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Une "Journée de la concurrence" pour apprendre aux entreprises à respecter les règles


Gérard Kochersperger (vice-président de l'IEDT), Clet Wong (vice-président de la CCISM), Jacques Mérot (président de l'APC), Stéphane Chin Loy (président de la CCISM) et Patrick Bagur (président du Medef).
Gérard Kochersperger (vice-président de l'IEDT), Clet Wong (vice-président de la CCISM), Jacques Mérot (président de l'APC), Stéphane Chin Loy (président de la CCISM) et Patrick Bagur (président du Medef).
PAPEETE, le 6 septembre 2018 - Mercredi 12 septembre, le grand amphithéâtre de la CCISM hébergera une série de conférences/débats gratuits lors de la première édition de la "Journée de la concurrence en Polynésie". Le président de l'Autorité polynésienne de la concurrence, sa collègue calédonienne, des économistes, des juristes et des patrons expliqueront au public tous les bienfaits attendus de notre nouveau droit de la concurrence pour les entreprises et les consommateurs.

La première édition de la "Journée de la concurrence en Polynésie" aura lieu mercredi prochain, le 12 septembre dès 8h30, dans le grand amphithéâtre de la CCISM. Il s'agira d'une série d'interventions courtes suivies de débats et des questions de l'assistance afin de multiplier les échanges entre les invités et le public.

L'événement est totalement gratuit et ouvert à tous, mais c'est aux chefs d'entreprises que la journée s'adresse en particulier. Ils auront justement l'occasion de rencontrer le président de l'Autorité polynésienne de la concurrence, Jacques Mérot, et de lui poser toutes les questions qui peuvent les tracasser depuis l'instauration du droit polynésien de la concurrence il y a trois ans. Une autre invitée de marque sera Aurélie Zoude-le-Berre, la présidente de l'Autorité calédonienne de la concurrence. Elle nous permettra de comparer notre situation avec celle de notre voisin.

Jacques Mérot nous explique ainsi que "le rôle de l'Autorité polynésienne de la concurrence, au-delà du contrôle des marchés, est aussi de promouvoir et d'expliquer ce qu'est le droit de la concurrence, ses finalités et les avantages attendus pour les entreprises et les consommateurs. Le droit de la concurrence est basé sur les mêmes principes partout à travers le monde. Par exemple le droit de la concurrence dit que vous ne pouvez pas vous entendre avec vos concurrents pour fixer les prix ou vous partager le marché. Les entreprises doivent se livrer une concurrence normale en fonction de leur stratégie et de leur structure de coût. Car l'autre acteur du marché, c'est le consommateur, qui ne peut pas se défendre face à des ententes. D'où l'importance de l'Autorité de la Concurrence !"

Pour le magistrat, "la concurrence c'est le contraire du laisser-faire, c'est un cadre organisé entre les entreprises, avec des règles claires qui s'appliquent à tous. Ce n'est pas une question morale, c'est une question d'efficacité économique. Un autre exemple est l'abus de position dominante. Il ne faut pas laisser une entreprise dominante mettre en place des barrières pour empêcher des concurrents d'entrer sur son marché, au contraire elle ne doit s'imposer que par son mérite, ses innovations, ses services, ses prix. Seule la concurrence assure l'innovation, les meilleurs prix pour les consommateurs, les mêmes opportunités pour toutes les entreprises. La concurrence permet de faire grossir le marché global et toute l'économie du pays."

LA CONCURRENCE C'EST AUSSI BON POUR LES ENTREPRISES

Justement, le président du Medef, Patrick Bagur, encourage les entreprises à venir assister à cette journée. "Toutes les entreprises font face à des concurrences déloyales, à des dérives. Donc bien sûr nous sommes pour la concurrence. Quand nous sommes tous régulés par les mêmes règles, ça se passe beaucoup mieux." Un autre représentant des entreprises, Stéphane Chin Loy, président de la CCISM, va dans le même sens : "Il y a des choses à expliquer, des idées fausses. Par exemple s'il y a un monopole avec des milliers de salariés, l'ouvrir à la concurrence ne va pas détruire d'emplois. Le nouveau concurrent sera obligé lui-aussi de créer des emplois !"

Parmi les autres intervenants de la matinée, citons le rapporteur public du tribunal administratif de Papeete, Stéphane Retterer. Il agit comme une sorte de procureur du tribunal administratif et a été instrumental dans les récentes décisions de cette juridiction en faveur de la concurrence sur le marché des télécoms. On se souvient que c'est le tribunal administratif qui a obligé le Pays à accorder les licences d'opérateur demandées par Vodafone et Viti en juillet dernier... Et il aura des choses intéressantes à nous apprendre sur les recours possibles des entreprises qui veulent faire appliquer la concurrence même contre les décisions du Pays.

L'après-midi abordera les aspects plus théoriques des bienfaits de la concurrence pour les consommateurs, les entreprises et l'économie en général. Le maître de conférences à l'Université de la Polynésie française Antonino Troianello abordera la question de la régulation des marchés du transport et de l'énergie. Ensuite son collègue Alain Moyrand discutera du secteur des services public face à la concurrence, un vaste sujet.

Enfin pour clôturer la journée, Gérard Kochersperger, vice-président du "think tank" Institut Économique de Tahiti (IEDT), parlera des coûts d'opportunité que notre économie a subie. "Nous allons parler de toutes les opportunités que la Polynésie a raté ces dernières années. Par exemple le fait que nous n'avons pas une offre de tourisme adaptée à la demande des touristes nous a fait complètement rater l'explosion de ce secteur, dont ont profité nos voisins du Pacifique" explique-t-il. Gérard Kochersperger s'est installé à Tahiti pour sa retraite, mais il a travaillé comme expert en psychologie du développement des organisations et des économies au Stanford Research Institute pendant 15 ans, a été professeur à l'Institut français de gestion IAE-Sorbonne pendant 15 ans, et a travaillé comme conseiller en stratégie internationale pour des multinationales. Il a monté l'IEDT pour nous alerter sur les ravages que provoque le protectionnisme excessif de la Polynésie. C'est selon lui – avec le manque d'investissements privés – la principale cause qui explique le chômage, la pauvreté et le coût de la vie très élevés au Fenua.

Rédigé par Jacques Franc de Ferrière le Jeudi 6 Septembre 2018 à 16:53 | Lu 1843 fois