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Un plan de 66 millions d'euros contre les violences faites aux femmes


PARIS, 22 novembre 2013 (AFP) - Le gouvernement double les moyens consacrés à la lutte contre les violences faites aux femmes dans un plan triennal présenté vendredi, qui comprend notamment des mesures visant à favoriser les plaintes et améliorer le recueil de preuves en cas de viol.

Ce plan interministériel, présenté par la ministre des Droits des femmes Najat Vallaud-Belkacem, vise à "prévenir la formation des violences notamment par l'éducation et la sensibilisation du grand public" et "sortir les victimes de ce cycle infernal le plus rapidement possible", a déclaré la ministre vendredi.

Doté de 66 millions d'euros, il ambitionne de "ne laisser aucune violence déclarée sans réponse pénale, sanitaire et sociale".

Il comprend notamment 1.650 nouvelles places d'hébergement d'urgence et le doublement des effectifs de travailleurs sociaux dans les commissariats et gendarmeries.

Les derniers chiffres de l'Insee, publiés vendredi, montrent que sur deux ans (2010-2011), 1,2 million de femmes de 18 à 75 ans ont subi des violences physiques ou sexuelles, soit 5,5% de cette tranche d'âge.

En moyenne ces dernières années, 220.000 femmes par an ont été victimes de violences conjugales, mais moins d'une sur trois s'est déplacée à la police ou à la gendarmerie.

Selon une étude du ministère de l'Intérieur, 148 femmes sont mortes en 2012 victimes de leur conjoint ou ex-conjoint, soit en moyenne une tous les 2,5 jours.

A quelques jours de la journée internationale contre les violences faites aux femmes lundi, Mme Vallaud-Belkacem a affirmé qu'il était possible de "sauver beaucoup de femmes victimes de violences" grâce à des "citoyens conscients" et des "professionnels aguerris et formés".

"La protection, c'est une chaîne", a résumé Ernestine Ronai, coordinatrice nationale "violences" de la Mission interministérielle pour la protection des femmes victimes de violences et la lutte contre la traite des êtres humains (Miprof).

Outre les professionnels, les citoyens peuvent agir, comme Youness Belhamra, 33 ans. En 2008, ce commerçant de la région lyonnaise a sauvé sa voisine qui "se faisait massacrer par son propre mari" au marteau et à la machette, dans leur appartement. Témoignant à la conférence de presse de la ministre, il a incité "tout le monde" à agir: "Il ne faut vraiment pas faire comme si on n'était pas concerné", a-t-il dit.

"Contre les violences, libérons la parole"

"Nous avons une part de responsabilité pour dénoncer l'insupportable", a déclaré la ministre, en faisant référence au "troisième acteur" dans les affaires de violences: "la société, les témoins, les autres" qui sont "souvent démunis, parfois indifférents".

Pour sensibiliser le grand public, une campagne audiovisuelle intitulée "contre les violences, libérons la parole" a été lancée vendredi, et le plan comporte des mesures visant à "mobiliser l'ensemble de la société" comme la formation des enseignants, magistrats, travailleurs sociaux ...

Le plan triennal (2014-2016) "va dans le bon sens" a réagi le mouvement Ni putes ni soumises dans un communiqué. Elle demande "un effort significatif" sur l'accueil des victimes, car la création des 1.650 hébergements d'urgence "n'est absolument pas suffisante", mais elle salue "la généralisation des kits de viol et la formation de 350 intervenants sociaux dans les commissariats".

Le gouvernement prévoit l'expérimentation d'un "kit de constatation en urgence" qui sera proposé aux Samu et devrait permettre une meilleure prise en charge de la victime d'un viol, en assurant les soins mais aussi les prélèvements nécessaires à la constitution des preuves et l'orientation vers un commissariat en vue d'un dépôt de plainte.

De son côté la CFDT sera "attentive à la mise en place effective des mesures prévues dans le nouveau plan", a-t-elle fait savoir dans un communiqué.

Un viol serait commis toutes les sept minutes (75.000 par an), estime le ministère, par extrapolation à partir d'une enquête de l'Insee selon laquelle 0,7% des femmes de 18 à 75 ans ont déclaré avoir été victimes de viol en 2007/2008.

10.000 plaintes pour viol sont déposées chaque année mais le nombre de condamnations varie autour de 1.400 par an, selon le ministère.

Le coût économique des violences est estimé à 2,5 milliards d'euros par an (conséquences sur la santé, interventions de la police, de la justice, aides sociales, etc).

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Rédigé par Par Pascale JUILLIARD, Lucie LAUTREDOU le Samedi 23 Novembre 2013 à 06:29 | Lu 156 fois