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Universités: le blocage de Tolbiac levé après une intervention policière


Paris, France | AFP | vendredi 20/04/2018 - Le blocage du site universitaire parisien de Tolbiac, lieu emblématique de la mobilisation contre la réforme de l'accès à la fac, a été levé vendredi à l'issue d'une vaste opération de police lancée au petit matin.

Lors du Conseil des ministres quelques heures plus tard, Emmanuel Macron a souligné que "le défi pour les prochains jours" dans les universités serait "de permettre la tenue des examens dans de bonnes conditions", a rapporté le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux.
"Il incombera" à la ministre de l'Enseignement supérieur Frédérique Vidal de le relever, a-t-il précisé, alors que depuis plusieurs semaines, quatre universités sont totalement bloquées et une dizaine de sites (sur 400) perturbés pour protester contre la loi Orientation et réussite des étudiants (ORE), accusée par ses détracteurs d'instaurer un système de "sélection" déguisée.
A Tolbiac, au moins une centaine de CRS ont pénétré à 5H00 sur le site Pierre Mendès-France, une tour de 22 étages occupée depuis le 26 mars, pour évacuer la centaines d'occupants présents sur place. Ils ont notamment essuyé des jets de bouteilles de verre et autres projectiles, a constaté une journaliste de l'AFP.
Guettant une intervention policière, certains occupants se sont immédiatement retranchés à l'intérieur tandis que d'autres tentaient de s'enfuir en escaladant la grille. 
L'opération, qui a pris fin vers 06H00, s'est déroulée dans le calme, selon la préfecture de police (PP), mais de nombreux étudiants évacués ont dit à l'AFP avoir été matraqués et insultés par les CRS alors même qu'ils n'opposaient aucune résistance. 
Seule une personne a été interpellée, pour outrage et rébellion, selon la PP.
"On n'a pas fait acte de résistance", a dit un des occupants, cagoulé, en précisant que les occupants avaient été surpris pendant leur sommeil. 
Tags dans les amphis, matériel informatique détruit, matelas et détritus en tous genres par terre: les trois semaines d'occupation ont laissé des traces à Tolbiac.
"C'est du jamais vu et je suis là depuis 1981", se désolait une membre de la direction du site qui sera fermé jusqu'à nouvel ordre en attendant sa remise en état.
Le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb a salué "la réussite de cette opération dans un contexte d'intervention délicat". 
La ministre de l'Enseignement supérieur Frédérique Vidal a jugé "très important que les choses puissent revenir à la normale", ajoutant que les prochains examens partiels prévus à Tolbiac devraient "probablement" être délocalisés.
 

- "Aucun blessé" -

 
L'intervention des forces de l'ordre avait été réclamée dès le 9 avril par Georges Haddad, président de l'université Paris-I dont dépend Tolbiac, inquiet de la situation après la découverte de cocktails molotov sur le site.
M. Haddad a fait part de son "immense soulagement" après l'évacuation, "heureux qu'il n'y ait eu aucun blessé".
Lors d'un point presse, il a évalué le coût des "dégradations" à "plusieurs centaines de milliers d'euros".
Dans un premier temps, la préfecture de police n'avait pas accédé à sa demande de recourir à la force publique. Compte tenu de la "particularité topographique" du site, "c'est presque plus dangereux (d'intervenir) que de ne pas intervenir", avait expliqué dimanche Emmanuel Macron.
Le syndicat de droite UNI, qui avait déposé plusieurs recours en justice infructueux pour contraindre les forces de l'ordre à intervenir, a salué l'évacuation. 
Deuxième syndicat étudiant, l'Unef a en revanche condamné le recours à la force. 
Le député La France insoumise Alexis Corbière a dénoncé "une mise en scène", et le NPA déploré des "violences policières inacceptables".
A l'université de Strasbourg, les forces de l'ordre sont également intervenues jeudi dans la soirée pour faire partir des étudiants qui avaient commencé à occuper un amphithéâtre.
A Sciences Po Paris, où Emmanuel Macron a étudié, le blocage qui avait perturbé l'établissement pendant la semaine a été levé vendredi. Les étudiants qui occupaient une partie de l'établissement ont accepté de quitter les lieux en échange de l'ouverture de salles dédiées à des "conférences et des débats libres", a indiqué la présidence de l'école.
Deux autres Instituts d'études politiques (IEP), ceux de Rennes et Lille, étaient eux toujours partiellement bloqués.
Enfin, la présidence de l'université d'Avignon a ordonné la fermeture de l'ensemble de ses sites jusqu'à lundi, pour éviter les intrusions extérieures.

le Vendredi 20 Avril 2018 à 05:59 | Lu 324 fois