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Trois ans de sursis pour le viol de sa voisine mineure


Tahiti, le 9 février 2021 - Le tribunal correctionnel a condamné mardi un homme de 60 ans à trois ans de prison avec sursis pour un viol correctionnalisé commis en 2017 sur l'une de ses voisines mineures. Il a retenu que le discernement du prévenu, qui souffre de lourds troubles mentaux depuis un très grave accident de la circulation, était altéré au moment des faits. L'homme devra indemniser la victime à hauteur de 1,8 million de Fcfp.

Instabilité psychique évidente, propos décousus, agitation et troubles de la mémoire : un homme de 60 ans, ancien pompier amateur de boxe, a comparu devant le tribunal correctionnel mardi pour répondre d'un viol correctionnalisé commis sur l'une de ses voisines mineures en 2017 à Tahiti.
 
Le jour des faits, alors que la jeune fille était sortie pour aller acheter du pain, l'homme l'avait apostrophée de son jardin. N'ayant pas entendu ce qu'il voulait lui dire, l'adolescente s'était approchée de lui. Le sexagénaire lui avait alors asséné un coup à la nuque. "Étourdie", la victime était tombée à terre et l'intéressé l'avait déshabillée puis violée. Dès le lendemain, elle s'était rendue à la gendarmerie en compagnie de l'une de ses tantes pour déposer plainte.

"Potentiel de récidive"

Le procès de cette violente agression sexuelle s'est déroulé mardi devant le tribunal correctionnel en présence de la victime, seule à l'audience, et du prévenu, dont le comportement à la barre n'a fait que confirmer les expertises psychiatriques réalisées dans le cadre de ce dossier. Lorsqu'ils avaient rencontré le prévenu, les médecins avaient en effet relevé que ce dernier présentait une "démence fronto-temporale" relative au très grave accident de la circulation qu'il avait subi en 1986, et à l'issue duquel il avait passé plusieurs semaines dans le coma. Les psychiatres avaient également établi que le sexagénaire, désormais sous tutelle, était "dangereux" sur le plan criminalistique et qu'il présentait donc un potentiel de récidive.

Face à ce profil inquiétant, l'avocate de la victime, Me Myriam Toudji, a concédé lors de sa plaidoirie que l'état mental de l'agresseur de sa cliente rendait ce dossier "difficile". "Les déclarations de ma cliente ont toujours été constantes sur les conditions dans lesquelles le viol qu'elle a subi a été commis" a-t-elle rappelé, avant d'insister sur l'attitude du prévenu qui n'avait pas "franchement" reconnu les faits mais qui ne les avait pas niés non plus.

Caractère intentionnel

Tenant compte des expertises psychiatriques et du caractère très "confus" des propos du prévenu, le procureur de la République a cependant souligné pendant ses réquisitions que ce dernier présentait des "points d'arrimage dans la réalité du caractère intentionnel" des faits qui lui étaient reprochés. Le représentant du ministère public a finalement requis 12 mois de prison avec sursis.
 
 
En défense pour le prévenu, Me Robin Quinquis a salué de justes réquisitions en demandant au tribunal de faire application des dispositions du code pénal relatives à l'altération du discernement. "Mon client a une trajectoire de vie triste. Il était pompier, champion de boxe et avait toute la vie devant lui lorsqu'il a subi un accident très grave avec des conséquences très lourdes." Évoquant l'altération du discernement diagnostiquée par les psychiatres, l'avocat a rappelé que ces derniers avaient établi un lien de causalité "évident" entre sa condition psychique et le passage à l'acte. Après en avoir délibéré, le tribunal a condamné le prévenu à trois ans de prison avec sursis. Il devra également verser 1,8 million de Fcfp à la victime au titre des dommages et intérêts.
 

Rédigé par Garance Colbert le Mardi 9 Février 2021 à 17:02 | Lu 2534 fois