fournir sur le darkweb et qu’ils avaient financé ces importations avec de la cryptomonnaie. Alors que le président du tribunal leur demandait pourquoi l’on avait retrouvé à leur domicile des sachets en plastique habituellement utilisés pour conditionner et revendre de l’ice, le prévenu a simplement répondu qu’il était impossible d’acheter ces sachets à l’unité. Également questionnée par les magistrats, leur cousine a expliqué qu’elle était une ancienne consommatrice qui avait déjà réussi à se sevrer par le passé. Elle a douloureusement évoqué son parcours et le jour où, se réveillant à midi après avoir consommé de l’ice, elle avait vu sa fille alors âgée de quatre ans qui se tenait au pied de son lit en attendant que quelqu’un lui donne à manger. Un premier « déclic » qui lui avait permis d’engager un travail thérapeutique.

Une première expérience de sevrage sur laquelle le procureur de la République s’est appuyé lors de ses réquisitions pour rappeler qu’une "condamnation devant le tribunal correctionnel pouvait tenir un rôle de prévention générale » face à une drogue aux « effets dévastateurs en terme de conséquences sanitaires".Il a requis la peine la plus lourde, 18 mois de prison dont 12 avec sursis, à l’encontre du prévenu car ce dernier a déjà été condamné à huit reprises.

En défense pour les trois prévenus, Me Rebeyrol a insisté sur le fait que les trois importateurs, loin d’être des trafiquants, étaient des consommateurs qui prenaient de l’ice uniquement lorsqu’ils étaient seuls et à leur domicile. Après en avoir délibéré, le tribunal correctionnel a condamné les trois prévenus à la peine de trois mois de prison avec sursis et à payer solidairement une amende douanière de 90 000 Fcfp.
 

Rédigé par Garance Colbert le Jeudi 13 Août 2020 à 18:14 | Lu 6384 fois