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Tribunal correctionnel : il écope de trois ans pour le viol de son épouse


PAPEETE, le 5 août 2014. C’est un viol entre époux dénoncé du bout des lèvres. Ce 17 juillet 2013, cette jeune femme discrète se présente devant les gendarmes de Paea pour dénoncer les violences de son mari, âgé de 34 ans et qui a déjà une dizaine de condamnations à son actif. Ce jour là, il lui a juste tiré fortement le bras parce qu’elle voulait partir à vélo à la pharmacie. Le geste n’était pas si violent que ça : il n’y a même pas d’ITT (interruption temporaire de travail). Quelques semaines avant, ce mari à la main leste avait été condamné à 4 mois de prison pour violences conjugales : il est donc en état de récidive légale. Mais au-delà des violences régulières, cette fois, la jeune femme dénonce un viol, commis en mai. Ce soir là son mari était ivre –il boit depuis l’âge de 9 ans- et souhaitait avoir un rapport sexuel. Elle, non. Elle le lui dit, il n’en tient pas compte et force le rapport jusqu’à son terme alors qu’elle pleure.

A peine, a t-elle dénoncé ce viol entre époux que la jeune femme se rétracte. Elle tente à plusieurs reprises depuis la détention provisoire de son mari et l’instruction de l’affaire de retirer sa plainte, en vain. A l’audience, ce mardi matin, le procureur de la République se fait plus direct «reconnaissez-vous avoir été forcée ?» interroge-t-il. Car, avec un peu plus d’arguments, ce dossier aurait pu être confié à la Cour d'Assises. La jurisprudence sur le viol entre époux n’est pas si vieille : il a fallu attendre 1992 en France pour qu’un mari qui avait violé sa femme soit poursuivi pénalement, et, 2006 pour que le législateur prévoit que le viol peut exister entre époux en ajoutant le «respect entre les époux» dans les devoirs conjugaux à accomplir.

Dénoncer ce viol n’a pas été choses facile pour cette jeune femme qui ne s’exprime pas facilement devant le tribunal. Elle vit au sein de la famille de son conjoint, elle ne dépend que de lui pour faire vivre son ménage et élever leur fils de 5 ans. Alors depuis qu’il est incarcéré, elle va aux visites trois fois par semaine. Cela ne l’empêche pas, par la voix de son avocate de demander réparation pour le préjudice subi. «Elle a tous les aspects de la victime : la culpabilité, la peur. Elle n’a pas le choix, alors elle reste avec lui» précise encore Me Wafa Ayed. Elle le retrouvera certainement à sa sortie de prison, d’ici quelques mois. Avec une nouvelle force néanmoins : celle de savoir qu’il a été condamné et qu’il a fait de la prison pour ce qu’il lui a fait subir.

Rédigé par Mireille Loubet le Mardi 5 Août 2014 à 17:23 | Lu 2666 fois