TAHITI, le 29 octobre 2020 - À 23 ans, Vaiana Drollet a racheté la plus ancienne galerie de Polynésie, la galerie Winkler. Depuis 2000, elle vise les mêmes objectifs : continuer à inviter des artistes de toujours, conserver ces références et l’histoire de la galerie mais aussi apporter un souffle nouveau.
Au début des années 60, il y avait environ une dizaine d’artistes peintres à Tahiti. Ils exposaient où ils pouvaient, sur le port de la ville, à l’ancien Cercle Bougainville, au salon carré de l’Hôtel Les Tropiques à Auae Fa’a’a ou encore à l’Hôtel Tahiti et à l’Hôtel Stuart.
Les expositions étaient rares. Heyman, Gouwe et Aad Van der Heyde pour ne citer qu’eux, n’avaient exposé que trois fois à Tahiti à cette époque.
La première galerie de Polynésie a vu le jour le 29 février 1964 grâce à Sandy Werner Winkler, un ancien élève de l’Ecole du Louvre et expert auprès des Tribunaux.
Cette galerie se trouvait alors quartier Vaima au Passage des Beaux Arts qui reliait le bord de mer à la rue du Général De Gaulle. Du fait des aménagements du front de mer et de la construction du nouveau centre commercial Vaima, la galerie a déménagé fin 1975 début 1976, rue Jeanne d’Arc où elle est à l’heure actuelle.
À sa retraite en 1980, Sandy Wermer céda sa galerie à Shirley Elliot et Michel Williams. En avril 2000, ces derniers prirent à leur tour leur retraite et se séparèrent de leur galerie au profit de Vaiana Drollet.
Elle avait 23 ans. Elle se rappelle : "j’ai fait des études d’art, j’ai une maîtrise d’arts plastiques à Toulouse et, à l’issue, j’ai préparé l’agrégation à Bordeaux". Elle n’a finalement pas passé le concours et est rentrée au fenua après une escale à New York.
Apporter un nouveau souffle
À Tahiti, à son retour, elle a enseigné. "Mais", raconte-t-elle, "ce n’était pas ma vocation". Lorsque l’offre de rachat de la galerie s’est présentée, elle a sauté sur l’occasion. C’était en 2000.
"Il y a avait deux enjeux, continuer à présenter le travail des artistes qui étaient déjà là, déjà connus, conserver ces références, l’histoire de la galerie, mais aussi, et j’y tenais, apporter un nouveau souffle."
Pendant toutes ces années, Vaiana Drollet a réussi à atteindre et concilier ces deux objectifs. Pour preuve, en 2021, elle espère fêter les 50 ans d’Erhard Lux. En parallèle, elle est en permanence à l’affût de nouveaux artistes. "L’art contemporain polynésien est bien vivant."
Ce jeudi, une nouvelle exposition s’ouvre dans ce contexte. Elle est dans la continuité de l’exposition qui a été organisée à la bibliothèque universitaire au mois d’octobre : Mona Lisa TAPA tout dit.
"Il y a 18 artistes qui n’ont jamais exposé en galerie", se réjouit Vaiana Drollet. Elle a été enthousiasmée par l’énergie de cette aventure artistique. "La bibliothèque universitaire était un terrain d’expérimentation, les artistes que j’ai choisis ont créé d’autres œuvres spécialement pour la galerie."
Berni, Concrètement design, Éric Ferret, Jean-Paul Forrest, Gaya, Lovaïna Guirao, Iho Tumu, Titouan Lamazou, Maimoa, Moetu Fenuart, Pierre Motahi, Claire Mouraby, Libor Prokop, Karine Roué, Tahiri Sommer, Te Araiti, Valmigot et Vashee présentent : "des œuvres audacieuses qui séduiront le public par l’originalité des matériaux et des techniques utilisées ainsi que par le dialogue qu’elles inaugurent".
Ce sont des sculptures, peintures, assemblages, installations mais aussi un parfum…
Elles sont visibles toute cette journée de jeudi et si, la galerie venait à fermer, vous pourrez les retrouver en ligne. Une chaîne Youtube existe. Des interviews des artistes, par exemple, y sont accessibles.
Au début des années 60, il y avait environ une dizaine d’artistes peintres à Tahiti. Ils exposaient où ils pouvaient, sur le port de la ville, à l’ancien Cercle Bougainville, au salon carré de l’Hôtel Les Tropiques à Auae Fa’a’a ou encore à l’Hôtel Tahiti et à l’Hôtel Stuart.
Les expositions étaient rares. Heyman, Gouwe et Aad Van der Heyde pour ne citer qu’eux, n’avaient exposé que trois fois à Tahiti à cette époque.
La première galerie de Polynésie a vu le jour le 29 février 1964 grâce à Sandy Werner Winkler, un ancien élève de l’Ecole du Louvre et expert auprès des Tribunaux.
Cette galerie se trouvait alors quartier Vaima au Passage des Beaux Arts qui reliait le bord de mer à la rue du Général De Gaulle. Du fait des aménagements du front de mer et de la construction du nouveau centre commercial Vaima, la galerie a déménagé fin 1975 début 1976, rue Jeanne d’Arc où elle est à l’heure actuelle.
À sa retraite en 1980, Sandy Wermer céda sa galerie à Shirley Elliot et Michel Williams. En avril 2000, ces derniers prirent à leur tour leur retraite et se séparèrent de leur galerie au profit de Vaiana Drollet.
Elle avait 23 ans. Elle se rappelle : "j’ai fait des études d’art, j’ai une maîtrise d’arts plastiques à Toulouse et, à l’issue, j’ai préparé l’agrégation à Bordeaux". Elle n’a finalement pas passé le concours et est rentrée au fenua après une escale à New York.
Apporter un nouveau souffle
À Tahiti, à son retour, elle a enseigné. "Mais", raconte-t-elle, "ce n’était pas ma vocation". Lorsque l’offre de rachat de la galerie s’est présentée, elle a sauté sur l’occasion. C’était en 2000.
"Il y a avait deux enjeux, continuer à présenter le travail des artistes qui étaient déjà là, déjà connus, conserver ces références, l’histoire de la galerie, mais aussi, et j’y tenais, apporter un nouveau souffle."
Pendant toutes ces années, Vaiana Drollet a réussi à atteindre et concilier ces deux objectifs. Pour preuve, en 2021, elle espère fêter les 50 ans d’Erhard Lux. En parallèle, elle est en permanence à l’affût de nouveaux artistes. "L’art contemporain polynésien est bien vivant."
Ce jeudi, une nouvelle exposition s’ouvre dans ce contexte. Elle est dans la continuité de l’exposition qui a été organisée à la bibliothèque universitaire au mois d’octobre : Mona Lisa TAPA tout dit.
"Il y a 18 artistes qui n’ont jamais exposé en galerie", se réjouit Vaiana Drollet. Elle a été enthousiasmée par l’énergie de cette aventure artistique. "La bibliothèque universitaire était un terrain d’expérimentation, les artistes que j’ai choisis ont créé d’autres œuvres spécialement pour la galerie."
Berni, Concrètement design, Éric Ferret, Jean-Paul Forrest, Gaya, Lovaïna Guirao, Iho Tumu, Titouan Lamazou, Maimoa, Moetu Fenuart, Pierre Motahi, Claire Mouraby, Libor Prokop, Karine Roué, Tahiri Sommer, Te Araiti, Valmigot et Vashee présentent : "des œuvres audacieuses qui séduiront le public par l’originalité des matériaux et des techniques utilisées ainsi que par le dialogue qu’elles inaugurent".
Ce sont des sculptures, peintures, assemblages, installations mais aussi un parfum…
Elles sont visibles toute cette journée de jeudi et si, la galerie venait à fermer, vous pourrez les retrouver en ligne. Une chaîne Youtube existe. Des interviews des artistes, par exemple, y sont accessibles.
Valmigot : À 40 ans, j’ai osé !
"J’ai travaillé sur le tapa à la bibliothèque universitaire et, plus tard, j’ai eu la chance d’aller aux Marquises où j’ai rencontré Sarah Vaki, nous avons parlé du tapa, de la tradition. J’ai également rencontré un jeune homme avec qui j’ai pu discuter, qui était tatoué et qui, de ce fait, porte sur lui la mémoire. Il a d’encrée une part de la tradition. Je l’ai pris en photo, il est le visage de mon tableau. Je m’interroge depuis toujours sur la perte mémorielle, sur l’équilibre entre tradition orale et tradition écrite. En Polynésie, il m’apparaît que le corps a accueilli l’histoire avec les tatouages, le tapa a lui aussi joué un rôle de garde-mémoire. Sous le visage, se trouve un graph, trouvé à la Maison de la culture. Il est lui, témoin de notre époque. Ce qui, combiné avec le visage au-dessus, rappelle que la culture ne meurt jamais, elle se réactualise."
Valmigot est une artiste peintre autodidacte. Elle n’a pas pu faire d’études d’art car, pour ses parents, artiste n’était pas un métier. Mais, à 40 ans, elle a osé. Elle a montré son travail à une galerie en Nouvelle-Calédonie, il y a 15 ans. Sa première exposition dédiée date de 2006.
Et depuis ? "J’enchaîne !" Elle a une place au Salon historique comparaisons à Paris depuis dix ans, elle a eu la chance d’exposer à l’ONU à Genève dans le cadre d’un événement sur le dialogue des nations. Ce qui la ravit. "Car, le dialogue est un peu une obsession."
Les expositions collectives la séduisent plus que les expositions individuelles. "Car, il y a toujours un rapport au public dans les deux cas mais, en individuel, il n’y a pas de rapport avec d’autres artistes. Or, je ressens profondément la nécessité du collectif."
Pour elle, tout est respectable sur terre, tout art a sa place. Elle est, au fil du temps, devenue commissaire d’exposition. Dans ce cadre, elle reste "capable de juger d’autres artistes sans jamais me considérer comme meilleure qu’eux".
Selon elle, l’art contemporain a souffert ces dernières années d’un désamour du public. "Il était trop conceptuel, trop intellectuel." Son objectif aujourd’hui ? "Réconcilier le public avec cet art, laisser le public faire ses propres choix." Pour Valmigot, seuls comptent "la technique et le propos". Libre ensuite à chacun de s’exprimer comme il le souhaite, avec ses moyens, ses envies.
"J’ai travaillé sur le tapa à la bibliothèque universitaire et, plus tard, j’ai eu la chance d’aller aux Marquises où j’ai rencontré Sarah Vaki, nous avons parlé du tapa, de la tradition. J’ai également rencontré un jeune homme avec qui j’ai pu discuter, qui était tatoué et qui, de ce fait, porte sur lui la mémoire. Il a d’encrée une part de la tradition. Je l’ai pris en photo, il est le visage de mon tableau. Je m’interroge depuis toujours sur la perte mémorielle, sur l’équilibre entre tradition orale et tradition écrite. En Polynésie, il m’apparaît que le corps a accueilli l’histoire avec les tatouages, le tapa a lui aussi joué un rôle de garde-mémoire. Sous le visage, se trouve un graph, trouvé à la Maison de la culture. Il est lui, témoin de notre époque. Ce qui, combiné avec le visage au-dessus, rappelle que la culture ne meurt jamais, elle se réactualise."
Valmigot est une artiste peintre autodidacte. Elle n’a pas pu faire d’études d’art car, pour ses parents, artiste n’était pas un métier. Mais, à 40 ans, elle a osé. Elle a montré son travail à une galerie en Nouvelle-Calédonie, il y a 15 ans. Sa première exposition dédiée date de 2006.
Et depuis ? "J’enchaîne !" Elle a une place au Salon historique comparaisons à Paris depuis dix ans, elle a eu la chance d’exposer à l’ONU à Genève dans le cadre d’un événement sur le dialogue des nations. Ce qui la ravit. "Car, le dialogue est un peu une obsession."
Les expositions collectives la séduisent plus que les expositions individuelles. "Car, il y a toujours un rapport au public dans les deux cas mais, en individuel, il n’y a pas de rapport avec d’autres artistes. Or, je ressens profondément la nécessité du collectif."
Pour elle, tout est respectable sur terre, tout art a sa place. Elle est, au fil du temps, devenue commissaire d’exposition. Dans ce cadre, elle reste "capable de juger d’autres artistes sans jamais me considérer comme meilleure qu’eux".
Selon elle, l’art contemporain a souffert ces dernières années d’un désamour du public. "Il était trop conceptuel, trop intellectuel." Son objectif aujourd’hui ? "Réconcilier le public avec cet art, laisser le public faire ses propres choix." Pour Valmigot, seuls comptent "la technique et le propos". Libre ensuite à chacun de s’exprimer comme il le souhaite, avec ses moyens, ses envies.
Claire Mouraby : "une métaphore de la vie"
Elle présente trois pièces à l’exposition OFF de Mona Lisa TAPA tout dit. Trois oeuvres témoignent du processus de création. Lorsqu’elle a pris connaissance de l’appel à candidature pour l’exposition Mona Lisa TAPA tout dit, elle a pensé au sujet, au contexte, à son parcours. "Je me suis demandé ce qu’était pour moi le tapa, moi qui suis une artiste du fil, de l’aiguille, qui ai une culture du tissé, du dessous-dessous." Or, le tapa a ceci d’exceptionnel qu’il n’utilise ni fil, ni aiguille. "Il est une étoffe non tissé et c’est unique au monde ! "
Claire Mouraby, partant de cette réflexion a écrit un premier texte sur les batteuses et un second sur son propre travail. "Le travail de batteuse n’est pas le mien, il utilise des gestes ancestraux qui ne sont pas moi. Je n’ai donc pas travaillé directement sur le tapa."
En revanche, Claire Mouraby sait, avec des plantes, mettre de la couleur sur du tissu via du papier. Elle a alors réalisé des œuvres qui se répondent et qui mettent en lumière les étapes de son travail artistique. "J’ai recomposé ce qui se défait, ce qui est un peu une métaphore de la vie, que ça tienne coûte que coûte."
Elle présente trois pièces à l’exposition OFF de Mona Lisa TAPA tout dit. Trois oeuvres témoignent du processus de création. Lorsqu’elle a pris connaissance de l’appel à candidature pour l’exposition Mona Lisa TAPA tout dit, elle a pensé au sujet, au contexte, à son parcours. "Je me suis demandé ce qu’était pour moi le tapa, moi qui suis une artiste du fil, de l’aiguille, qui ai une culture du tissé, du dessous-dessous." Or, le tapa a ceci d’exceptionnel qu’il n’utilise ni fil, ni aiguille. "Il est une étoffe non tissé et c’est unique au monde ! "
Claire Mouraby, partant de cette réflexion a écrit un premier texte sur les batteuses et un second sur son propre travail. "Le travail de batteuse n’est pas le mien, il utilise des gestes ancestraux qui ne sont pas moi. Je n’ai donc pas travaillé directement sur le tapa."
En revanche, Claire Mouraby sait, avec des plantes, mettre de la couleur sur du tissu via du papier. Elle a alors réalisé des œuvres qui se répondent et qui mettent en lumière les étapes de son travail artistique. "J’ai recomposé ce qui se défait, ce qui est un peu une métaphore de la vie, que ça tienne coûte que coûte."
Pratique
Du 29 octobre au 10 novembre.
Ouverture du lundi au vendredi de 9 heures à 12h30 et de 13h30 à 17 heures. Le samedi de 8h30 à midi.
Entrée libre.
En cas de fermeture de la galerie en raison du contexte sanitaire, du contenu en ligne sera proposé.
FB : Galerie Winkler
La chaîne Youtube
.
Du 29 octobre au 10 novembre.
Ouverture du lundi au vendredi de 9 heures à 12h30 et de 13h30 à 17 heures. Le samedi de 8h30 à midi.
Entrée libre.
En cas de fermeture de la galerie en raison du contexte sanitaire, du contenu en ligne sera proposé.
FB : Galerie Winkler
La chaîne Youtube
.