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Une intérimaire à la tête de la police salomonaise


Une intérimaire à la tête de la police salomonaise
HONIARA, mercredi 8 mai 2013 (Flash d’Océanie) – Pour la première fois de son histoire, les îles Salomon ont officiellement intronisé en début de semaine une femme à la tête des forces de police de cet archipel mélanésien, afin d’assurer l’intérim après le non-renouvellement u contrat du Britannique John Lansley.
Ce dernier, qui avait été choisi à ce poste début 2012, s’est vu notifier par les autorités locales début avril 2013 que son contrat d’un an (qui est arrivé à terme le 30 avril 2013) ne serait pas renouvelé.

Il lui avait aussi été fortement conseillé de quitter les îles Salomon dans les meilleurs délais.
Le nouveau choix, pour assurer l’intérim, a été celui de Mme Juanita Matanga, officier supérieur de police.
Officier chevronnée bénéficiant d’une expérience de 23 ans au sein des forces de police salomonaises, elle a été officiellement installée dans ses fonctions par le Gouverneur Général de l’archipel, poste qui équivaut au chef de l’État dans ce pays du Commonwealth.

Mme Matanga avait déjà assuré l’intérim de M. Lansley, en son absence, à plusieurs reprises, au cours des douze mois précédents.
Le processus de nomination d’un chef de la police salomonaise, souvent polémique lors des précédents choix, a une nouvelle fois suscité des remous au sein des forces de l’ordre : à la suite du départ de M. Lansley, un groupe d’officiers supérieurs, ouvertement opposés au départ du Britannique, menace de lancer un mouvement de grève si le gouvernement ne nomme pas, au cours des trois mois à venir, un Commissaire de police titulaire.
Les officiers contestataires, qui mettent en doute le mérite d’un chef de la police par intérim (intérim qui s’est souvent prolongé dans le temps, par le passé), affirment par ailleurs qu’ils auraient préféré qu’il eût été permis à M. Lansley de poursuivre dans es fonctions au moins trois mois, pour assurer une transition en douceur.

« Nous ne voulons pas que se répètent des situations précédentes au cours desquelles des chefs de la police soi-disant par intérim sont restés en poste un ou même deux ans avant qu’un titulaire permanent soit nommé (…) Nous savons très bien aussi que certains officiers supérieurs de police ont manœuvré de conserve avec le bureau du Premier ministre pour faire partir M. Lansley, tout simplement parce que certains convoitent ce poste », explique l’un de ces officiers au quotidien national Solomon Star, tout en menaçant de faire grève.

Ils rappellent aussi que la récente décision du Britannique, le 22 mars 2013, de mettre à pied pour une période de trois mois l’un des adjoints, Walter Kola, réputé proche du Premier ministre Gordon Darcy Lilo, aurait suscité le courroux de ce dernier.
En début de semaine, Chris Laore, ministre de la police, affirmait que le poste de titulaire à la tête des forces de police salomonais serait publié au plan national et ne serait plus, comme précédemment, ouvert à des candidatures étrangères.


Officiellement, la décision du gouvernement de ne pas renouveler le contrat de M. Lansley serait basée sur une évaluation des performances du Britannique, par la commission des services de police (organe qui supervise le fonctionnement des forces de l’ordre) qui aurait conclu sans ambage qu’il était « incapable de mener les forces de l’ordre ».
Au gouvernement, le directeur de cabinet au ministère de la police, Edmond Sikua, réfute le terme de révocation, mais parle plutôt d’un « non-renouvellement » de contrat, renouvellement que l’intéressé avait pourtant demandé.
John Lansley avait été sélectionné parmi cinq candidats au poste de chef de la police des îles Salomon fin février 2013, après une vacance de près d’un an.
Parmi les cinq candidats figurait notamment, entre autres, Walter Kola (qui avait assuré l’intérim depuis le départ du précédent titulaire, le Néo-zélandais Peter Marshall) et Edmund Sikua.
Peter Marshall avait quitté ses fonctions début 2011 pour prendre la tête de la police nationale de son pays.

M. Lansley a auparavant exercé les fonctions de numéro deux de la police salomonaise, aux côtés du chef de l’époque, un autre Britannique, Bill Morell (2003-2005).
Durant cette période, il a été amené à plusieurs reprises à assurer l’intérim du chef de la police.
Son prédécesseur direct, Peter Marshall, a dirigé la police des îles Salomon de mai 2008 à décembre 2010, d’abord par intérim, puis en tant que titulaire.
Il avait été mis à la disposition des îles Salomon par son pays, afin de remplacer M. Jahir Khan, ressortissant fidjien d'origine indienne et à qui les autorités locales, après un nouveau changement de gouvernement en décembre 2009, avaient fortement recommandé de ne pas chercher à renouveler son contrat.
À l’époque, M. Marshall se trouvait déjà sur place, à Honiara, depuis février 2007, dans le cadre de la participation de la police néo-zélandaise à la "mission régionale d'assistance" (RAMSI) présente dans cet archipel depuis fin juillet 2003.
Cette RAMSI est placée sous commandement de l'Australie, qui contribue aussi dans une large mesure en soldats et policiers, ainsi qu'au coût financier de cette énorme opération de stabilisation et de reconstruction.
La police salomonaise avait été désarmée après l'intervention, en juillet 2003, de la mission régionale d'assistance aux îles Salomon (RAMSI), groupe placé sous le commandement de l'Australie et essentiellement composé de soldats et policiers de ce pays, mais aussi de Nouvelle-Zélande et d'un certain nombre de pays insulaires océaniens.
La RAMSI avait rapidement neutralisé la police de l'époque, dont une faction, proche de la province de Malaïta, avait contribué dès juin 2000 à un putsch ayant à l'époque renversé le Premier ministre Bartholomew Ulu’ufalu, sur fond de conflit ethnique et foncier entre les provinces de l’île principale de Guadalcanal et celle, toute proche de Malaïta.
Les deux principaux contributeurs de cette RAMSI, l’Australie et la Nouvelle-Zélande, lancent depuis plusieurs mois déjà des signes forts, indiquant l’entame d’une période de « transition » (en clair un retrait progressif de leurs effectifs) avant la date hautement symbolique du 23 juillet 2013, qui marquerait alors les dix ans de présence de cette force militaro-policière dans l’archipel et pourrait être interprétée par ses détracteurs comme un syndrome d’enlisement.

pad

Rédigé par PAD le Mercredi 8 Mai 2013 à 08:48 | Lu 427 fois