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Vaccin: la production en France va-t-elle changer la donne ?


Paris, France | AFP | mercredi 03/02/2021 - Dans quelques semaines, des vaccins anti-Covid 19 seront produits en France. Faite hier par Emmanuel Macron, l'annonce apporte en fait peu de nouveautés et ne concerne, dans l'immédiat, qu'un chaînon parmi d'autres dans la fabrication des doses, à l'échelle européenne.

Que vont faire ces usines ?

"Dès les prochaines semaines (...), nous aurons des sites qui vont en France produire le vaccin", a annoncé le chef de l'Etat sur TFI. "On en aura quatre."

Il ne faut pas imaginer que des vaccins anti-Covid 19 seront désormais intégralement produits sur le sol français. 

Les sites concernés sont, pour trois d'entre eux, des sous-traitants qui vont mettre la dernière main à des vaccins développés par d'autres laboratoires.

Il s'agit d'opérations de remplissage des flacons, d'emballage ou d'aseptisation. Mais les "principes actifs" de ces vaccins, la substance chimique qui les font fonctionner, seront fabriqués ailleurs.

Quels vaccins concernés et quand ?

Il s'agira de deux vaccins déjà approuvés par l'Union européenne (UE), Pfizer/BioNTech et Moderna, ainsi qu'un autre encore en attente, CureVac.

Ils doivent, respectivement, être produits par le sous-traitant français Delpharm, dans son usine de Saint-Rémy-sur-Avre en Normandie à partir de mars, le suédois Recipharm à Monts en Indre-Et-Loire à partir d'avril, et le groupe Fareva sur ses sites de Pau dans les Pyrénées et du Val-de-Reuil (Normandie) a priori à partir de mai.

Le quatrième cas est différent. C'est celui du géant français Sanofi qui développe, lui, son propre vaccin. Mais, après des mois de retard, sa situation fait l'objet de nombreuses incertitudes et la production ne saurait commencer avant le second semestre.

Où est produit le reste des vaccins ?

Les vaccins Pfizer/BioNTech et Moderna ont en commun de se baser sur de l'ARN messager comme principe actif. Il est respectivement produit dans un site allemand de BioNTech (Mayence) et chez un partenaire suisse de Moderna, Lonza.

Cette première étape ne débouche pas tout de suite sur un conditionnement final.  Il faut aussi passer par la "formulation", l'ajout d'autre substances que le principe actif afin de renforcer sa stabilité et son efficacité.

Chez Moderna, c'est Lonza qui s'en occupe aussi en Suisse. Pfizer recourt à l'une de ses propres usines en Belgique, avec le soutien prochain d'un nouveau site BioNTech en Allemagne.

Cas sans précédent, des concurrents de Pfizer, dont Sanofi sur une usine allemande et le suisse Novartis, vont lui prêter main forte pour le conditionnement final. Mais ce sera dans plusieurs mois. 

Enfin, il y a un troisième vaccin approuvé dans l'Union européenne (UE), celui d'AstraZeneca, mais il ne compte aucune étape de fabrication en France.

Son principe actif - différent, lui, de l'ARN messager - est élaboré aux Pays-Bas et en Belgique, pour l'Union européenne, et dans deux sites britanniques pour le Royaume-Uni. S'y ajoutent pour le conditionnement des sites en Italie, en Espagne et dans le Pays-de-Galles.

C'est le site belge, exploité par le sous-traitant Thermo Fisher, qui est à l'origine d'une polémique avec l'Union européenne. A cause de retards sur place, AstraZeneca a dû revoir en baisse le nombre de livraisons prévues.

Quel intérêt à produire en France ?

Les annonces de M. Macron ne changent pas la donne. Ces collaborations étaient en fait connues depuis la fin 2020 même si le calendrier de fabrication est désormais plus précis.

Surtout, cette fabrication française ne signifie pas que les Français en profiteront directement. Le nombre de doses distribuées dans chaque pays est régi au terme de commandes faites au niveau de l'Union européenne. La France ne peut donc pas s'arroger les vaccins fabriqués sur son territoire.

Reste que les annonces de M. Macron témoignent de multiples collaborations au sein du secteur pharmaceutique, ce qui est gage d'efficacité dans la production des vaccins au niveau européen.

L'intérêt est aussi politique en démontrant la capacité d'usines françaises à agir alors que le gouvernement fait l'objet de critiques politiques quant à une supposée insuffisance de l'industrie nationale.

"Finalement, c'est Sanofi qui devra aider Pfizer à mettre ses vaccins en flacons: où est la souveraineté ?" s'indignait mardi à l'assemblée le député insoumis Ugo Bernalicis.

le Mercredi 3 Février 2021 à 06:23 | Lu 460 fois