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​"Ce sont des influenceurs redoutables"


PAPEETE, le 9 octobre 2019 - Près de 760 élèves des écoles de l’agglomération urbaine ont participé à la Journée Rencontres de la sécurité, place Vaiete, mercredi. Cette année, la manifestation cible le public scolaire avec l’intention d’en faire le vecteur de son message de prévention sur la sécurité routière.
 
Les Journées Rencontres de la sécurité sont traditionnellement une fenêtre ouverte afin de présenter au grand public ceux qui interviennent au quotidien pour garantir l’ordre et la sécurité. L’événement se décline habituellement en deux manifestations au plan national, l’une centrée sur les métiers de la sécurité et l’autre sur la sécurité routière. La manifestation offre habituellement l’opportunité, sur un même site, de s’entretenir avec des représentants de la police nationale et municipale, de la gendarmerie, des sapeurs-pompiers, des agents de la protection civile, etc. L’occasion pour tous de présenter leur métier et peut-être de susciter des vocations. L’opportunité en somme de se faire mieux connaître.

Cette année, actualité oblige avec 27 morts sur les routes polynésiennes depuis janvier 2019, la manifestation organisée par les services de l’Etat a délibérément mis en avant des messages de prévention à l’intention des scolaires, avec un accent particulier sur la sécurité routière. Près de 760 élèves des écoles publiques et privées de l’agglomération urbaine de Papeete ont ainsi été accueillis place Vaiete, mercredi de 8 heures à 15 heures.

L’offre était adaptée à l’appétit ludique de ce public jeune : animations musicales, spectacles de marionnettes, stands de mise en situation routière, de découverte des panneaux de signalisation, appareil de simulation d’un choc accidentel pour promouvoir le port de la ceinture, démonstration de désincarcération par les sapeurs-pompiers de Papeete, etc.

"Les enfants sont des vecteurs de la prévention"

Le public scolaire est visé en vertu d’un principe que les parents connaissent bien, pour en avoir certainement déjà un jour été la cible. Qui n’a pas honteusement fini par boucler sa ceinture après avoir été la cible d’une remarque innocente venant du passager arrière ? Comme l’explique Anne-Laure Dautry, la chef du service des sécurités au haut-commissariat, organisatrice de la manifestation, "on a voulu leur donner une teinture particulière autour de la sécurité routière, compte tenu du contexte. On a voulu développer et adapter des animations qui soient adaptées aux plus jeunes. (…) Ce sont des influenceurs redoutables, dans une voiture. C'est vraiment un pari sur l'avenir. On n'aura peut-être pas des résultats tout de suite, mais j'escompte  qu'on les aura un jour."

Même objectif au stand de la Direction de la protection civile, comme l’explique sur place le commandant Pierre Michel : "Nous habitons sur un territoire à risque cyclonique et tsunami pour lesquels il faut être préparé et savoir réagir en cas d’alerte. Notre objectif aujourd’hui est de leur transmettre un certain nombre d’éléments, qu’ils pourront transmettre à leurs parents et au reste de la famille. Chez les adultes, il y a souvent des comportements établis qu’il est difficile de faire changer. En éduquant les jeunes, très tôt, cela permet qu’ils aient les bonnes pratiques à l’avenir, et éventuellement de les imposer dès aujourd’hui aux parents."

Les Journées de la sécurité ont été organisées par le haut-commissariat en collaboration avec la Direction générale des enseignements et de l’éducation (DGEE), qui a diffusé une invitation en début d’année. "Ce matin, on s’est organisé pour faciliter le déplacement. Nous avons souhaité pouvoir toucher un maximum d’élèves", souligne Thierry Delmas, le directeur de la DGEE qui partage ce même credo : "Les enfants sont des vecteurs de la prévention. Ils le sont entre eux mais aussi vis-à-vis des parents."

​"Il faut que l’on s’attaque à ces mauvais chiffres en matière de mortalité sur la route"

Dominique Sorain, haut-commissaire de la République en Polynésie française.
Dominique Sorain, haut-commissaire de la République en Polynésie française.
Quelle est la vocation première des Journées Rencontres de la sécurité ?
C’est l’occasion de présenter tous les métiers de la sécurité : sapeurs-pompiers, police, gendarmerie… Il y a le Pays avec la Direction des transports terrestres. Mais aujourd’hui on a souhaité faire venir des jeunes, parce que la sensibilisation passe beaucoup par la jeunesse. Il s’agit de leur enseigner de bons réflexes en matière de sécurité routière. Les jeunes peuvent aussi faire passer des messages aux parents. C’est pour cela qu’ils sont nombreux aujourd’hui. C’est très bien.
 
Quel regard portez-vous sur les chiffres de la mortalité routière cette année en Polynésie ?
Le bilan est contrasté. En 2019 nous avons une baisse très importante (- 35 %) du nombre d’accidents et de blessés, par rapport à 2018. En revanche, par rapport à l’année dernière, à périodes égales nous avons deux tués de plus avec 27 morts à ce jour. Cela signifie que les accidents sont de plus en plus violents. C’est dû beaucoup à des comportements à risques : la consommation d’alcool pour la moitié des tués et la forte exposition des jeunes en deux-roues. Il faut que l’on s’attaque à ces mauvais chiffres en matière de mortalité sur la route. On va le faire de diverses manières : par des contrôles de police et de gendarmerie sur la route. Je serai intraitable.

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Mercredi 9 Octobre 2019 à 14:24 | Lu 2641 fois