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Un fort séisme secoue les îles Salomon, déjà en proie aux pires inondations de leur histoire


HONIARA, vendredi 4 avril 2014 (Flash d’Océanie) – Portant séisme de magnitude mesurée à 6 sur l’échelle ouverte de Richter a frappé vendredi la localité de Kirakira (île de San Cristobal), non loin d’une zone déjà sinistrée depuis jeudi par les pires inondations qu’ait connu cet archipel mélanésien.
La secousse est survenu sur la terre ferme, à 22h40 locales (GMT+11), à 28 kilomètres à l’Ouest-sud-ouest de Kirakira province de San Cristobal), soit 224 kilomètres à l’Est-sud-est de la capitale Honiara, rapporte vendredi l’institut géophysique américain USGS, basé à Denver (Colorado).
Aucun dégât ni blessé n’a jusqu’ici été signalé à la suite de cet événement sismique dont l’épicentre a été localisé à une profondeur de 63 kilomètres en-dessous du niveau de la mer.

Le 2 avril 2007, un séisme au Nord-ouest des îles Salomon, d’une magnitude de 8, avait déclenché un tsunami qui avait fait plus 52 victimes et des milliers de sans-abri.
Cette catastrophe naturelle avait suscité un mouvement de solidarité régionale, notamment de la part de l'Australie, de la Nouvelle-Zélande et de la France, via leurs forces armées qui avaient acheminé des secours et du matériel pour venir en aide aux populations les plus touchées dans es villages côtiers de ces provinces septentrionales, celles de l'Ouest et de Choiseul.
Le 6 février 2013, un autre puissant séisme de magnitude 8 dans la province occidentale de Temotu et dans la région de Lata (région des îles Santa Cruz), avait provoqué d’énormes dégâts matériels, submergé et détruit plusieurs villages côtiers de cette région et le déplacement de milliers de personnes.
Une dizaine de personnes avaient été tuées et des milliers d’autres avaient été déplacées, après que leurs villages aient été rayés de la carte par l’énorme vague.

Les îles Salomon, ainsi que le reste de la Mélanésie, se trouvent dans ce qu’il est convenu d’appeler la « ceinture de feu du Pacifique », succession de zones d’affrontement et de subduction entre plaques tectoniques, dont l’Indo-Australienne et celle du Pacifique.
Toute cette région à forte sismicité dessine une sorte de fer à cheval trans-Pacifique inversé qui englobe la Mélanésie, remonte vers le Pacifique Nord-ouest et sa Micronésie pour ensuite longer les côtes des Amériques Nord et Sud.

Un séisme sur fond d’inondations

Ce séisme intervient au lendemain des pires inondations qu’ait connu cet archipel, et en particulier dans la région de sa capitale Honiara, où les premiers bilans, toujours évolutifs, font déjà état d’au moins six morts et d’une trentaine de disparus.
Dans son premier compte-rendu sur cette situation humanitaire d’urgence, le bureau des Nations-Unies pour la coordination de l’aide humanitaire (OCHA), depuis sa base régionale de Suva (Fidji), confirme une situation chaotique, caractérisée par les maisons et des infrastructures balayées par la rivière Mataniko qui est sortie de son lit sous l’effet des pluies torrentielles qui s’abattent sur cette région depuis plusieurs jours.
Ces pluies sont survenues du fait de la présence d’une dépression tropicale, dont les prévisionnistes estiment qu’elle possède toujours un fort potentiel de développement en cyclone au cours des prochains jours.
Les pluies ne devraient pas cesser avant la fin du week-end, en raison de la présence persistante dans la zone d’une dépression tropicale, a entre-temps indiqué le centre de prévision de la météorologie nationale.

Selon le centre de gestion des catastrophes naturelles (National Disaster Management Office, NDMO), plus de dix mille habitants sont touchés par cette situation et pour certains ont été forcés de trouver refuge dans les centres communautaires mis à disposition par les autorités locales.
Vendredi, les premières équipes de secours étaient déployées afin de tenter de retrouver la trentaine de personnes disparues, soit emportées par les eaux, soit par des glissements de terrain.
Le bilan mortel de ces inondations pourrait rapidement augmenter, redoutent déjà les services d’urgence.
Plusieurs axes routiers sont toujours fermés à la circulation et l’aéroport international d’Honiara-Henderson a cessé de fonctionner vendredi.
Une partie du terminal est désormais occupée par un millier de réfugiés.
La wharf de la capitale est lui aussi fortement endommagé et encombré de débris en tous genres, charriés par les eaux, y compris des petites embarcations qui sont venues s’empiler sur le quai.
La capitale Honiara et d’autres parties de son île, celle de Guadalcanal, ont été d’ores et déjà déclarées zones sinistrées.
Les autorités ont exhorté la population à prendre toutes les précautions d’usage en pareilles circonstances et à se tenir à l’écart des rivières et creeks, toujours en crue, et en particulier la rivière Mataniko qui traverse Honiara.
Selon les premiers bilans des dégâts matériels, de nombreuses infrastructures (ponts et chaussées) ont été détruites ou ont subi de lourds dommages, ainsi que de nombreux jardins de cultures vivrières.
« Ce sont de loin les pires inondations que j’ai connues depuis que le dirige ce centre », a déclaré Loti Yates, directeur du NDMO, qui a aussi demandé aux habitants de la capitale salomonaise de ne pas tenter de se lancer à la recherche de personnes disparues.
« Nous faisons ce que nous pouvons, mais surtout, les gens seront plus en sûreté s’ils restent chez eux (…) Si en plus les gens ne font pas attention, les choses pourraient être encore bien pires », a insisté le NDMO.
Des actes de pillages ont aussi été signalés, à la faveur de la confusion, en particulier dans le quartier chinois.

Toutefois, le gouvernement salomonais ne s’est pas encore résolu à déclarer un état d’urgence, ni à officiellement solliciter l’aide internationale.
Néanmoins, de nombreuses agences caritatives déjà présentes sur zone ont commencé à œuvrer pour apporter des soins de première nécessité aux populations.
Parmi celles-là : la Croix Rouge locale, qui a mobilisé ses stocks prépositionnés et devrait pouvoir les reconstituer grâce à des enveloppes d’urgences débloquées par la Nouvelle-Zélande et l’Australie.
En prévision d’une éventuelle demande de la part des autorités d’Honiara, une première réunion de coordination d’une possible aide internationale a eu lieu vendredi, précise l’OCHA.
Objectif : commencer à tracer les grandes lignes d’une possible réponse régionale à la catastrophe salomonaise, une fois que les besoins auront été plus précisément identifiés sur place.

D’ores et déjà, vendredi, la Nouvelle-Zélande, par la voix de son ministre des affaires étrangères Murray McCully, annonçait une enveloppe initiale de contribution à ces efforts de secours de l’ordre de 300.000 de ses dollars, au titre de la « réponse immédiate ».
Cette première enveloppe devrait être dirigée vers les agences et ONG présentes sur zone, et qui (comme la Croix Rouge locale) ont dû mobiliser leurs stocks prépositionnés.
« Le bilan mortel risque fort de grimper et les dommages aux maisons et aux infrastructures sont significatifs », a commenté le ministre.

L’Australie, pour sa part, a annoncé vendredi une enveloppe d’urgence, pour commencer, d’une trentaine de milliers d’euros, mais Canberra affirme que cette assistance financière pourrait augmenter, soit en apport financier, soit en matériel et expertise, au fur et à mesure que l’étendue des dégâts sera plus précisément établie.

pad

Rédigé par PAD le Vendredi 4 Avril 2014 à 07:24 | Lu 880 fois