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Viol, violences : Deux autres enquêtes au RSMA


Tahiti, le 21 septembre 2020 – Une semaine après les révélations sur le suicide et la plainte pour viol aggravé visant un sergent du RSMA, le militaire mis en cause a été mis en examen et écroué à Nuutania. Mais surtout, selon les informations recueillies par Tahiti Infos, deux autres enquêtes ont été ouvertes en moins de cinq mois au RSMA pour des soupçons de viol entre stagiaires et de violences volontaires aggravées d'un autre militaire sur des subalternes.
 
Alors que le Régiment du service militaire adapté de Polynésie française (RSMA) a déjà été touché il y a dix jours par l'affaire du suicide d'une jeune stagiaire qui avait porté plainte pour viol contre un supérieur hiérarchique, deux autres enquêtes –jusqu'ici restées confidentielles– pour viol aggravé et violences volontaires aggravées ont également été ouvertes en moins de cinq mois au sein du régiment.
 

Plaintes pour viol et pour violences

Selon les informations recueillies par Tahiti Infos, cinq mois avant que la défunte volontaire stagiaire de Hiva Oa ne dépose plainte, c’est une autre volontaire stagiaire également affectée aux Marquises qui avait, elle aussi, dénoncé des faits de viol commis cette fois-ci par un autre volontaire stagiaire. Placé en garde à vue à la Section de recherches (SR) de Papeete, le mis en cause de 23 ans a depuis été présenté à un juge d’instruction à Papeete, mis en examen pour viol et placé sous contrôle judiciaire. L’instruction de ce second dossier de viol au RSMA de Hiva Oa est actuellement en cours.
 
Par ailleurs, une troisième affaire a été révélée à la fin du mois d’août lorsque deux stagiaires du RSMA de Hiva Oa ont rapporté avoir été victimes de violences de la part d’autres volontaires stagiaires. Le tout commis sur ordre de leur supérieur hiérarchique qui ne les trouvait pas assez compétents. Le cadre avait notamment mis en place des combats de boxe au cours desquels les deux plaignants se faisaient frapper. Une enquête préliminaire ouverte pour "violences aggravées", dirigée par la section C3 du parquet de Paris, est toujours en cours.
 

Le sergent de Hiva Oa écroué

Dans la première affaire, mise au jour la semaine dernière, une jeune femme de 21 ans, stagiaire volontaire à la caserne du RSMA de Hivao Oa, s’était donnée la mort le 10 septembre dernier par pendaison au sein du Cercle Mixte Interarmées de Tahiti (CMIT), situé à Pirae. Après le drame, annoncé sur les réseaux sociaux par le RSMA, nos confrères de Polynésie la 1ère avaient révélé que, quelques jours avant sa mort, la jeune femme avait porté plainte pour viol contre l’un de ses supérieurs hierarchiques, sergent au sein de la caserne de Hiva Oa aux Marquises. Tel que l’avait alors précisé le procureur de la République, Hervé Leroy, deux enquêtes distinctes portant sur ces faits de "viol aggravé" avaient été ouvertes suite à la plainte déposée par la jeune volontaire stagiaire. Une première avait été prise en charge par la Section de recherches de Papeete sous la houlette de la section C3 du parquet de Paris. La seconde avait été confiée à la Direction de la sécurité publique (DSP) de Papeete.
 
Lors de son dépôt de plainte en août dernier, la défunte avait relaté un viol commis par son supérieur hiérarchique alors qu’elle effectuait une mission à Hiva Oa. Toujours selon nos informations, le mis en cause a été placé en garde à vue dans les locaux de la Section de Recherches (SR) de Papeete le 13 septembre dernier. Visé par un mandat d’amener délivré par le juge d’instruction parisien en charge du dossier, le sergent du RSMA a ensuite été incarcéré à Nuutania dans l’attente de son transfert en métropole, qui devra intervenir dans un délai maximum de 15 jours à compter de la notification du mandat d’amener.
 
Contacté, le RSMA n'a pas souhaité s'exprimer sur ces trois affaires. Rappelons que chaque année, le régiment accueille plusieurs centaines de stagiaires en Polynésie française, parfois déscolarisés très jeunes, pour leur faire bénéficier d’une formation et parvenir à leur insertion socio-professionnelle.

Un passé judiciaire déjà chargé au RSMA

En mai 2018 déjà, un stagiaire volontaire de 24 ans, en mission à Tubuai aux Australes, avait été mis en examen pour deux viols commis sur l’une de ses camarades et sur une femme plus âgée qui se trouvait en situation de handicap. Face au juge d’instruction, le jeune homme avait expliqué qu’il n’avait aucun souvenir des faits car il était complètement ivre. Trois ans plus tôt, en 2015, c’est un ancien sergent-chef de ce qui s’appelait à l’époque le Groupement du Service Militaire adapté (GSMA), qui avait été condamné à cinq ans de prison dont trois avec sursis par la cour d’assises de Papeete pour des agressions sexuelles commises sur des stagiaires.
 

Rédigé par Garance Colbert le Lundi 21 Septembre 2020 à 08:17 | Lu 14237 fois