Tahiti, le 26 février 2025 - Ce mercredi, comparaissait devant la cour d'assises de Papeete un homme ayant tué son oncle à l'occasion d'un accès de colère. Des faits qui remontent au mois de novembre 2022 où l'accusé, tout juste sorti de 15 ans de réclusion pour viol, a poignardé, puis assené quatre coups de bloc de béton à la victime pour un différend concernant... un ‘ukulele.
Le premier jour du procès qui s’est ouvert ce mercredi à la cour d’assises de Papeete est revenu sur la journée du samedi 12 novembre 2022. Ce jour-là, aux alentours de 13 h 30, le poste de police reçoit un appel au 17 de la part d'une personne assistant à une agression à coups de parpaing. Au téléphone, l'individu explique aux forces de police que la scène a lieu sur l’avenue Prince Hinoï, en face de la pizzeria Croq'in, à l'entrée d'un terrain occupé par des containers d'une société privée. Une patrouille est alors dépêchée sur place et trouve à son arrivée un homme, debout, en état de “grande excitation” face à un autre individu allongé au sol, inconscient et plein de sang. L'homme, malgré la présence des policiers, donne un nouveau coup de pied à l'individu inanimé. Les agents de police s'empressent de maîtriser ce dernier et appellent les pompiers qui, malgré tous leurs efforts, ne réussiront pas à ranimer le corps de la victime. Le décès est prononcé à 14 h 30.
Arrivé quelque temps après sur le lieu du crime, le médecin légiste fait état de plusieurs fractures sur le visage de la victime, d'un trou au niveau de son menton, puis d'un enfoncement du crâne à l'arrière. À quelques mètres du corps, une mare de sang, dense, avec autour des objets suspects : deux blocs de béton, un couteau, tous recouverts de sang. Emmené au poste de police, le présumé responsable de cette horreur est placé en garde à vue. Sur place, il apprend des agents de police que l'autre individu est mort et, à la surprise générale, celui-ci se réjouit. Au point même de crier haut et fort “Alléluia !” Blessé au petit doigt et nécessitant d'être opéré, le suspect est emmené à l'hopital et ne sera entendu que deux jours après le drame. Entre-temps, l'homme est identifié. Il s'agit d'un quadragénaire bien connu des instances judiciaires puisque ce dernier venait tout juste de sortir de 15 ans de réclusion pour viol, et a à son actif plusieurs autres condamnations pour violence.
De retour au poste de police, l'homme a la parole facile et reconnaît les faits, avec fierté. Selon lui, la victime, qui se trouve être son oncle, méritait son sort. Pourtant, ce “tonton” avait généreusement accueilli son neveu, sans domicile fixe car tout juste sorti de prison, pour partager une partie du terrain qu'il gardait pour une société privée. Une générosité très vite oubliée par le suspect, affirmant que son sauveur s'est très vite transformé en oppresseur. Des tensions grandissantes qui, ce samedi 12 novembre 2022, ont atteint leur apogée. “Il voulait que je parte alors que je venais juste de monter ma tente”, explique le neveu. “J'étais fatigué, j'avais mal dormi, j'étais en colère. J'ai donc appelé ma sœur et je lui ai dit que j'étais à bout, que j'allais le piquer avec un couteau.” Et l'homme ne plaisantait pas. Quelques heures plus tard, le “tonton”, voulant emprunter le ukulele de son neveu pour aller jouer en ville, reçoit un coup de couteau dans la gorge. Un geste traître qui n'a, en revanche, pas eu raison de lui. Coriace, celui-ci retire lui-même le couteau de sa gorge et est prêt à en découdre. Mais après quelques échanges, il est envoyé au sol et maîtrisé par son neveu devenu fou, au point de vouloir crever les yeux de son oncle. Et le “tonton” a beau avoir mordu le petit doigt de son agresseur, rien à faire pour arrêter ce dernier qui finit par s'emparer d'un bloc de béton de 23 kg avec lequel il frappe son oncle quatre fois à la tête. Seule l'arrivée des forces de l'ordre mettra fin au cauchemar.
“Quand il s'emporte, il est incontrôlable”
Interrogé ce mercredi devant la cour d'assises de Papeete sur les raisons qui ont pu conduire à une telle folie, le suspect répond : “Depuis que je suis sorti de prison, j'ai fait que de changer de maison. À chaque fois, on m'a dit de partir.” Et pour cause, que ce soit chez sa cousine, chez des connaissances, ou même chez la compagne de son fils, tous ont eu affaire au mauvais penchant de l'individu. Vols, actes violents ou dangereux. L'homme ne s'est pas rendu service. Même sa propre sœur, la seule pourtant à réussir à le calmer selon ses proches, n'a pas pu le garder. “C'est mon frère mais j'ai peur quand même”, explique-t-elle à la barre. “Quand il s'emporte, il est incontrôlable.” Et si avec bienveillance, celle-ci a proposé à son frère d'essayer le centre Le Bon Samaritain, ce dernier est catégorique : “On m'a proposé d'aller au centre pour SDF, Le Bon Samaritain... c'était hors de question. Moi ? Avec les SDF ? Non ! Ce n'est pas là ma place. C'est la honte de finir là-bas. Je préfère retourner en prison. Là-bas, j'ai mon frigidaire et tout, c'est l'hôtel !” Un confort bien loin de celui qu'il supportait aux côtés de son oncle : “Lors de sa garde à vue, il nous a raconté que son oncle l'énervait pour plusieurs raisons”, raconte la directrice de l'enquête, également convoquée à la barre ce mercredi. “Tous les soirs, au moment où il décidait de manger, son oncle balayait tout autour de lui, et les poils de chien finissaient dans son assiette par exemple. Ou encore, lorsqu'il voulait faire ses besoins, son oncle lui demandait de le faire de l'autre côté de la route, sous le pont de la Papeava.” Une demande ridiculisante aux yeux d'un neveu ayant une haute estime de lui-même, et suffisante pour envisager le pire.
D'autant que l'humiliation est un sentiment qui réveille de vieux démons chez l'individu instable. N'ayant jamais connu son père biologique, le jeune garçon – à l'époque – a dû composer entre une mère violente et un beau-père tyrannique. “Quand j'étais petit, ma mère me tapait sur l'épaule, ou dans les jambes, avec un balai nī'au. Elle me tapait parce que je n'écoutais pas. Quant à mon beau-père, il me faisait me mettre à genou sous la pluie. Il me tapait aussi. Entre eux, ils se disputaient beaucoup aussi. Ma mère avait peur de lui. Du coup, quand ils se fâchaient, elle allait se cacher. Le souci, c'est que quand il ne la trouvait pas, il ramenait tout sur moi. Donc à la fin, c'est toujours moi qui me faisais battre.” Depuis, le jeune garçon s'est promis de toujours rendre les coups, et de ne jamais laisser qui que ce soit le ridiculiser ou le diminuer. Quitte à tuer. Un esprit vindicatif hors norme et apparent, notamment au moment du rappel des faits, où ce dernier n'a pas caché son sourire en coin. La suite du procès ce jeudi et ce vendredi.
Le premier jour du procès qui s’est ouvert ce mercredi à la cour d’assises de Papeete est revenu sur la journée du samedi 12 novembre 2022. Ce jour-là, aux alentours de 13 h 30, le poste de police reçoit un appel au 17 de la part d'une personne assistant à une agression à coups de parpaing. Au téléphone, l'individu explique aux forces de police que la scène a lieu sur l’avenue Prince Hinoï, en face de la pizzeria Croq'in, à l'entrée d'un terrain occupé par des containers d'une société privée. Une patrouille est alors dépêchée sur place et trouve à son arrivée un homme, debout, en état de “grande excitation” face à un autre individu allongé au sol, inconscient et plein de sang. L'homme, malgré la présence des policiers, donne un nouveau coup de pied à l'individu inanimé. Les agents de police s'empressent de maîtriser ce dernier et appellent les pompiers qui, malgré tous leurs efforts, ne réussiront pas à ranimer le corps de la victime. Le décès est prononcé à 14 h 30.
Arrivé quelque temps après sur le lieu du crime, le médecin légiste fait état de plusieurs fractures sur le visage de la victime, d'un trou au niveau de son menton, puis d'un enfoncement du crâne à l'arrière. À quelques mètres du corps, une mare de sang, dense, avec autour des objets suspects : deux blocs de béton, un couteau, tous recouverts de sang. Emmené au poste de police, le présumé responsable de cette horreur est placé en garde à vue. Sur place, il apprend des agents de police que l'autre individu est mort et, à la surprise générale, celui-ci se réjouit. Au point même de crier haut et fort “Alléluia !” Blessé au petit doigt et nécessitant d'être opéré, le suspect est emmené à l'hopital et ne sera entendu que deux jours après le drame. Entre-temps, l'homme est identifié. Il s'agit d'un quadragénaire bien connu des instances judiciaires puisque ce dernier venait tout juste de sortir de 15 ans de réclusion pour viol, et a à son actif plusieurs autres condamnations pour violence.
De retour au poste de police, l'homme a la parole facile et reconnaît les faits, avec fierté. Selon lui, la victime, qui se trouve être son oncle, méritait son sort. Pourtant, ce “tonton” avait généreusement accueilli son neveu, sans domicile fixe car tout juste sorti de prison, pour partager une partie du terrain qu'il gardait pour une société privée. Une générosité très vite oubliée par le suspect, affirmant que son sauveur s'est très vite transformé en oppresseur. Des tensions grandissantes qui, ce samedi 12 novembre 2022, ont atteint leur apogée. “Il voulait que je parte alors que je venais juste de monter ma tente”, explique le neveu. “J'étais fatigué, j'avais mal dormi, j'étais en colère. J'ai donc appelé ma sœur et je lui ai dit que j'étais à bout, que j'allais le piquer avec un couteau.” Et l'homme ne plaisantait pas. Quelques heures plus tard, le “tonton”, voulant emprunter le ukulele de son neveu pour aller jouer en ville, reçoit un coup de couteau dans la gorge. Un geste traître qui n'a, en revanche, pas eu raison de lui. Coriace, celui-ci retire lui-même le couteau de sa gorge et est prêt à en découdre. Mais après quelques échanges, il est envoyé au sol et maîtrisé par son neveu devenu fou, au point de vouloir crever les yeux de son oncle. Et le “tonton” a beau avoir mordu le petit doigt de son agresseur, rien à faire pour arrêter ce dernier qui finit par s'emparer d'un bloc de béton de 23 kg avec lequel il frappe son oncle quatre fois à la tête. Seule l'arrivée des forces de l'ordre mettra fin au cauchemar.
“Quand il s'emporte, il est incontrôlable”
Interrogé ce mercredi devant la cour d'assises de Papeete sur les raisons qui ont pu conduire à une telle folie, le suspect répond : “Depuis que je suis sorti de prison, j'ai fait que de changer de maison. À chaque fois, on m'a dit de partir.” Et pour cause, que ce soit chez sa cousine, chez des connaissances, ou même chez la compagne de son fils, tous ont eu affaire au mauvais penchant de l'individu. Vols, actes violents ou dangereux. L'homme ne s'est pas rendu service. Même sa propre sœur, la seule pourtant à réussir à le calmer selon ses proches, n'a pas pu le garder. “C'est mon frère mais j'ai peur quand même”, explique-t-elle à la barre. “Quand il s'emporte, il est incontrôlable.” Et si avec bienveillance, celle-ci a proposé à son frère d'essayer le centre Le Bon Samaritain, ce dernier est catégorique : “On m'a proposé d'aller au centre pour SDF, Le Bon Samaritain... c'était hors de question. Moi ? Avec les SDF ? Non ! Ce n'est pas là ma place. C'est la honte de finir là-bas. Je préfère retourner en prison. Là-bas, j'ai mon frigidaire et tout, c'est l'hôtel !” Un confort bien loin de celui qu'il supportait aux côtés de son oncle : “Lors de sa garde à vue, il nous a raconté que son oncle l'énervait pour plusieurs raisons”, raconte la directrice de l'enquête, également convoquée à la barre ce mercredi. “Tous les soirs, au moment où il décidait de manger, son oncle balayait tout autour de lui, et les poils de chien finissaient dans son assiette par exemple. Ou encore, lorsqu'il voulait faire ses besoins, son oncle lui demandait de le faire de l'autre côté de la route, sous le pont de la Papeava.” Une demande ridiculisante aux yeux d'un neveu ayant une haute estime de lui-même, et suffisante pour envisager le pire.
D'autant que l'humiliation est un sentiment qui réveille de vieux démons chez l'individu instable. N'ayant jamais connu son père biologique, le jeune garçon – à l'époque – a dû composer entre une mère violente et un beau-père tyrannique. “Quand j'étais petit, ma mère me tapait sur l'épaule, ou dans les jambes, avec un balai nī'au. Elle me tapait parce que je n'écoutais pas. Quant à mon beau-père, il me faisait me mettre à genou sous la pluie. Il me tapait aussi. Entre eux, ils se disputaient beaucoup aussi. Ma mère avait peur de lui. Du coup, quand ils se fâchaient, elle allait se cacher. Le souci, c'est que quand il ne la trouvait pas, il ramenait tout sur moi. Donc à la fin, c'est toujours moi qui me faisais battre.” Depuis, le jeune garçon s'est promis de toujours rendre les coups, et de ne jamais laisser qui que ce soit le ridiculiser ou le diminuer. Quitte à tuer. Un esprit vindicatif hors norme et apparent, notamment au moment du rappel des faits, où ce dernier n'a pas caché son sourire en coin. La suite du procès ce jeudi et ce vendredi.