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Trafic d'Ice : les tāvana lancent l'alerte au congrès des maires, à Paris


Paris, le 17 novembre 2025 - Les élus de Polynésie ont fait le déplacement afin de mettre la question du trafic de méthamphétamines sur le devant de la scène lors du congrès des maires à Paris. Ils espèrent obtenir davantage de moyens, y compris juridiques, afin de lutter contre ce fléau.
 
“Les plus jeunes consommateurs de drogue ont huit ans ! Huit ans !” C'est un cri du cœur, un cri de détresse aussi, qui vient des Marquises. Marielle Kohumoetini, élue communale à Ua Pou, représentante à l'assemblée de la Polynésie française, a pris la parole depuis le public du congrès des maires, à Paris, ce lundi 17 novembre.
 
L'élue des Marquises a bataillé pour obtenir le micro et elle n'entend pas le lâcher avant d'avoir fait passer son message : “En 2025, une tonne d'ice a été saisie à bord d'un bateau de plaisance : ce que je demande aujourd'hui, c'est que l'État nous donne la compétence pour contrôler les bateaux. Nous avons envoyé d'innombrables courriers à autant de ministres des Outre-mer et nous n'avons jamais eu de réponse !”
 
La demande de transfert d'une partie de la compétence maritime a été formulée une première fois par le Pays alors qu'Édouard Fritch était président. Le gouvernement Brotherson a repris la demande à son compte, sans rencontrer davantage de succès.
 
Depuis la scène du congrès des maires, cette fois, alors qu'il participe à une table ronde sur “le narcotrafic dans les collectivités ultramarines françaises”, Tearii Alpha, maire de Teva I Uta et président de la communauté de communes de Terehēamanu, regrette vivement la situation. “Ce que nous souhaitons, au vu de la multitude des entrées possibles sur notre territoire, au moins une par île, c'est une réponse polynésienne à cette crise. Nous ne nous plaignons pas d'un manque de moyens mais nous réclamons une meilleure coordination et un moyen de contrôler les entrées maritimes. Il est absolument anormal que nous n'ayons pas le droit de confier à des agents assermentés par le Pays la mission de contrôler ces voiliers et ces intrus qui apportent de la drogue.”
 
D'autant qu'aux Marquises, comme sur la plupart des îles, il n'y a la plupart du temps aucun agent de l'État, comme un douanier par exemple, qui pourrait assurer cette mission de contrôle et de saisie des drogues.
 
Le sentiment d’une évolution hors de contrôle
 
“Je veux rappeler que nous travaillons avec les différentes confessions religieuses et les paroisses pour éduquer les familles au respect du corps et de la condition humaine face aux addictions”, a tenu à rappeler Tearii Alpha, conscient qu'une certaine dose de pédagogie était nécessaire face à ses collègues de toute la France et de l'Outre-mer.
 
Pour autant, le tāvana de Teva I Uta n'est pas le seul à subir l'augmentation du trafic et de la consommation de drogues chez ses concitoyens. “Les élus ont le sentiment d'une évolution hors de contrôle”, déplore par exemple la sénatrice de Saint-Barthélémy, Micheline Jacques, présidente de la délégation aux Outre-mer de la Haute Assemblée. “L'État doit réaffirmer sa souveraineté parce que les départements français d’Amérique ne sont pas les seuls concernés : la drogue et les armes se répandent dans l’océan Indien et dans le Pacifique. L'insécurité que cela génère au quotidien est un fléau. Il faut beaucoup de courage et de persévérance pour lutter contre les menaces qui pèsent sur nos territoires.”

Rédigé par Julien Sartre le Lundi 17 Novembre 2025 à 14:29 | Lu 1723 fois