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Une course-poursuite folle le conduit en prison


La course-poursuite a duré 13 kilomètres, comme le montre cette pièce versée au dossier.
La course-poursuite a duré 13 kilomètres, comme le montre cette pièce versée au dossier.
Tahiti, le 2 janvier 2020 - Le 28 novembre dernier, il avait tenté de fuir un contrôle de Police. Une course folle s'est enclenchée de Mahina jusqu'au Front de mer. Le forcené est passé à travers deux barrages routiers et a manqué d'écraser trois policiers. Il a été condamné ce jeudi à trois ans de prison, dont deux ferme.

C'était, au moment des faits, une grande première à Tahiti. Une course-poursuite sur 13 kilomètres impliquant la gendarmerie, la DSP et trois services de police municipale, en pleine après-midi... "C'est un miracle qu'il n'y ait pas eu de blessés graves" a conclu le procureur à l'issu du procès pénal qui a eu lieu en comparution immédiate ce jeudi 2 janvier.

Pourtant, l'affaire commence avec très peu d'enjeux. Une dénommée Henriette vend un paquet de mangues au prévenu et est payée par chèques... Qu'elle identifie vite comme étant frauduleux. Elle fait intervenir les gendarmes, qui mettent en place un poste de contrôle à l'entrée du quartier Fritch à Mahina le 28 novembre 2019.

Rapidement, Henriette reconnait son arnaqueur, un homme de 40 ans au volant d'une Clio grise, et les gendarmes lui demandent de s'arrêter. Le suspect est accompagné d'un jeune homme et semble parti pour obtempérer... Mais il change d'avis et accélère soudainement. Il part à contre sens en direction de la ville et la course-poursuite s'engage.

Le suspect avouera au procès qu'il avait beaucoup fumé de paka ce jour-là. Il a aussi un stick et des objets volés dans la voiture, qu'il conduisait sans permis, en état de récidive légale... Bref, il a décidé qu'il n'irait pas en prison ce jour-là et prend la dangereuse décision d'échapper à la police.

L'essentiel de l'audience a été consacré à décrire le parcours fou de la Clio, un jeudi après-midi entre 15h10 et 15h30. La liste des infractions est conséquente : deux barrages routiers forcés, quatre feux rouges grillés, un bon nombre de panneaux stops ignorés, trois policiers renversés, trois voitures de civils embouties dont une avait un bébé de six mois à l'arrière... Et des dégâts matériels considérables.

Le pire : au barrage installé à Pirae le chauffard s'est retrouvé face à un agent de la DSP, une arme à feu braquée sur lui, le policier lui intimant de s'arrêter. Au lieu de renoncer à sa fuite, il n'a pas hésité à lui foncer dessus. Le policier n'a pas eu d'angle de tir et a rengainé son arme... Avant de se retrouver coincé entre son fourgon et la Clio folle. "Le brigadier T. a cru que c'était la fin de ses jours" plaidera l'avocat des forces de l'ordre.

ARRÊTÉ AUX 3B PAR UN CIVIL

Après plusieurs détours à travers Pirae, où le passager de la Clio parvient à s'échapper de la cavalcade en sautant en marche de la voiture, l'automobile folle arrive à Papeete via le Prince Hinoi. Les embouteillages sont nombreux, mais le chauffard est poursuivi par une demi-douzaine de voitures de police, gyrophares et sirènes à fond, et les voitures s'écartent. Il parvient donc à atteindre le Front de mer en un temps record. Mais c'est dans le virage vers la gare maritime qu'il finit par emboutir par l'arrière une dernière voiture. La Clio bien amochée ne redémarre plus. S'il avait pu continuer, il l'aurait fait avouera pourtant le prévenu au juge...

Mais là, le conducteur n'a plus d'autre choix que de continuer à pied. Sauf qu'il est moins bon coureur que chauffeur. C'est dans le bar des 3B qu'un civil, alerté par les cris de la police, arrive à faire trébucher le fuyard qui sera enfin arrêté. La Clio de location, qu'un ami lui avait prêtée pour l'après-midi, est totalement perdue. Coup de chance incroyable, malgré les barrages forcés, les feux grillés, les accélérations à contre-sens et les passages sur les trottoirs en pleine heure de sortie des écoles, seuls des blessés légers sont à déplorer.

Le procureur a demandé quatre ans de prison dont un avec sursis. Le chauffard a finalement pris trois ans de prison dont un an avec sursis, assortis de deux ans de mise à l'épreuve, une obligation de soin pour sortir de son addiction au paka et l'obligation de trouver un emploi ou de suivre une formation. Les dommages et intérêts pour les nombreuses victimes seront déterminés à une prochaine audience en avril 2020.

Rédigé par Jacques Franc de Ferrière le Jeudi 2 Janvier 2020 à 18:41 | Lu 4281 fois