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Virus: les Bourses se noient, la BCE ne parvient pas à rassurer


Paris, France | AFP | jeudi 12/03/2020 - Une chute sans fin? Les marchés s'écrasaient jeudi, guère rassurés par des annonces de relance de la BCE et surtout très inquiets de la réponse américaine à la pandémie de coronavirus.

La panique était telle que les échanges ont été suspendus pendant quinze minutes après l'ouverture à Wall Street. Le Dow Jones n'en a pas moins plongé à la reprise de l'activité, lâchant plus de 7% vers 13h55 GMT.
Même scénario à Sao Paulo: la Bourse s'est enfoncée à l'ouverture de plus de 11%, avant que les échanges ne soient suspendus pour la troisième fois de la semaine.
Paris, Francfort, Madrid lâchaient 10% ou plus vers 13h55 GMT. Les principaux indices européens ont tous dévissé de près de 30% depuis le début d'année: un véritable krach.
Attendue au tournant, la Banque centrale européenne a annoncé jeudi qu'elle maintenait ses taux directeurs inchangés, alors que ses homologues américaine et britannique ont toutes deux opté quelques jours plus tôt pour des baisses.
Le fait que la BCE n'ait pas fait de même "en dit long sur le manque de coordination entre les Etats-Unis et l'Union européenne", commente dans une note Sébastien Galy de Nordea Investment.
L'institution a toutefois lancé jeudi un programme de prêts pour soutenir les PME les plus touchées par l'épidémie de coronavirus, et compte acheter 120 milliards d'euros de dette publique et privée supplémentaire d'ici la fin de l'année. Pas de quoi rassurer les investisseurs.
La réaction a été tout aussi brutale sur le marché de la dette. Les investisseurs se détournant des actifs risqués, le taux à dix ans italien remontait en flèche, tandis que son pendant allemand, le "Bund", considéré comme valeur refuge, s'enfonçait.
 

- "Vendez, vendez, vendez" -

 
La journée avait déjà très mal démarré sur les marchés financiers, les investisseurs redoublant d'inquiétude après la décision de Donald Trump de suspendre pour 30 jours l'entrée des Européens aux Etats-Unis en raison du coronavirus.
Cette suspension sera effective dès la nuit de vendredi à samedi. Seuls les citoyens américains et les résidents permanents aux Etats-Unis seront autorisés à rentrer pendant cette période, et le département d'Etat a invité dans la foulée les Américains à éviter tout voyage à l'étranger, un fait sans précédent.
L'annonce de M. Trump "a pris les investisseurs par surprise" alors que les marchés attendaient plutôt d'importantes mesures de soutien à l'économie américaine, expliquait Vincent Boy, analyste marché chez IG France.
La "descente aux enfers" des Bourses devrait continuer à court et moyen termes, selon M. Boy.
"Vendez, vendez, vendez": l'analyste d'AxiCorp Stephen Innes résumait ainsi l'état d'esprit dans les salles de marché après l'annonce de M. Trump, car "des restrictions de voyages veulent dire encore moins d'activité économique mondiale".
Le discours de M. Trump a aussi fait l'effet d'une douche froide en Asie, alors que les marchés financiers encaissaient par ailleurs le choc du relèvement de l'épidémie de coronavirus au stade de "pandémie" par l'OMS.

- Le pétrole replonge -

 
A Tokyo, l'indice vedette Nikkei a clôturé jeudi sur une chute de 4,41%. Il a sombré de plus de 20% depuis le début de l'année.
A la Bourse de Hong Kong, l'indice Hang Seng s'est replié jeudi de 3,66%, tandis que les pertes ont été plus limitées sur les places de Chine continentale (-1,52% à Shanghai, -2,2% à Shenzhen).
Les cours du pétrole sont aussi violemment repartis dans le rouge, la suspension pour un mois des vols de l'Europe vers les Etats-Unis signifiant une baisse drastique de la consommation d'or noir, déjà en berne.
Vers 13H50 GMT le prix du baril de brut américain WTI lâchait 7,31% à 30,57 dollars et celui du baril de Brent londonien 7,07% à 33,26 dollars.

Zoom : Le secteur aérien en perdition en Bourse

Les titres des compagnies aériennes étaient en perdition jeudi matin à Wall Street comme sur les principales places financières européennes, déstabilisés par la décision du président Donald Trump de suspendre tous les vols d'Europe vers les États-Unis.
A la Bourse de New York, le titre de United Airlines s'effondrait de 14,66% à 42,10 dollars quand les cotations ont été suspendues juste après l'ouverture, après la chute de 7% de l'indice élargi S&P 500. 
Celui d'American Airlines plongeait au même moment de 13,78% à 14,02 dollars, celui de Delta chutait de 11,88% à 37,60 dollars et celui de JetBlue perdait 13,63% à 11,72 dollars. 
Le titre d'Air France-KLM figurait de son côté parmi les plus mal en point à Paris, s'enfonçant vers 13H45 GMT de 7,74% à 4,51 euros. 
A Francfort, celui de Lufthansa faisait pire: -9,03% à 9,27 euros.
Même scénario à Londres, où l'action du groupe IAG, propriétaire de British Airways, sombrait de 10,5% à 355 pence et celle d'EasyJet de 9,34% à 839 pence.
Ces valeurs sont parmi les plus exposées à la baisse drastique du tourisme en Europe et aux interruptions de certaines liaisons, imposées pour tenter de ralentir la propagation du nouveau coronavirus.
Le secteur subit un nouveau coup dur après la décision de président américain Donald Trump de suspendre à compter de vendredi tous les voyages depuis l'Europe vers les États-Unis (à l'exception du Royaume-Uni) pour tenter d'endiguer la propagation du Covid-19 sur le sol américain.
L'annonce de M. Trump "a pris les investisseurs par surprise", souligne Vincent Boy, analyste marché chez IG France.
"Avec l'interdiction de voyager pour les européens aux États-Unis, un nouveau pas est franchi", et cette décision "risque d'alimenter les tendances protectionnistes des États", commente Andreas Lipkow, analyste pour Comdirect.
La crainte que d'autres pays suivent l'exemple des Etats-Unis "paralyse la Bourse", renchérit Timo Emden, d'Emden Research.
L'épidémie de Covid-19 pourrait coûter plus de 100 milliards de dollars au transport aérien, s'était alarmée dès le 5 mars l'Association internationale du transport aérien (Iata).
Déjà affecté par les déboires du 737 MAX, le constructeur aéronautique Boeing était aussi lourdement sanctionné par les marchés, qui s'inquiètent de sa santé financière au moment où le transport aérien traverse une de ses plus graves crises depuis les attentats du 11-septembre. Après avoir déjà chuté de 18% mercredi à la Bourse de New York, il s'effondrait encore de 14,13% à 162,37 dollars jeudi quand les échanges ont été suspendus.

Rédigé par RB le Jeudi 12 Mars 2020 à 04:12 | Lu 848 fois