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Timide première pour le guichet social destiné aux catégories C et D


Tahiti, le 18 juillet 2025 – Timidité, incompréhension, ou mauvaise communication ? Sûrement un peu des trois. Sur plus de 2600, ils ne sont qu'une trentaine de fonctionnaires territoriaux des catégories C et D à s'être déplacés ce vendredi matin pour le premier guichet social installé à la vice-présidence par les ministres de la Fonction publique et des Solidarités, Vannina Crolas et Minarii Galenon. Un rendez-vous qui sera maintenu tous les 3èmes vendredis de chaque mois pendant six mois et qui permet aux ministres de "s'informer à la source" des problèmes de ces agents.
 
 
Si la Fraap n'a pas réussi à mobiliser ses troupes jeudi, ça ne s'est pas non plus bousculé au portillon ce vendredi matin à la vice-présidence. "C'est une première, la prochaine fois ça ira mieux", a réagi la vice-présidente et ministre des Solidarités Minarii Galenon qui compte mieux communiquer à l'avenir. Rappelons que dans le cadre des négociations avec le syndicat des fonctionnaires territoriaux sur leur point d'indice, le président du Pays leur a proposé une solution alternative : un rendez-vous mensuel sous forme de "guichet social" ouvert aux agents qui touchent les plus petits salaires et qui ont du mal à joindre les deux bouts. Autrement dit, destiné uniquement aux fonctionnaires de la Fonction publique de catégorie C et D qui peuvent rencontrer les ministres Minarii Galenon et Vannina Crolas, accompagnées d'agents de la DSFE. Une solution qui avait d'ailleurs fait bondir plusieurs représentants de la Fraap estimant que cela revenait à venir "quémander l'aide du gouvernement pour faire face à la vie chère".

Au lendemain de la levée de la grève de la Fraap, c'était donc la première matinée portes ouvertes à la vice-présidence pour le lancement de ce guichet social qui n'a pas non plus attiré les foules. Une première assez timide puisque sur les 2688 agents (1230 en catégorie C et 1458 en catégorie D), ils ne sont qu'une petite trentaine à s'être déplacés. Ils ont tous préféré garder l'anonymat pour nous répondre, ne souhaitant pas être stigmatisés, et beaucoup d'entre eux nous ayant expliqué s'être déplacés par "simple curiosité". "On vient voir ce qu'ils nous proposent comme dispositif", nous expliquent plusieurs agents, visiblement mal informés puisque ce guichet social a pour objectif de recueillir leurs doléances et les problèmes qu'ils peuvent rencontrer au sein de leurs services respectifs. "On a juste reçu un mail pour nous dire qu'il y avait une matinée portes ouvertes à la vice-présidence mais c'est tout", précise un autre. Il y a en effet eu une certaine "incompréhension", concèdent les ministres qui ont donc expliqué aux agents présents l'idée de cette matinée portes ouvertes mensuelle.
 
"Qu'ils sachent que les ministres ne sont pas dans leur bulle"
 
Mais certains d'entre eux avaient bien compris la démarche, à l'instar d'une agente de catégorie D qui travaille comme comptable et qui se plaint d'une surcharge de travail. "Comme comptable, on fait beaucoup d'heures supplémentaires mais elles ne sont pas payées comme dans le privé. Donc je viens voir la ministre pour ça et pour voir comment redéfinir nos fiches de poste", nous confie-t-elle. "Moi, ça fait 26 ans que je travaille dans l'administration et je suis toujours au même salaire. On est toujours à 209 000 francs. Je paye mon loyer de 80 000, plus le crédit de la voiture, le téléphone, ça fait 160 000, Après il reste 15 000 pour le ma'a on ne peut pas s'en sortir, et aujourd'hui la vie est chère", nous raconte un autre.  "Ah ben non ce n'est pas normal, on évolue forcément ! C'est justement l'intérêt de ces rencontres parce que souvent, ils en ont parlé à leur chef mais ça n'a pas changé", a réagi ensuite la ministre de la Fonction publique, Vannina Crolas.
 
Une chose est sûre, il n'y aura pas de solution miracle proposée à ces agents. Mais l'idée est déjà d'instaurer un dialogue entre les ministres et ces plus petites catégories qui font parfois remonter leurs soucis auprès de leurs chefs sans succès. "C'est d'être à la source de l'information en étant en contact direct avec ces agents et d'appréhender des problèmes dont on n'a pas souvent connaissance", a conclu Vannina Crolas, appuyée par Minarii Galenon : "L'idée c'est plutôt de les mettre en confiance dans un premier temps parce que je sais que ce n'est pas facile de parler de ses problèmes. Qu'ils sachent que les ministres ne sont pas dans leur bulle et qu'on est là pour ça".

Vannina Crolas : "On est dans le bien-être des agents"
 
"C'est un super exercice en tout cas parce que ça nous permet de connaître nos agents qu'on n'a pas l'occasion de rencontrer et qui n'osent pas venir nous voir. Là ils ont fait le pas. J'ai reçu une quinzaine de personnes avec beaucoup de problèmes professionnels. Pas forcément autour de la rémunération, mais des difficultés de charge de travail, de pression, de relationnel et des personnes qui ne sont pas écoutées par leur hiérarchie, qui sont un peu livrées à elles-mêmes. C'est très bien parce que ça va nous permettre de faire le point avec les chefs de services concernés pour trouver ensemble des solutions. On doit résoudre le problème et non pas le transférer. Là, on est plus dans le bien-être des agents au travail (...) Et puis il y en a beaucoup qui sont venus s'informer des dispositifs d'aides sociales et puis ils se sont rendu compte qu'ils étaient bien au-dessus de la moyenne économique journalière. On a la chance d'avoir des agents de la DSFE à nos côtés et donc ils peuvent calculer tout de suite (..) et nous, en fonction des informations qu'ils nous ont données, voir si leur évolution de carrière a bien suivi leur cours normal".
 

Minarii Galenon : "Nous sommes là pour les informer aussi"
 
"Ce matin les discussions ont beaucoup tourné autour de leur situation professionnelle mais il y a aussi des problèmes sociaux. On était à leur écoute et on fera un bilan pour voir ce qu'on peut faire. Surtout, on leur a expliqué que c'est un dispositif que nous mettons en place sur six mois et c'est vrai qu'il y a des services qui n'étaient pas au courant donc on va revoir la communication. Et c'est vrai aussi que c'est une première, ils étaient étonnés donc je leur ai expliqué aussi que nous avons des dispositifs en place qui existent depuis des années et que nous sommes là pour les informer aussi. On se rend compte qu'il y a un manque d'information et qu'ils ne les connaissent pas. Après cette première matinée on fera un bilan avec nos services et la ministre de l'Emploi, et voir comment répondre aux besoins en fonction de ce que nous avons entendu aujourd'hui (...) On est là pour ça avec Vannina Crolas et il y a une manière de se comporter parce qu'il ne faut pas penser qu'ils viennent nous voir forcément dans notre domaine. On a quelqu'un qui est venu nous parler de logement par exemple, mais on écoute et on verra après avec nos collègues".
 

Rédigé par Stéphanie Delorme le Vendredi 18 Juillet 2025 à 11:21 | Lu 4028 fois