Tahiti, le 28 février 2024 - Bien connu du monde de la glisse comme pratiquant de bodyboard, dropknee et kneeboard, Varoa Boosie est aussi le gérant de la poissonnerie de Papara. Un incontournable pour les résidents alentour mais aussi celles et ceux qui rentrent à la Presqu’île. Il insiste, malgré la charge de travail, il ne vendrait pas son magasin pour l’or du monde.
Elle est ouverte six jours sur sept, parfois sept jours du sept en période de fêtes. Située à la sortie du pont qui enjambe la Taharu’u à Papara, la poissonnerie de Varoa Boosie est un commerce bien connu de la côte ouest. Les résidents de la commune y trouvent du poisson frais, des plats, du lait de coco, des fruits et produits transformés et même pour les habitués des planches de bodyboard. Son gérant, Varoa Boosie, fier de faire vivre cet héritage laissé par son père, réside non loin. Il est installé dans ce qu’il considère comme un petit paradis, au fond de la servitude qui longe la poissonnerie, à l’abri de la plage, à quelques pas seulement du spot de surf.
Il est né en 1982, à Tavararo à Faa’a. Il a grandi dans la zone urbaine mais se rappelle les week-ends passés chez sa grand-mère paternelle à Parara. “On avait hâte d’y aller et de pouvoir surfer.” Il passait ses samedis et ses dimanches dans l’eau. En semaine, en plus des cours au collège puis au lycée, il pratiquait l’athlétisme au sein de l’AS Tefana. Il avoue avoir démarré la pratique pour perdre du poids. “Les gens se moquaient.” Il courait sur 800, 1 000, 2 000 et 3 000 mètres. Il participait très régulièrement à des compétitions qui étaient organisées au stade Pater. “J’ai fréquenté bon nombre de sportifs devenus des athlètes.” Il cite par exemple Tutea Degage.
Voir le monde
En sortant du lycée, il a obtenu un brevet d’études professionnelles (BEP), puis il a intégré un bac pro MSMA, c’est-à-dire Maintenance des systèmes mécaniques automatisés. Il dit ne pas avoir eu d’affinités particulières avant de se lancer. “Et puis une fois dedans, j’ai trouvé ça intéressant.” Il aurait aimé s’engager dans l’armée pour pouvoir voyager, voir le monde. Mais la vie en a décidé autrement.
Il est issu d’une fratrie de quatre enfants. Son père, qui travaillait à la mairie de Faa’a, a, un jour, à la fin des années 1990, décidé de prendre une année de disponibilité pour fonder son entreprise. “Il a senti que ça marcherait. Il a eu le feeling.” Il existait déjà une poissonnerie à Papara, il a choisi d’en ouvrir une autre qu’il a appelée Pitate Tuna Fishing. “Et il a bien fait !” L’inauguration a eu lieu le 27 décembre 1999. Varoa Boosie a rapidement été envoyé au port de pêche de Papeete pour apprendre à découper le poisson et aider au projet familial. “J’y allais pendant les vacances”, précise-t-il. À l’époque, en plus de la vente en boutique, la poissonnerie assurait des livraisons. Varoa Boosie était sollicité pour donner un coup de main.
Gagner en indépendance
En 2000, il a quitté l’école pour “toucher un peu d’argent” et gagner en indépendance. En 2001, son père est tombé malade, il est décédé en 2003. Varoa Boosie a repris la poissonnerie, il s’est concentré, lui, sur la vente à Papara, à la poissonnerie. Ses journées alors démarraient très tôt. Il se levait à 1 heure du matin pour aller chercher le poisson. La poissonnerie fermait entre 18 et 19 heures le soir. “J’aurais aimé savoir pêcher, mais ce n’est pas moi qui fais ça. De toute façon, faire les deux, ce n’est pas une vie.” Varoa Boosie travaille avec des thoniers, en fonction des besoins et des propositions, il prend aussi le poisson des pêcheurs en potimarara. Il a, avec lui, deux salariés, des stagiaires depuis deux ans et des extras le dimanche. Faire travailler les jeunes de la commune lui importe, il les encourage à venir lui vendre des cocos par exemple pour qu’il puisse faire du lait. “Cela leur permet de gagner un peu d’argent et de s’acheter des planches de surf.” Depuis peu, il a réorganisé son emploi du temps. Ce n’est plus lui qui va au port de pêche récupérer le poisson, il travaille un peu moins. “On prend de l’âge !” Fin 2022, il a également ouvert avec sa compagne une roulotte, Pitate grill roulotte. Elle jouxte la poissonnerie.
“C’est ma bouffée d’oxygène”
Pour se ressourcer, Varoa Boosie s’immerge, il surfe sur les vagues. “Retrouver les copains dans l’eau, c’est ma bouffée d’oxygène.” Il pratique le bodyboard, mais aussi le dropknee et le kneeboard. Le dropknee ou DK est une variante du bodyboard. Il faut, pour en faire, non pas s’allonger mais se tenir en équilibre sur la planche en posant à l'avant un pied à plat et à l'arrière le genou de son autre jambe. Le kneeboard, littéralement planche à genoux, est considéré comme le petit frère du wakeboard. C’est un sport de glisse nautique qui consiste à évoluer sur l’eau agenouillé sur une planche courte. Celle-ci est semblable à une planche de surf, mais plus courte, plus épaisse et plus large, le nez est arrondi et elle est dotée de dérive. Les cuisses du pratiquant sont maintenues à l’aide d’une sangle réglable. Varoa Boosie participe à des compétitions. Il a d’ailleurs remporté une année, à l’issue du championnat, un billet d’avion. Une aubaine car cela lui a permis de se rendre en France puis à Madagascar pour assister aux fiançailles de l’un de ses frères aînés en 2019. Le séjour reste mémorable, le dépaysement total. C’était la première fois qu’il partait. Il a passé deux semaines sur l’île Rouge, a pu découvrir Antananarivo et Sainte-Marie, et une semaine en métropole. “Là-bas, je suis allé surfer à Biscarrosse, où j’ai croisé des Tahitiens et des gens qui avaient vécu à Tahiti”, raconte-t-il amusé.
Varoa Boosie fait également partie de la commission de la fédération tahitienne de surf, il appartient au club Rautirare surf de Mataiea. Il est régulièrement appelé pour faire partie des jurys. Il accepte quand les compétitions se déroulent derrière chez lui à la Taharu’u, mais il refuse lorsqu’elles sont à Teahupo’o ou bien à Rangiroa. “Je ne peux pas laisser la poissonnerie”, dit-il, sans regret. “Si, par exemple, je m’étais engagé dans l’armée, si j’étais parti, je serais revenu à la retraite, la poissonnerie ne serait sans doute plus là.”
Elle est ouverte six jours sur sept, parfois sept jours du sept en période de fêtes. Située à la sortie du pont qui enjambe la Taharu’u à Papara, la poissonnerie de Varoa Boosie est un commerce bien connu de la côte ouest. Les résidents de la commune y trouvent du poisson frais, des plats, du lait de coco, des fruits et produits transformés et même pour les habitués des planches de bodyboard. Son gérant, Varoa Boosie, fier de faire vivre cet héritage laissé par son père, réside non loin. Il est installé dans ce qu’il considère comme un petit paradis, au fond de la servitude qui longe la poissonnerie, à l’abri de la plage, à quelques pas seulement du spot de surf.
Il est né en 1982, à Tavararo à Faa’a. Il a grandi dans la zone urbaine mais se rappelle les week-ends passés chez sa grand-mère paternelle à Parara. “On avait hâte d’y aller et de pouvoir surfer.” Il passait ses samedis et ses dimanches dans l’eau. En semaine, en plus des cours au collège puis au lycée, il pratiquait l’athlétisme au sein de l’AS Tefana. Il avoue avoir démarré la pratique pour perdre du poids. “Les gens se moquaient.” Il courait sur 800, 1 000, 2 000 et 3 000 mètres. Il participait très régulièrement à des compétitions qui étaient organisées au stade Pater. “J’ai fréquenté bon nombre de sportifs devenus des athlètes.” Il cite par exemple Tutea Degage.
Voir le monde
En sortant du lycée, il a obtenu un brevet d’études professionnelles (BEP), puis il a intégré un bac pro MSMA, c’est-à-dire Maintenance des systèmes mécaniques automatisés. Il dit ne pas avoir eu d’affinités particulières avant de se lancer. “Et puis une fois dedans, j’ai trouvé ça intéressant.” Il aurait aimé s’engager dans l’armée pour pouvoir voyager, voir le monde. Mais la vie en a décidé autrement.
Il est issu d’une fratrie de quatre enfants. Son père, qui travaillait à la mairie de Faa’a, a, un jour, à la fin des années 1990, décidé de prendre une année de disponibilité pour fonder son entreprise. “Il a senti que ça marcherait. Il a eu le feeling.” Il existait déjà une poissonnerie à Papara, il a choisi d’en ouvrir une autre qu’il a appelée Pitate Tuna Fishing. “Et il a bien fait !” L’inauguration a eu lieu le 27 décembre 1999. Varoa Boosie a rapidement été envoyé au port de pêche de Papeete pour apprendre à découper le poisson et aider au projet familial. “J’y allais pendant les vacances”, précise-t-il. À l’époque, en plus de la vente en boutique, la poissonnerie assurait des livraisons. Varoa Boosie était sollicité pour donner un coup de main.
Gagner en indépendance
En 2000, il a quitté l’école pour “toucher un peu d’argent” et gagner en indépendance. En 2001, son père est tombé malade, il est décédé en 2003. Varoa Boosie a repris la poissonnerie, il s’est concentré, lui, sur la vente à Papara, à la poissonnerie. Ses journées alors démarraient très tôt. Il se levait à 1 heure du matin pour aller chercher le poisson. La poissonnerie fermait entre 18 et 19 heures le soir. “J’aurais aimé savoir pêcher, mais ce n’est pas moi qui fais ça. De toute façon, faire les deux, ce n’est pas une vie.” Varoa Boosie travaille avec des thoniers, en fonction des besoins et des propositions, il prend aussi le poisson des pêcheurs en potimarara. Il a, avec lui, deux salariés, des stagiaires depuis deux ans et des extras le dimanche. Faire travailler les jeunes de la commune lui importe, il les encourage à venir lui vendre des cocos par exemple pour qu’il puisse faire du lait. “Cela leur permet de gagner un peu d’argent et de s’acheter des planches de surf.” Depuis peu, il a réorganisé son emploi du temps. Ce n’est plus lui qui va au port de pêche récupérer le poisson, il travaille un peu moins. “On prend de l’âge !” Fin 2022, il a également ouvert avec sa compagne une roulotte, Pitate grill roulotte. Elle jouxte la poissonnerie.
“C’est ma bouffée d’oxygène”
Pour se ressourcer, Varoa Boosie s’immerge, il surfe sur les vagues. “Retrouver les copains dans l’eau, c’est ma bouffée d’oxygène.” Il pratique le bodyboard, mais aussi le dropknee et le kneeboard. Le dropknee ou DK est une variante du bodyboard. Il faut, pour en faire, non pas s’allonger mais se tenir en équilibre sur la planche en posant à l'avant un pied à plat et à l'arrière le genou de son autre jambe. Le kneeboard, littéralement planche à genoux, est considéré comme le petit frère du wakeboard. C’est un sport de glisse nautique qui consiste à évoluer sur l’eau agenouillé sur une planche courte. Celle-ci est semblable à une planche de surf, mais plus courte, plus épaisse et plus large, le nez est arrondi et elle est dotée de dérive. Les cuisses du pratiquant sont maintenues à l’aide d’une sangle réglable. Varoa Boosie participe à des compétitions. Il a d’ailleurs remporté une année, à l’issue du championnat, un billet d’avion. Une aubaine car cela lui a permis de se rendre en France puis à Madagascar pour assister aux fiançailles de l’un de ses frères aînés en 2019. Le séjour reste mémorable, le dépaysement total. C’était la première fois qu’il partait. Il a passé deux semaines sur l’île Rouge, a pu découvrir Antananarivo et Sainte-Marie, et une semaine en métropole. “Là-bas, je suis allé surfer à Biscarrosse, où j’ai croisé des Tahitiens et des gens qui avaient vécu à Tahiti”, raconte-t-il amusé.
Varoa Boosie fait également partie de la commission de la fédération tahitienne de surf, il appartient au club Rautirare surf de Mataiea. Il est régulièrement appelé pour faire partie des jurys. Il accepte quand les compétitions se déroulent derrière chez lui à la Taharu’u, mais il refuse lorsqu’elles sont à Teahupo’o ou bien à Rangiroa. “Je ne peux pas laisser la poissonnerie”, dit-il, sans regret. “Si, par exemple, je m’étais engagé dans l’armée, si j’étais parti, je serais revenu à la retraite, la poissonnerie ne serait sans doute plus là.”