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Violences en série dans le secondaire en Guyane


Cayenne, France | AFP | jeudi 25/01/2018 - Les mobilisations du personnel éducatif se multiplient dans le secondaire de l'académie de Guyane pour demander plus de moyens face à de nombreux faits de violences, a constaté l’AFP.

Depuis le début de la semaine, la communauté éducative du second degré se mobilise dans les trois plus grandes villes de Guyane pour réclamer des moyens face à la violence scolaire.
L'académie de Guyane est quasi intégralement classée Rep+ (quartiers très défavorisés).
Une intersyndicale d'un lycée de Cayenne appelle à la grève mardi pour réclamer des solutions suite à la "baisse des moyens AED (assistants d’éducation) et contrat aidés".
Selon le communiqué de l’intersyndicale, les coupes opérées sur le "service de vie scolaire" ont engendré des "difficultés dans la gestion des incivilités et violences, des absences et du décrochage".
Interrogé par l’AFP sur les coupes des contrats aidés, le rectorat n’a pas souhaité s’exprimer.
"Les vies scolaires (service qui regroupe les surveillants, gère les absences, les retards, sous la responsabilité des CPE, ndlr) ont perdu plus de 40% de leurs moyens" (de 528 à 300 postes) en Guyane, a chiffré le syndicat Sgen, qui affirme que le "niveau de congés maladie" est le plus haut jamais atteint.
Par rapport à 2017, les emplois aidés pour les agents techniques des 44 établissements reculent de "53 postes", mais ces postes sont "ouverts", a répondu à l'AFP la collectivité territoriale de Guyane (CTG).
A Matoury, ville de 32.000 habitants aussi classée zone de sécurité prioritaire (ZSP), des professeurs ont débrayé jeudi, après une "bagarre géante" qui a éclaté mercredi entre "deux clans rivaux" selon le quotidien France-Guyane. "Des professeurs ont été frappés, ainsi qu'un agent d'entretien".
Dans l'ouest, "tous les ans depuis 4 ans, sur l’ensemble du bassin il y a des faits de violence" a dit à l'AFP un CPE sous couvert d 'nonymat. "La précarité des familles, leur difficulté d’accès aux droits fondamentaux, les établissements surchargés, le manque de formation des enseignants" sont les principales causes selon lui.
Suite à l’agression mineure d'un enseignant de collège par plusieurs anciens élèves à Saint-Laurent-du-Maroni, un appel à la grève a aussi été lancé pour mardi.
De l’avis d'un professeur de ce collège de "850 élèves, mais dimensionné pour 600", "il y a un manque de perspectives liées à des manques de moyens et aux choix politiques. Il y a beaucoup d’élèves déscolarisés ou en décrochage, ça zone, nous subissons la pression de la rue".
La CTG a annoncé qu'"un audit de sécurité de tous les établissements était en cours". Une réunion CTG-rectorat est prévue vendredi.

le Vendredi 26 Janvier 2018 à 05:22 | Lu 568 fois