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Un Néo-Zélandais face à la justice en Birmanie pour une image de Bouddha


Rangoun, Birmanie | AFP | jeudi 18/12/2014 - Le procès d'un Néo-Zélandais en Birmanie, accusé d'"insulte à la religion" pour avoir utilisé une image de Bouddha pour faire la publicité de son bar, s'est ouvert jeudi sous les huées de bouddhistes radicaux, influents dans l'ex-Etat paria.

L'audience s'est tenue à huis-clos dans un tribunal de Rangoun, en présence du Néo-Zélandais et de ses deux associés birmans, transférés de prison pour l'occasion.

"Aucun d'eux n'a reconnu sa culpabilité", a déclaré à la presse l'avocat des trois hommes, Mya Thwe, en sortant de l'audience, précisant que la prochaine aurait lieu le 26 décembre.

Une dizaine de moines ont manifesté devant le tribunal de la capitale économique de ce pays confronté à une montée du nationalisme bouddhiste.

"Les bouddhistes sont mécontents car pour eux, c'est affreux de voir leur vénéré Bouddha montré de cette façon", a critiqué Win Thein, du réseau du Theravada Dhamma, groupe affilié au mouvement nationaliste bouddhiste Ma Ba Tha.

Les trois hommes avaient posté sur la page Facebook de leur bar une représentation de Bouddha portant des écouteurs, qui a déclenché de vives réactions sur les réseaux sociaux. Un responsable du département des affaires religieuses a porté plainte, leur bar a été fermé et ils dorment en prison dans l'attente de la sentence du tribunal.

La montée du nationalisme bouddhiste en Birmanie, pays qui s'est ouvert au monde extérieur en 2011 après des décennies de régime militaire, est portée par des moines extrémistes.

Ils appellent au boycott des entreprises musulmanes pour "protéger" le bouddhisme, religion de plus de 80% de la population.

Le président birman, Thein Sein, a récemment approuvé un ensemble de projets de lois inspirés par des moines bouddhistes radicaux qui entendent notamment réduire les mariages interreligieux et les conversions religieuses, et l'a soumis au Parlement.

Depuis la dissolution de la junte en 2011, le gouvernement quasi-civil a entraîné la Birmanie dans un tourbillon de réformes qui ont permis l'ouverture du pays après un demi-siècle de dictature.

Mais le pays a également été secoué depuis 2012 par une série de violences entre bouddhistes radicaux et musulmans qui ont fait au moins 250 morts et des dizaines de milliers de déplacés, en majorité des musulmans

Rédigé par () le Jeudi 18 Décembre 2014 à 05:45 | Lu 684 fois