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​Coronavirus : Epidémie de "rumeurs"


"Je dis et je répète qu’il n’y a pas de cas d’infection au coronavirus à ce jour, en Polynésie française", a martelé le ministre de la Santé lundi.
"Je dis et je répète qu’il n’y a pas de cas d’infection au coronavirus à ce jour, en Polynésie française", a martelé le ministre de la Santé lundi.
Tahiti, le 10 février 2020 - Le ministre de la Santé a mis en garde lundi contre les rumeurs qui circulent actuellement concernant des cas d’introduction du coronavirus au fenua. Il a rappelé à cette occasion les mesures mises en place pour empêcher l'apparition de cette maladie en Polynésie française.
 
Au cours des 30 derniers jours, c’est le sujet qui a connu la plus forte progression en termes de fréquence de recherche sur Google. Au fenua, la recherche "coronavirus" est actuellement en 12e position parmi les requêtes les plus populaires enregistrées par le moteur de recherche.
 
La possibilité d’une introduction en Polynésie du coronavirus 2019-nCoV inquiète. Depuis fin janvier, les services sanitaires communiquent régulièrement sur les mesures mises en place localement pour éviter que ce virus ne soit introduit (voir encadré). Mais ces manifestations officielles, bien que systématiquement relayées par la presse, ne sont visiblement pas en mesure de rassurer complètement. L’inquiétude conjuguée au manque ressenti d’informations est toujours un terreau favorable à la naissance de rumeurs. C’est précisément le phénomène "irrationnel" que tente d’endiguer le ministère de la Santé aujourd’hui.
 
Jacques Raynal a organisé une conférence de presse dans le but de tordre le cou aux "rumeurs" d’une contamination locale. Lundi, le bilan de propagation du coronavirus 2019-nCoV faisait état de 40 553 personnes atteintes à l’échelle mondiale, dans 27 pays et essentiellement en Chine. En France, on recense 11 cas positifs. Ce virus est à l’origine de 910 décès à cette date au plan international, mais aucun en France. "Je dis et je répète qu’il n’y a pas de cas d’infection au coronavirus à ce jour en Polynésie française", a martelé le ministre de la Santé lundi. "Il faut que ce soit bien clair pour tout le monde. Et toute information diffusée sur quelque média que ce soit qui viendrait contredire cela ne pourrait l’être que par les services de Santé". Depuis le 22 janvier, une cellule de crise Etat-Pays est réunie quotidiennement au ministère de la Santé au sujet de la situation sanitaire liée au risque coronavirus à l'appui des remontées de terrain des professionnels de santé. 

Fake news
 
Le ministère de la Santé est cependant contacté "au bas mot trois fois par semaine" par des journalistes qui souhaitent vérifier une information leur signalant le cas d’une personne infectée par le coronavirus, hospitalisée au Taaone, dans une clinique de la place ou pire, laissée à l’extérieur en attendant le retour des analyses. "C’est presque toujours la même histoire", nous explique-t-on : "C’est absurde. Dernièrement, il s’est agi d’une dame hospitalisée après avoir séjourné quelque temps à Tikehau. Imaginez la panique aux Tuamotu lorsque ces informations circulent sur les réseaux sociaux."
 
Plus inquiétant, c’est un professionnel de santé qui est à l’origine de cette dernière rumeur. Une expertise professionnelle qui a forcément donné à la publication de cette information un crédit redoutable. "N’y a-t-il pas une volonté de nuire, ou de faire peur à la population, de la part d’un professionnel qui est censé connaître la maladie et qui diffuse une fausse information ?", s’interroge Jacques Raynal. "C’est la raison pour laquelle nous étudions actuellement la possibilité de porter plainte pour diffusion de fausses informations à tendance effrayante pour la population."

"Nous sommes en état de vigilance extrême"
 
Le 5 février dernier, les autorités sanitaires ont élevé le risque d’introduction en Polynésie française du coronavirus 2019-nCoV de "faible" à "possible". Cette épidémie "inquiète la population. Et je le comprends", reconnait le ministre de la Santé. Mais il insiste : "Nous sommes en état de vigilance extrême, en alerte sanitaire. Nous avons même déclenché le Plan blanc pour les structures d’accueil hospitalières, publiques ou privées. Les personnes qui interviennent dans ces établissements sont sensibilisées à une éventuelle infection. J’ai confiance dans les mesures que nous avons mises en place. (…) Ces mesures sont importantes. Nous n’en faisons pas une très grande publicité, mais avec les services de l’Etat (Police de l’air et des frontières, douanes), les services du Pays, nous sommes mobilisés pour les contrôles de tous les passagers, quel que soit le pays d’origine, y-compris les marins pêcheurs en transfert. Nous avons alerté les gendarmeries pour effectuer un contrôle des voiliers dans les îles, lorsqu’il s’agit d’un premier toucher… Il y a beaucoup de professionnels mobilisés et à-même de contrôler les arrivées sur le territoire. Malgré cela, il peut toujours y avoir un cas d’introduction. C’est la raison pour laquelle nous avons sensibilisé les professionnels de santé (médecins, kinésithérapeutes, infirmiers à domicile, etc.) pour qu’ils puissent détecter et signaler un cas de 'sujet-contact'."
 
Si un cas d’infection devait être constaté, le centre hospitalier tient aujourd’hui une chambre prête pour y accueillir le malade et des personnels de soins formés. "Mais cette capacité peut monter en puissance en fonction des besoins", nous assure-t-on au CHPF.   

​Ce qui est en place pour éviter l’entrée du coronavirus

Le ministère de la Santé recommande depuis le 26 janvier aux personnes qui auraient séjourné en Chine récemment ou qui aurait été en contact avec elles et qui présentent des signes d’infection respiratoire (fièvre, toux et difficultés respiratoires) de  contacter le Samu Centre 15 en faisant état des symptômes et d’un séjour récent à Wuhan, ou plus généralement en Chine, afin de bénéficier d’une prise en charge médicale adaptée.
Il leur est recommandé dans ce cas :
- De porter un masque chirurgical lors de contacts avec d’autres personnes ;
- De se laver régulièrement les mains (solution hydro-alcoolique) et d’utiliser des mouchoirs jetables.
 
Depuis le 7 février, tous les voyageurs à l’arrivée à Tahiti-Faa’a et ayant séjourné depuis le 1er janvier en Chine, à Hong Kong, au Cambodge, en Inde, au Japon, à Macao, en Malaisie, au Népal, à Singapour, en Corée du Sud, au Sri Lanka, à Taiwan, au Vietnam ou aux Philippines doivent présenter une attestation médicale datant de moins de cinq jours certifiant leur état de santé.
Sans ce document, il est demandé aux compagnies aériennes de refuser leur embarquement.

Un questionnaire de contrôle sanitaire est remis à tous les passagers arrivant en Polynésie dans lequel ils doivent notamment donner leur adresse pour la prochaine quinzaine et leurs coordonnées téléphoniques.

En cas de symptômes grippaux constatés par les personnels navigants sur un passager en vol, une procédure de protection est en vigueur : port d’un masque chirurgical pour le sujet à risque, les passagers à proximité et les PNC, utilisation systématique de gel hydro-alcoolique.

A l’arrivée à Tahiti, quelle que soit la provenance du vol, la température corporelle des voyageurs est contrôlée à l’aide de la caméra thermique ou de thermomètres.
Les vols privés ont l’obligation de se poser à Tahiti-Faa’a depuis le 5 février. Les passagers sont alors soumis aux mêmes mesures de précautions que ceux des vols réguliers.
 
Pour les navires de croisière : le bureau de veille sanitaire est destinataire deux jours avant l’arrivée du navire en Polynésie française, puis chaque jour dans les eaux polynésiennes, d’une déclaration de santé des passagers par le service médical à bord.

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Lundi 10 Février 2020 à 15:59 | Lu 3682 fois