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Un nouvel an placé sous haute surveillance


Tahiti, le 29 décembre 2020 - Plus de 200 militaires de la gendarmerie ainsi qu'une cinquantaine de policiers et d'agents de la police aux frontières (PAF) seront mobilisés pour la nuit du réveillon. En ce contexte particulier de crise sanitaire, les forces de l'ordre sont particulièrement "déterminées" afin que les "manquements individuels" ne causent pas de préjudice pour la population de Tahiti et Moorea, mais aussi des archipels.
 
"Du bleu visible un peu partout avec une sollicitation de tous les moyens disponibles". Ce long week-end de la Saint-Sylvestre dans le contexte de la crise sanitaire actuelle s'annonce particulièrement surveillé à Tahiti, Moorea et dans les archipels. Jeudi soir, plus de 200 gendarmes, dont les militaires de l'antenne du groupe d'intervention de la gendarmerie nationale (AGIGN) de Polynésie française, ainsi qu'une cinquantaine de policiers et d'agents de la police aux frontières (PAF), vont ainsi être déployés.
 
Tel que l'explique le directeur de cabinet du haut-commissaire de la République en Polynésie, Cédric Bouet, l'idée est que ces fêtes de fin d'année ne fassent "pas perdre le bénéfice obtenu au prix d'efforts importants en matière de crise sanitaire depuis le mois d'octobre" : "Ces résultats restent fragiles et ne sont pas suffisants. Notre attention va se porter sur la nuit de la Saint-Sylvestre mais aussi sur ce long week-end." Un "dispositif particulier" va donc en effet être mis en place pour cette fin d'année, et particulièrement pour la nuit de la Saint-Sylvestre.
 
"Éviter les re-contaminations massives"
 
La volonté du Haut-commissariat est, tel que l'indique Cédric Bouet, "d'éviter les recontaminations massives" : "Nous avons beaucoup de mal à faire face avec le système sanitaire qui est encore aujourd'hui sous tension. Nous ne pouvons donc pas nous permettre d'avoir un pic de contamination fort dix jours après les fêtes de fin d'année." L'attention sera donc "particulière" sur tout ce qui "pourrait s'apparenter à un rassemblement festif non autorisé". "Nous parlons d'espaces publics et privés. Si nous avons de gros rassemblements festifs dans les espaces privés, il pourra y avoir des verbalisations si les conditions sont réunies, pour mise en danger de la vie d'autrui dans les cas les plus extrêmes", précise Cédric Bouet. "Nous demandons un petit effort, une discipline et je pense que la majorité des personnes vont faire cet effort pour que nous ne perdions pas tout le bénéfice difficilement gagné au cours des derniers mois. Cela nous a trop coûté à tous pour dilapider ces efforts dans un moment d'égarement. Cela ne veut pas dire non plus que l'on ne peut pas se retrouver en famille. C'est possible dans le respect des gestes barrières."
 
La sécurité routière reste également une forte préoccupation pour le Haut-commissariat et les forces de l'ordre seront "inflexibles", notamment sur la consommation d'alcool.
 

"On peut prendre du bon temps tout en respectant les gestes barrières"

Comme pour le réveillon de Noël, les festivités du 31 décembre s'annoncent particulières, cette année. Les rassemblements et les habituelles embrassades, une fois les douze coups de minuit sonnés, laissent la place cette année à des réjouissances rythmées par le couvre-feu et les gestes barrières. "Il va falloir trouver une autre manière de fêter la nouvelle année", indique le docteur Philippe Biarez, directeur de l’hôpital de Moorea. Cela va bien mieux au niveau de la situation sanitaire du fenua mais nous ne devons pas relâcher nos efforts. On comprend bien que n'est pas toujours facile mais beaucoup de familles ont déjà beaucoup souffert de la perte d'un proche."

Si le nombre de nouveaux cas est toujours en net recul, le bulletin épidémiologique de la plateforme Covid-19 du Pays faisait état lundi de 5 décès à l'issue des fêtes de Noël. La prudence reste donc de mise pour les autorités sanitaires et le spectre d'une recrudescence de l'épidémie après le 1er janvier plane toujours. Dans la mesure du possible, il faudra respecter un mètre de distance entre les convives, se laver les mains régulièrement et limiter le nombre des personnes invitées pour le réveillon de la Saint-Sylvestre. Le 17 décembre, la plateforme Covid insistait par ailleurs sur l'importance de préserver et de protéger les matahiapo et les personnes fragiles de son entourage pendant ces fêtes ou encore de privilégier les rassemblements à l'extérieur. "Le personnel de santé, les communautés dans les archipels, le Pays et l'État ont fait beaucoup d'efforts pour limiter la propagation du virus. Il faut respecter tout le travail qui a été accompli. On peut prendre du bon temps tout en respectant les gestes barrières", insiste le taote Biarez.
 

Les restaurants pas à la fête…

Si les fêtes de Noël sont traditionnellement passées en famille, le réveillon de la Saint-Sylvestre, lui, est plus généralement célébré entre amis dans les restaurants, bars et boîtes de nuit. Mais avec la prolongation des mesures sanitaires jusqu'au 15 janvier, les bars et discothèques doivent garder leurs portes closes et les restaurants, eux, restent limités à 50% de leur capacité d'accueil.Suite à l'annonce des autorités de l'État et du Pays, certains restaurateurs évoquaient une possible fermeture de leurs établissements pour le 31 décembre. Ainsi, selon Maxime Antoine-Michard, président du syndicat des restaurateurs, un tiers des restaurants n'ouvriront pas leur porte pour la soirée de la Saint-Sylvestre. "La première raison c'est qu'ils ont reçu très peu de réservations. C'est quelque chose qui se comprend. Les gens n'ont pas envie de sortir pour rentrer ensuite à 22 heures à peine et se souhaiter la bonne année", atteste le professionnel.  Concernant les établissements qui resteront ouverts, "ça a été compliqué aussi pour eux de remplir leur carnet de réservation", indique le président du syndicat.

"Nous avons eu des discussions avec l'État et le Pays pour leur demander l'assouplissement du couvre-feu pour que les restaurateurs puissent travailler jusqu’à 22 heures", ajoute Maxime Antoine-Michard. "Les réveillons du 24 et du 31 décembre ne changent rien pour nous. Ce qui aurait fait une différence, ça aurait été de nous autoriser à ouvrir jusqu'à 22 heures dans la deuxième moitié de décembre. Ça, ça aurait fait une vraie différence."
 

… pendant que les pensions de famille font le plein

Avec le couvre-feu décrété à Tahiti et Moorea, les plus avertis se sont pris à l'avance pour réserver un séjour dans les îles pour fêter tranquillement le réveillon de la Saint-Sylvestre. "Toutes les pensions de familles des cinq archipels sont pratiquement toutes pleines pour les fêtes de fin d'année", se réjouit Mélinda Bodin, présidente de l'association du tourisme authentique de Polynésie française qui rassemble 300 professionnels de la petite hôtellerie et de la prestation de services touristiques. "Ce qui est à noter aussi c'est que les gens voyagent plus loin. J'étais en contact récemment avec des pensions de Rurutu, aux Australes et de Ahe aux Tuamotu, elles n'ont plus aucune place de libre. C'est une très bonne nouvelle pour la petite hôtellerie. Après, on sait que certains pays comme la Nouvelle-Zélande ont encore leurs frontières fermées. Donc les locaux en profitent pour voyager dans les îles."

Pour ceux qui voudraient tenter le coup d'une réservation à la dernière minute, des logements restent encore disponibles sur la plateforme Airbnb. Mais les séjours à prix réduits sont compliqués à dénicher.

Rédigé par Garance Colbert et Désiré Teivao le Mercredi 30 Décembre 2020 à 16:40 | Lu 3040 fois