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Un an ferme pour quatre ans de violences


Tahiti, le 4 juillet 2022 – Un père de famille déjà condamné à plusieurs reprises pour de graves violences a été jugé en comparution immédiate lundi pour répondre de violences habituelles commises sur sa compagne à Bora Bora entre décembre 2018 et 2022. L'homme, qui a reconnu les faits, a été condamné à deux ans de prison dont un avec sursis. 
 
“C'était la fois de trop et j'ai décidé de porter plainte”. C'est par ces mots qu'une jeune femme de 23 ans a expliqué à la barre du tribunal correctionnel lundi qu'elle avait décidé de dénoncer son compagnon après plusieurs années de violences quasi quotidiennes. L'homme était en effet jugé, en comparution immédiate, pour répondre de violences habituelles et d'agressions sexuelles commises sur sa compagne et mère de leurs deux enfants durant plusieurs années à Bora Bora. 
 
Tel que l'a expliqué le président du tribunal, “la fois de trop” s'était déroulée le 14 mai dernier alors que le couple se trouvait seul sur un motu. Énervé en raison de motifs assez obscurs, le prévenu avait mis deux claques à sa compagne dont la tête avait heurté un mur. Blessée et ensanglantée, la victime avait alors décidé de se rendre à la gendarmerie où elle avait fait état des agissements de son compagnon en affirmant qu'elle était régulièrement victime de ses coups. La jeune femme avait également expliqué qu'elle subissait des rapports sexuels avec son concubin alors qu'elle n'en avait pas envie. Elle avait toutefois précisé qu'elle ne refusait pas ces rapports. Entendue à son tour, la sœur de la victime avait déclaré que sa famille ne portait pas plainte car la jeune femme avait l'habitude de dire qu'elle était “tombée” lorsque quelqu'un remarquait des traces de coup sur son corps. 
 
“État dangereux”
 
Interrogé sur les violences commises sur sa compagne lundi, le prévenu a reconnu les faits sans pour autant tenter d'expliquer les causes de ses accès de colère. Il a en revanche fermement nié les agressions sexuelles en soutenant qu'il n'avait jamais forcé sa femme. Selon l'expert psychologue qui l'avait examiné peu après les faits, le prévenu, déscolarisé en classe de troisième pour faire des petits boulots de maçonnerie, présente un “état dangereux au sens criminologique”. Tel que l'a rappelé le président du tribunal, l'homme a déjà été condamné à cinq reprises pour des violences, dont une fois à trois ans ferme. 
 
“Ma cliente a bien compris. On se demande toujours pourquoi ces femmes ne partent pas mais l'être humain est fait de telle façon qu'il oublie et qu'il pardonne mais là, c'était la fois de trop”, a affirmé Me Édouard Varrod lors de sa plaidoirie pour la défense de la jeune femme. “Elle a 24 ans et a passé les sept dernières années de sa vie sous les coups récurrents de son concubin”, a rappelé l'avocat avant d'aborder la question des agressions sexuelles reprochées au prévenu. “Même si elle n'a pas refusé, elle a vécu ces relations sexuelles comme des viols. Elle s'est dit que si elle n'acceptait pas, elle allait se faire frapper”. Même constat pour le procureur de République pour lequel la victime a “subi quelque chose pour éviter de subir quelque chose de pire”. Quatre ans de prison dont un an avec sursis ont été requis contre le père de famille. 
 
“Souffrances enfouies”
 
Face au nombre de dossiers de violences conjugales impliquant de jeunes couples, l'avocate du prévenu, Me Armour Lazzari, a ensuite déploré les cas où ces “jeunes se mettent ensemble très très jeunes, ont des enfants et ne sont pas en mesure de savoir qui ils sont avant même de s'effacer derrière leur partenaire.” Elle a également dénoncé l'expertise psychologique “sommaire” effectuée sur son client qui a certainement des “souffrances enfouies”
 
Après en avoir délibéré, le tribunal a condamné le prévenu à deux ans de prison dont un avec sursis pour les faits de violences habituelles. Il l'a cependant relaxé pour les agressions sexuelles. 
 

Rédigé par Garance Colbert le Lundi 4 Juillet 2022 à 20:13 | Lu 1247 fois