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Trafic d'ice : Les 21 prévenus ont participé à l'importation de plus d'un kilo


Les trois mules interceptées le 27 janvier 2018 transportaient plus de 200 grammes d'ice.
Les trois mules interceptées le 27 janvier 2018 transportaient plus de 200 grammes d'ice.
PAPEETE, le 11 février 2019 - Le procès des 21 prévenus impliqués dans un trafic d'ice démantelé suite à l'interpellation de trois mules à l'aéroport de Tahiti Faa's le 27 janvier 2018 a débuté ce lundi devant le tribunal correctionnel de Papeete. Les individus jugés en état de récidive légale encourent jusqu'à vingt ans de prison.

Le 27 janvier 2018, les agents des Douanes de l’aéroport de Tahiti Faa’a contrôlent trois passagères en provenance de Los Angeles. Les trois mules sont porteuses, « in corpore », d’une quantité totale de 266 grammes d’ice. Entendues, les mises en cause dénoncent Guy Teihoarii comme étant le commanditaire de cette importation.

Lors de son audition, l’une des trois mules indique qu’après avoir entendu dire que Guy Teihoarii était un dealer d’ice, elle l’avait contacté en lui offrant de servir de mule. En décembre 2017, elle avait déjà effectué un premier voyage avec cet homme. Voyage au cours duquel elle avait transporté 90 grammes d’ice en échange de 2,5 millions de francs.

Le 4 février 2018, Guy Teihoarii est interpellé à l’aéroport de Tahiti Faa’a. Entendu, l’homme finit par reconnaître l’importation de 644 grammes d’ice en 6 voyages. Dans ses déclarations, il évoque notamment les noms de Tamatoa Alfonsi, dit « Sana » et de Papy Ellis, deux individus déjà impliqués dans d’autres affaires de trafic d’ice. Il indique par ailleurs que sa femme, Vera Juventin, n'a jamais transporté de méthamphétamines entre la Californie et la Polynésie.

Si Guy Teihoarii apparaît à la fois comme mule et commanditaire de ce trafic, plusieurs autres hommes sont également poursuivis pour avoir commandité de multiples importations, dont Bastien Temauu, Gilbert Pouira, Faahei Tautehopu, Heiau Orbeck et Tehotu Hauata.

"Au gré de vols, de mensonges et de trahisons réciproques"

Face au tribunal correctionnel ce lundi, les trois mules interceptées le 27 janvier 2018 sont les
premières prévenues à être entendues sur un trafic dans lequel de nombreux mis en cause ont
des liens familiaux.

A la barre, la première des trois mules, une mère de quatre enfants, explique comment elle s'est retrouvée dans une telle situation. La prévenue, qui s'en sortait difficilement en vendant des plats, avait besoin d'argent afin de pouvoir envoyer son fils gravement malade en Nouvelle-Zélande. C'est sa belle-mère, une femme de 60 ans, qui lui avait alors proposé de faire un voyage en échange d'1, 5 million de francs.

Les trois mules indiquent qu'à leur arrivée aux Etats-Unis en présence de Guy Teihoarii, elles se sont rendues dans un hôtel où tout le monde a partagé la même chambre. Après plusieurs jours de shopping, l'homme leur a remis de l'ice réparti dans plusieurs préservatifs. Lors de leur retour à Tahiti, sans Guy Teihoarii qui est resté en Californie, les trois femmes devaient remettre la marchandise à Vera Juventin.

Vient ensuite l'audition de Guy Teihoarii. L'homme, déjà condamné pour abus de confiance et agression sexuelle sur mineure de 15 ans, reconnaît plusieurs importations pour une quantité totale de 644 grammes. Il explique être tombé dans le trafic après avoir rencontré Fédéric Ellis en détention. Contrairement à ce qu'il avait déclaré en garde à vue et devant le juge d'instruction, Guy Teihoarii implique Vera Juventin, qui est désormais son ex-compagne.

Interrogée à ce sujet et bien que tous les prévenus l'accablent, Vera Juventin, surnommée « CGM », nie farouchement les faits : « c'est logique. Il veut se venger car nous ne sommes plus ensemble ». Alors que le président du tribunal lui rappelle notamment les déclarations des mules qui avaient pour consigne de lui remettre la drogue, Vera Juventin conteste les faits en apportant des explications souvent incohérentes qui laissent le tribunal perplexe.

Cette première journée de procès aura donc parfaitement fait écho aux observations du juge d'instruction qui, lors de la rédaction de l'ORTC dans le cadre de cette affaire, avait notamment affirmé que le « groupe » fonctionnait « de manière évolutive, au gré de vols, de mensonges et de trahisons réciproques, chaque membre cherchant sans cesse à détourner du produit ».

Le procès devrait s'achever ce jeudi.


Rédigé par Garance Colbert le Lundi 11 Février 2019 à 18:13 | Lu 4361 fois