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Une femme de 62 ans condamnée pour avoir poignardé son conjoint


Une femme de 62 ans condamnée pour avoir poignardé son conjoint
Tahiti, le 12 mai 2021 – Le tribunal correctionnel a condamné mercredi une retraitée de 62 ans à trois ans de prison avec sursis. Le 3 mai 2020 à Faa'a et alors qu'elle se trouvait sous l'empire d'un état alcoolique évalué à 3,2 grammes par litres de sang, elle avait poignardé son mari à l'abdomen après une énième dispute sur fond d'alcoolisation massive du couple. L'homme s'en était miraculeusement sorti avec une blessure superficielle.
 
C'est assise sur une chaise qu'une petite femme de 62 ans aux cheveux grisonnant a comparu devant le tribunal correctionnel mercredi pour des violences aggravées commises sur son compagnon de longue date. Le 3 mai 2020 à Faa'a, cette matahiapo avait passé la journée à boire avec son compagnon. À lui seul, le couple avait, de son propre aveu, consommé dix obus de bière et trois litres de vin. Bien décidée à regarder son feuilleton en sirotant une dernière bière, la prévenue avait refusé de partager sa bouteille avec son tāne et une dispute avait éclaté. L'homme, déjà condamné par le passé à quatre ans de prison ferme pour avoir mortellement fauché une fillette à Rangiroa alors qu'il conduisait ivre, avait saisi la sexagénaire au niveau du cou. Cette dernière s'était ensuite levée de sa chaise pour se saisir d'un couteau qu'elle avait planté dans l'abdomen de son tāne qui s'en était miraculeusement sorti avec dix jours d'incapacité totale de travail.
 
Selon les analyses pratiquées sur les deux individus après les faits, cette violente dispute était intervenue à la suite d'une journée d'alcoolisation massive. L'homme présentait en effet un taux d'alcool de 2,5 grammes par litre de sang quand sa compagne alors âgée de 60 ans atteignait 3,2 grammes. Selon un expert toxicologique, ce dernier taux aboutissait d'ailleurs pour quasiment "100 % des personnes" à un état de "coma, détresse respiratoire ou décès".
 

Pas de légitime défense

La vie commune du couple, qui est désormais séparé, et leurs incessantes disputes émaillées d'insultes et de violences ont donc longuement occupé le tribunal correctionnel mercredi. Jurant "devant Dieu" qu'elle ne buvait plus une seule goutte d'alcool, la prévenue a expliqué qu'elle se sentait très mal depuis ce jour de mai. Elle a par ailleurs affirmé que son ex-conjoint la frappait "trois à quatre fois par mois". Malgré son fort taux d'alcool au moment des faits, le président du tribunal a relevé lors de l'audience que l'expert psychologue qui s'était entretenue avec la vieille dame avait écarté toute dépendance alcoolique en retenant plutôt une "consommation abusive".
 
Si l'avocate de la prévenue avait annoncé lors des débats qu'elle évoquerait la légitime défense, le procureur de la République a "exclu" cette thèse lors de ses réquisitions. "À ce moment-là, elle n'était plus en danger et a commis un acte disproportionné", a -t-il conclu avant de requérir trois ans de prison dont deux avec sursis. Après en avoir délibéré, le tribunal s'est montré plus clément que le parquet en condamnant la sexagénaire à trois ans de prison intégralement assortis du sursis.

Rédigé par Garance Colbert le Mercredi 12 Mai 2021 à 16:36 | Lu 2214 fois