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Unesco : Les Marquisiens y croient


Ua Pou, le 23 septembre 2020 - Partie prenante du dossier de candidature d'intégration des Marquises au Patrimoine mondial de l'Unesco, Ua Pou par la voix de Georges Teikiehuupoko tient à faire valoir ses atouts et compte sur l'implication de sa population.
 
Georges Teikiehuupoko, alias Toti, est une personnalité incontournable du renouveau de la culture marquisienne. Il est 1er adjoint au maire de Ua Pou et président de l’association Motu Haka qui est à l’origine de multiples petites révolutions culturelles pour les Marquises et à laquelle on doit notamment la création du Matava’a, le Festival des Arts des îles Marquises. "Je ne dirais pas encore que c’est un soulagement, mais l’attente a été longue. La plupart des Marquisiens commençaient à s’essouffler" explique-t-il calmement au sujet du passage à cette deuxième étape dans le processus d’accession à la prestigieuse liste des biens classés au Patrimoine mondial de l’Unesco.
 
À la Genèse de ce que sont les îles Marquises d’aujourd’hui, il y a une lutte. Une poignée d’hommes, dont fait partie Toti, se bat pour protéger le patrimoine marquisien : la langue marquisienne ainsi que certaines de ses traditions comme le chant ou la danse. Dans les années 90, la Polynésie entrevoit de grands projets immobiliers pour une transformation économique à la verticale et cela effraie les partisans d’une autonomie partielle permettant la gestion de l’environnement économique propre à chaque île. Se produit simultanément une prise de conscience de la richesse environnementale et patrimoniale auprès de petits groupes de personnes qui formeront des antennes de Motu Haka sur chacune des six îles habitées ; l’association devient ensuite une Fédération culturelle.

​Ua Pou et sa chaîne montagneuse


Dans le dossier de candidature figurent donc la chaine montagneuse intérieure de l’île et ses attenants ; c’est une zone (et ses vestiges) passant de Hakahetau à Hohoi jusqu’à l’île aux oiseaux, Motu Oa. Aux alentours de 2013, Toti, aidé de Pascal Erhel, commence à introduire le projet Unesco auprès de la population de l’île par le biais de tournées explicatives accompagnées de projections afin d’expliquer et de rassurer. Toti raconte qu’ils ont illustré leurs propos d’exemples tels que le Taj Mahal, Notre-Dame de Paris ou encore le Vatican, tout en énumérant les nombreux avantages en découlant, telles que notamment, de nouvelles retombées économiques et donc, de nouvelles opportunités d’emploi par la publicité indirecte qu’implique une adhésion à la liste du Patrimoine mondial de l’Unesco.
 
Il est vrai que la principale problématique de Ua Pou, dans un cas de figure comme celui-ci, réside dans le fait que la quasi-totalité des terres appartient à des particuliers et la principale crainte des habitants est de se voir un jour spoliés de leurs biens au profit du public. Aussi, afin d’être estampillé du fameux sigle reconnaissable entre mille, il est nécessaire que la population soit au fait des tenants et des aboutissants inhérents à une telle démarche et que tous les habitants travaillent de concert pour organiser la gestion des sites classés.
 
Les deux prochaines années seront donc consacrées à la mise en place des comités de gestion officiellement reconnus par le Pays pour gérer ces biens mixtes. Il y aura l’accueil et l’assistance aux experts qui viendront pour former et informer la population comme par exemple, pour le nettoyage des sites et l’entretien général de leurs alentours, ou encore la gestion du bétail en circulation libre afin de limiter leurs dégâts au dehors des zones protégées.
 
Il y a encore beaucoup de chemin à faire pour l’archipel des îles Marquises avant d’accéder à la liste de l’Unesco, mais que la population soit rassurée, cela ne pourra pas se faire sans son consentement ni sa collaboration la plus totale.

Rédigé par Eve Delahaut le Mercredi 23 Septembre 2020 à 07:43 | Lu 919 fois