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Trois irréductibles tentent de sauver le gouvernement de Nauru


Sprent Dabwido
Sprent Dabwido
YAREN, jeudi 21 février 2013 (Flash d’Océanie) – Le gouvernement de Nauru a encore été diminué d’un de ses ministres, troisième à quitter l’exécutif en deux semaines, ne laissant à cette équipe qu’un noyau de trois personnes.
Jeudi 7 février 2013, en pleine session parlementaire, Kieren Keke, jusqu’alors ministre des affaires étrangères, du commerce extérieur, de la santé et des sports, faisait connaître sa démission sans en préciser les motifs.
Lundi 11 février 2013, l’ancien Président Marcus Stephen, qui était en charge du portefeuille des entreprises, du commerce et de l’industrie ainsi que de l’environnement, était limogé par le Président Sprent Dabwido, pour un motif encore inconnu.
En début de semaine, c’était au tour du ministre des finances, Roland Kun, de claquer la porte.
L’équipe gouvernementale est désormais réduite à sa plus simple expression, avec un groupe de trois, y compris le Président.
Côté Parlement, les 18 sièges sont une nouvelle fois divisés en trois camps de force quasiment égale, ajoutant à la situation de blocage.

L’un des députés de l’opposition, Baron Waqa, estime d’ores et déjà que le gouvernement n’est plus en mesure d’assumer ses fonctions et que le pays est de fait entré en crise constitutionnelle, bloquant de fait le fonctionnement des services de l’État.
Lors de crises similaires dans le passé, le Président avait eu recours à des élections anticipées, afin de tenter de faire ressortir des majorités plus claires.
Les législatives sont normalement prévues pour avoir lieu en milieu d’année.

Ces remous interviennent sur fond de tentatives de l’opposition de renverser une nouvelle fois le gouvernement de M. Dabwido.
Début février 2013, une motion de censure a été rejetée de justesse par 9 voix contre 8, traduisant encore les fragiles équilibres résultant de la configuration politique actuelle au sein du Parlement (18 sièges).
Depuis cette courte victoire, le Président du Parlement, Ludwig Scotty, a cru bon d’ajournement les séances sine die, mais il doit faire face à l’ire de l’opposition, qui exige, par voie de pétition, une reprise des débats.

Instabilité politique : un Président seul à vouloir modifier la Constitution

Ces dernières années, la vie politique de Nauru a été particulièrement agitée et marquée par une valse des Présidents, le plus souvent provoquée par le vote de motions de censure.

Dernier épisode en date : mi-juin 2012, lorsque Sprent Dabwido, devenu Président du petit État insulaire de Nauru le 15 novembre 2011, créait lui aussi la surprise en annonçant le limogeage de la totalité de son gouvernement, dans le cadre de ce qui semble être un changement radical d’alliance.

Le nouvel exécutif est depuis composé de membres de l’opposition actuelle, avec laquelle M. Dabwido semblait alors avoir conclu une nouvelle alliance, sur fonds de rumeurs d’une nouvelle motion de censure, au sein de ses propres rangs.
Le Président soulignait aussi, alors, son sentiment de « ne plus être en mesure de travailler en confiance » avec l’équipe précédente, qu’il dirigeait depuis un peu plus de sept mois.
M. Dabwido, depuis son arrivée au pouvoir, s’est fait l’avocat d’une cause particulière : toiletter la Constitution dans sa forme actuelle, avec comme priorité une recherche de solutions à une instabilité chronique, en partie causée par l’absence de véritables majorités (réduite à leur plus simple expression, d’un siège, neuf contre huit, au sein de l’Assemblée).
Un projet avait été évoqué en vue, a minima, d’augmenter d’au moins un siège le nombre de représentants élus (pour creuser les écarts), de créer aussi un poste de Médiateur de la République (ombudsman) chargé de faire appliquer un code de conduite des dirigeants.

Mais le dossier n’a depuis guère avancé.
Confronté à cette inertie, M. Dabwido avait donc choisi de changer radicalement d’équipes.

Parmi les nouveaux ministres annoncés mi-juin 2012par M. Dabwido figuraient des revenants, comme Kieren Keke, qui retrouvait alors un portefeuille aux affaires étrangères.

Au terme d’un nouvel épisode de turbulences politiques préélectorales, fin 2011, M. Dabwido a remplacé mi-novembre 2011 le Président éphémère Freddie Pitcher, victime d’une motion de censure-surprise six jours après avoir succédé à Marcus Stephen.
M. Stephen, au pouvoir depuis 2007, mais menacé d’une motion de censure, avait auparavant préféré démissionner, sur fonds d’accusations de corruption sur des transactions relatives à la vente du phosphate.
L’exploitation du phosphate a fait les beaux jours de Nauru durant la plus grande partie du vingtième siècle, avant de laisser place à une quasi-faillite à partir des années 1990.

pad

Rédigé par PAD le Jeudi 21 Février 2013 à 06:03 | Lu 449 fois