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Un air de "Folle journée" à l'hôpital de Nantes, une "parenthèse enchantée" pour les patients


Photo : AFP
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Nantes, France | AFP | vendredi 03/02/2017 - "Une parenthèse enchantée": un duo de violon et harpe a offert vendredi un répit musical entre deux soins à des patients de l'hôpital Saint-Jacques de Nantes, l'un des 60 concerts délocalisés de la "Folle journée".

"Ça permet de rompre, de quitter le lit, la chambre, on se fixe des objectifs de rééducation, donc tout ça permet de rêver d'autre chose", raconte dans son fauteuil roulant Lies Laidi, 64 ans. Devenu tétraplégique après une chute de vélo lors d'un triathlon, le sexagénaire a intégré en juin dernier le pôle de médecine physique et de réadaptation (MPR) du CHU de Nantes.

Jeudi, il a pu assister à trois concerts de la "Folle journée" de Nantes, festival de musique créé en 1995 par René Martin qui propose chaque année environ 60 concerts hors les murs, dans les hôpitaux, les prisons, les maisons de retraite ou les gares à destination des publics dits "empêchés".

En ce vendredi après-midi, la musique est venue à M. Laidi "dans un cadre plus intimiste". Comme lui, une centaine d'adultes en rééducation et de soignants en blouse blanche ont pris place dans la salle de sports du centre de rééducation. Interrompant les soins le temps d'un concert de 45 minutes environ, ils écoutent attentivement les notes sorties du violon et de la harpe du couple de musiciens Guillaume Sutre et Kyunghee Kim-Sutre.

- 'Silence intense' -

Les appareils de musculation et les billards ont été remisés dans un coin du gymnase. Depuis la scène improvisée, le violoniste s'excuse quand la pluie commence à tambouriner sur la façade vitrée et que le tonnerre gronde au loin: "A chaque fois que je joue cette pièce, il pleut et il y a de l'orage, mais ça ne va pas durer", veut croire M. Sutre.

Au programme mélancolique du duo se produisant en Europe, aux Etats-Unis et en Asie: des danses pour coller au thème choisi pour la 23e édition de la "Folle journée", mais "pas forcément très connues". Ils ont ainsi joué une chaconne d'un compositeur allemand du XVIIIe siècle, J.G. Burckhoffer, une transcription d'une danse folklorique sud-coréenne écrite pour eux par un compositeur américain, et ont conclu par une danse plus tonique à onze temps.

"Cette formation de duo était plus souvent jouée à l'époque de leur création dans des salons de musique. Aujourd'hui, on retrouve une proximité avec le public qui nous rappelle un peu l'atmosphère qu'il devait y avoir dans ces salons de musique. (...) On a nous-mêmes été très pris, très portés par ce silence intense et cette écoute très attentive", déclare le violoniste, heureux d'avoir apporté "un moment de bonheur, de sérénité".

Après avoir partagé un goûter avec les patients et le personnel soignant, le duo devait enchaîner avec une répétition et un concert dans une des neuf salles du festival.

"Dans la partie neurologique du pôle, on a des patients victimes de très graves accidents nerveux ou de graves maladies. C'est un combat du quotidien pour récupérer, retrouver une autonomie. Et avoir des artistes qui viennent ici, c'est une parenthèse enchantée pour ces héros du quotidien", conclut le professeur Brigitte Perrouin-Verbe, directrice du pôle MPR, qui accueille pour la première fois un concert "hors les murs" de la "Folle journée".

Rédigé par AFP le Samedi 4 Février 2017 à 02:00 | Lu 710 fois