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​Cinq ans requis contre les fabricants d'ice


Tahiti, le 2 décembre 2020 – Au terme de moins de deux jours de procès, le procureur de la République a requis de 18 mois à cinq ans de prison ferme à l'encontre des 13 prévenus poursuivis devant le tribunal correctionnel de Papeete pour avoir participé à la fabrication de méthamphétamines. Le tribunal rendra son délibéré jeudi.  
 
Alors qu'il avait été programmé sur quatre jours, le procès des 13 individus poursuivis dans le cadre du démantèlement des deux premiers laboratoires de production d'ice en Polynésie a pris beaucoup d'avance. Au terme de moins de deux jours de débats, le procureur de la République a en effet pris ses réquisitions mercredi après-midi en évoquant un dossier "atypique". "Cela faisait de nombreuses années que l'on se posait la question de savoir quand nous allions découvrir un laboratoire. Il aura donc fallu 15 ans après les premières affaires d'importation d'ice sur le territoire qui dataient de 2003, 2004." Selon le représentant du ministère public, les prévenus avaient choisi la Presqu'île car ils s'y sentaient plus "tranquilles" et moins exposés aux actions des forces de l'ordre. Et bien que cette fabrication "artisanale" n'ait pas pris d'"ampleur", le procureur de la République a rappelé qu'il s'agissait toutefois d'un produit très dangereux, notamment sur le plan "sanitaire". De 18 mois à cinq ans ferme ont été requis contre les 13 prévenus, la peine la plus élevée ayant été demandée contre le fabricant d'ice, Toanui Rattinassamy. `
 
Éthique et contestation
 
Si la quasi-totalité du procès avait été consacrée à l'implication de 11 des 13 prévenus dans un premier laboratoire démantelé le 19 janvier 2019 à Tautira, deux autres prévenus, Heifara Perez et Roland Lesca, étaient aussi poursuivis pour avoir créé un deuxième laboratoire qui avait attiré l'attention des gendarmes alors que ces derniers cherchaient des plants de paka. Ils ont été interrogés mercredi matin par le tribunal correctionnel et ont reconnu les faits. Quant au 13ème et dernier prévenu, Sylvain Ah Chong, impliqué par tous les mis en cause dans les deux laboratoires, il a fermement nié les faits. A la barre, il a invoqué un complot ourdi contre sa personne en expliquant que toutes ces choses-là ne relevaient pas de son "éthique".
 
L'après-midi a ensuite été consacré aux plaidoiries de la défense au cours desquelles plusieurs avocats ont invoqué l'addiction à l'ice de leurs clients à l'époque des faits. Notons à ce sujet que l'un des prévenus qui comparaissait à ce procès sous contrôle judiciaire a été pris dans l'enceinte du tribunal avec une pipette et un stick de paka. Un comportement que le procureur de la République a qualifié d'inadmissible en rappelant qu'il était assez délicat de se faire prendre avec ce matériel lorsque l'on est poursuivi pour trafic de stupéfiants. Le président du tribunal correctionnel a également semblé perplexe : "Nous en avions vu pas mal mais celle-là, c'est la première !" Le tribunal doit rendre son délibéré jeudi.
 

Rédigé par Garance Colbert le Mercredi 2 Décembre 2020 à 15:48 | Lu 2107 fois